9 : Delirium tremens

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« Une île, un archipel, ton prénom /

Les orages et quand on meurt pour de bon /

Tu me manques pourtant tu es là… »

Vanessa Paradis à Gaëtan Roussel,

extrait de leur duo musical sur le titre Tu me manques (pourtant tu es là),

écrit par Gaëtan Roussel et composé par Jonas Myrin & Justin Stanley (2018).

Meythet (74)

le 17 mars 2008

une heure indéfinie…

Je divague.

La réalité m’échappe et la folie s’empare de mon esprit.

Je ne vis plus qu’à travers toi, ton souvenir.

Je te vois encore, dans nos heures tendres.

La perfection de tes courbes que mes mains épousent, qui ondulent sous la caresse du vent agitant le voilage, ta chevelure dorée qui m’effleure pendant l’orgasme, ce regard impénétrable qui me happe, Solenn…

L’ébat est suave, dans la moiteur torride d’un été indien.

Un plaisir conjugué, décuplé par cet amour que je te voue, que je t’avoue Solenn…

L’actrice joue-t-elle, jouit-elle sous mon joug ?

Ou sous celui d’un autre, quel autre ?

Les corps se mélangent, tu aimes l’ange ; ce n’est plus moi qui te baise.

La scène n’est pas fictive, les caméras ont cessé de tourner.

Werner est là.

Il me toise, m’évince, prend ma place, te prend à ma place, te chevauche.

Le miel s’édulcore, l’ardeur te déchire, te cambre et l’ancre à ton port.

L’esquive est vaine, il te retient, se retient pour mieux venir.

Puis, il se déchaîne et t’enchaîne à lui pour toujours.

Il est ton maître, absolu.

Il appuie sur la détente, le fruit de son coït se mêle au rouge de ton sang.

Une détonation.

Un cri.

Le mien ?


Zack ? Zack ? Allô, Zack ?

Étendu sur le grès du carrelage, je reviens peu à peu à moi. Mes yeux papillonnent, la pièce tangue.

Zack, t’es là ?

Mon portable grésille. Je me relève, quantité de magazines people s’éparpille tout autour de moi. Ton visage partout parterre.

« Solenn Avryle : meurtre ou suicide ? »

Stephen ?

Bon Dieu, Zack ! Tu m’as foutu une de ces pétoches ! Qu’est-ce qui s’est passé ?

Je ne sais pas. J’ai perdu connaissance, je crois…

Mais ça va ? Tu devrais faire venir un médecin quand même…

Non, ça ira. C’est juste Solenn, elle… Elle est partout en moi…

Écoute, c’est pas une bonne idée de ressasser en permanence le passé. T’en as parlé à ton psy ?

Je ne le vois plus…

Silence.

Je te propose quelque chose : je termine mon film à Buenos-Aires et quand je rentre sur Paris, je t’embauche comme chauffeur et homme de confiance. Qu’est-ce que t’en dis ?

J’en dis que je n’ai aucune référence, Stephen…

Aucune référence ? Tu l’as pourtant été, chauffeur, puis secrétaire particulier et directeur de campagne… Et pas au service de n’importe qui, mon vieux, non ! Au service de la grande Solenn Avryle… Alors, si ça c’est pas une putain de référence !

Je ne peux pas accepter ta proposition, Stephen, j’ai un travail à finir avant.

Un travail ? Quel travail ?

Celui que Solenn m’a laissé en héritage…

Zack, fais pas de conneries ! Zack !

Je coupe la communication. Crozats connaît le seul et unique héritage que tu m’as légué. Je ne veux pas qu’il m’empêche d’accomplir ta volonté. Son extraordinaire sens de l’amitié t’a sauvée plus d’une fois, mais moi je suis déjà mort.

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