09. Le désaxé adore les petits chatons

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Le fan

Elle ne m’a pas répondu et son comportement n’a pas changé. A-t-elle bien reçu mes courriers ? Si oui, comment se fait-il qu’ils n’aient pas eu d’effets ? Ou alors, une de ces sangsues qui vit à ses crochets les a pris et elle n’y a pas eu accès ?

Cela me met en rage qu’elle sorte toujours avec cet abruti de Tyler et qu’il continue à la toucher alors que c’est dans mes bras qu’elle devrait être. Je suis en colère et je m’en suis pris à ce misérable chat qui passait par là. Le pauvre, il n’avait rien demandé mais il a tout pris et maintenant, je m’en veux. Il faut dire que je n’y suis pas allé de main morte, lui qui venait se faire caresser, le voilà réduit en bouillie. J’ai tellement frappé fort qu’on ne voit même plus les os. Un amas de chair avec des poils, voilà tout ce qu’il reste de lui et le seul point bénéfique, c’est que ma colère s’est un peu apaisée. Suffisamment pour que je puisse sortir de chez moi sans risquer de sauter au cou du premier con que je croise.

J’essaie de faire taire la voix de ma mère dans ma tête qui me crie dessus et me reproche ma nouvelle bêtise. J’ai l’impression que mes oreilles vont se briser sous l’effet de sa voix stridente. "Tu es un monstre. Tu finiras par brûler en enfer. Tu as vu comme tu as torturé ce pauvre chat ? Non mais, tu n’es pas normal, toi ! Jamais tu ne le seras ! Jamais tu n’auras de femme. Tu finiras en prison ou enfermé dans un hôpital". C’est vrai que ça m’arrive de temps en temps d’utiliser des félins pour calmer mes nerfs, mais ce n’est pas si grave que ça, si ? Tout le monde passe ses nerfs d’une façon ou d’une autre ! Cela fonctionne tellement mieux que les petits cachets bleus. Et les effets durent plus longtemps aussi car je peux me repasser dans ma tête les bruits des os qui craquent, la vue du sang qui coule… Il n’y a pas de meilleur remède et je ne l’utilise que dans les cas les plus désespérés. Et là, nous sommes clairement dans cette situation, non ?

Bon, ce qui est certain, c’est que je ne vais pas me rendormir. Autant me lever maintenant que la voix de ma maman a fait son œuvre et que je me sens sale. Mon psy disait que ce n’était pas vraiment ma mère qui me parlait, mais moi, je sais bien ce que j’entends. Il n’a qu’à venir dans ma tête s’il ne me croit pas, le con. Je m’habille rapidement et monte dans ma voiture avant de me rendre devant Son domicile. L’endroit où Elle vit. On voit qu’elle a les moyens, mais ce n’est rien à côté de l’amour que je vais pouvoir lui offrir une fois qu’on sera ensemble. La chanceuse, elle aura tout : l’argent, la célébrité, un prince charmant. Franchement, je ne sais pas ce qu’elle attend pour répondre à mes courriers !

Je regarde ma montre et constate qu’il va bientôt être l’heure de son jogging matinal. J’ai découvert lors d’un de mes passages après une insomnie et confirmé par la suite que tous les jours, aux environs de sept heures, elle sort habillée de tenues qui mettent en valeur ses courbes attirantes et appétissantes à souhait pour courir et se défouler à un moment où elle ne sera pas dérangée. Elle ne prend jamais le même chemin, mais sort seule, sans protection, ce que je trouve particulièrement fou. Et si un désaxé venait à s’en prendre à elle ? Heureusement que je suis là et que je veille sur elle. Je fais toujours bien attention à ne pas me faire surprendre, mais je l’observe de loin. Je n’ose pas l’approcher et garde bien mes distances sauf une fois où je me suis arrangé pour me retrouver sur son chemin et je me suis laissé bousculer par elle. Ce simple contact a nourri mes fantasmes pendant de nombreuses nuits. Il en faut peu pour être heureux, dit la chanson, c’est tellement vrai pour moi en ce qui la concerne.

Ce matin ne déroge pas à la règle et elle s’échappe par la petite porte à l’arrière de sa maison en courant avec une grâce folle. Je suis surpris qu’elle reprenne la même direction qu’hier et dois donc faire demi-tour afin de ne pas la perdre de vue. C’est vraiment compliqué de rester discret et il m’arrive souvent de perdre sa trace pendant quelques minutes, mais toujours je la retrouve. C’est comme si nous étions deux aimants que rien ne peut séparer, unis par une même destinée. C’est beau, l’amour, vraiment.

Lorsqu’elle termine son exercice matinal et rentre chez elle, je me dis que j’ai vraiment beaucoup de chance d’avoir pu assister à ce spectacle et je souris, tout seul dans mon véhicule que j’ai garé à proximité de chez elle. Il me reste encore presqu’une heure avant que je ne doive partir pour aller bosser. Je réfléchis à ces courriers qui ne lui sont jamais remis et me désespère de pouvoir la convaincre de venir me retrouver, de venir m’aimer, de venir s’unir à moi. Une idée chasse l’autre, et je me dis que si je veux qu’elle me réponde, il faut vraiment qu’elle me lise. Et éviter que quelqu’un ne vienne s’immiscer entre nous. Si je lui laisse un petit message sur son pare-brise, ça devrait le faire. Et quand elle vient travailler, je peux accéder à sa voiture, si je calcule bien mon coup. Je rentre donc chez moi afin de rédiger une petite note à son intention.

Ma Chère et Tendre,

N’as-tu donc pas lu tous ces courriers que je t’ai envoyés ? Ignore ceux où je m’énerve contre toi ou celui qui te salit tous les jours. Parfois, je m’énerve et je m’en excuse. Mais je t’aime. Je n’imagine plus un futur sans toi, il faut que l’on se retrouve. Tu comprendras en lisant mes lettres. Et sache que si tu ne viens pas à moi, je tuerai tous ceux qui se retrouveraient entre nous. Tu es à moi, je suis à toi. Je t’aime.

Ton fan le plus dévoué.

Je suis content de mon petit message et j’ai retrouvé le sourire. Je nettoie tout le désordre que j’ai laissé avec ce pauvre animal qui a participé à mon traitement puis vais au travail. Il va juste falloir que j’accède à sa voiture, désormais, mais ça ne devrait pas trop me poser de problème. Et elle lira mon petit mot, ira trouver mes messages et enfin, elle saura que le futur avec moi est le seul envisageable. Je l’aime, plus que tout au monde, nous sommes faits l’un pour l’autre. Quelle joie je vais ressentir bientôt !

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