L'Attente - 7

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Il y a entre la nuit et l'aube un moment où on entend des pas pressés, puis des pleurs qui font écho dans le passage de la nuit. Geneviève s'est réveillée. Geneviève pleure. "C'est la nuit Geneviève, il faut dormir !" Et le matin ce sera : "C'est le matin Geneviève, il faut te lever." Maintenant c'est la nuit, je dois me retourner, fermer les yeux et dormir.

Certaines peurs sont pires que les autres. Mais le fait d'être vieux sous-tend ce qu'ils vous disent et vous font. "Levez la tête, les épaules droites, voilà, allez-y."

Mais le malheur, c'est que je n'ai pas envie de marcher. Comme c'est différent de ce qui se passait dans mon petit appartement, chez moi, près du bois. Alors, me lever du fauteuil était un moment gracieux, comme une danse lente. Maintenant, me mettre debout est une chose amère et je sais que personne n'a envie de voir ça. Et de plus, je sais que personne n'a envie d'être vu avec une femme qui doit se servir d'une chose qu'on appelle déambulateur pour se tenir debout et se déplacer. C'est un cas d'hôpital. Ils n'y peuvent rien.

Voici le matin. De mon lit, il n'y arien à voir que le bleu profond et les couleurs de surprise comme des bannières dans le ciel. La douleur prend le dessus, la peur s'empare de moi et je reviens aux mêmes vieux souvenirs.

J'avais vingt ans de plus que lui... il était si gentil... et tout à coup ses lèvres pressent les miennes avec passion. C'est un amant. Il ne dit pas 'amant', il me montre ses sentiments dans ce baiser passionné. Et je sens ce sentiment d'abandon s'emparer de moi. Ce n'est pas mon fils, c'est mon amant. Et je chuchote "oui" dans notre baiser, "oui" et ses dents touchent les miennes...

Aujourd'hui à la clinique, je le vois si bien. L'air qu'il avait en marchant à mes côtés, l'air qu'il avait en me tournant la tête pour m'embrasser la joue, son visage passionné quand il m'embrassait la bouche ! Aujourd'hui à la clinique, je le vois si bien, ses cheveux blonds, sa peau douce comme celle d'une femme, sa bouche masculine, ses yeux bleus. Certains diraient un bleu assassin, clair et aigü, mais c'était aussi un bleu d'amant, comme le ciel de ce matin. C'est peut-être la même chose, le bleu assassin et le bleu d'amant ?

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