Eléphant

2 minutes de lecture

Edimbourg, Ecosse

Mercredi 7 novembre


Le téléphone sonna. La femme s'en saisit et découvrant le numéro de son interlocuteur, poussa un profond soupir avant de décrocher.

- Allo.

- Salut Babe.

- M'appelle pas « Babe ».

- tu préfères Dumbo parce que je t'appelle pour te tirer les oreilles.

- Qu'est-ce que j’ai fait encore, Al ?

- J’ai jeté un œil sur ton dernier rapport, celui d'Irlande là. Qu'est ce qui t'a pris ?

- J'ai respecté le contrat. Il a pris de longues vacances.

- Tu sais très bien ce que je veux dire. Tu viens au bureau qu’on en parle.

- Si tu veux, Boss.

Elle raccrocha, prit le temps de finir son verre de chardonnay et munie d'un sac à main noir et d'un long manteau de velours rouge se mit en route pour le bureau.

En une heure de temps, elle gagna la belle maison de campagne qui surplombait un lac tout ce qu’il y a de plus écossais. Il ne manquait que la brume et le monstre du Lock Ness. Au portail, elle abaissa sa fenêtre aux vitres teintées, et baissa légèrement ses lunettes de soleil sur son nez. La reconnaissant, le gardien la salua et déclencha l'ouverture automatique des portes. Elle gara sa voiture au centre de l’esplanade devant la maison et monta rapidement les marches jusqu'à la porte d'entrée, les pans de son manteau battant dans le vent derrière elle. Le majordome l'accueillit et la conduisit à un vaste office. Elle fut accueillie par un homme de grande taille, élancé, aux longs doigts osseux.

- Salut Al.

- Salut Babe.

- M'appelle pas « Babe ».

- Assis toi. » reprit l'homme en lui désignant un fauteuil vert. La jeune femme obtempéra. « Tu sais que je connais toutes tes missions sur le bout des doigts.

- Une belle mémoire d'éléphant. » dit la femme d'un ton cynique.

- Oh ! Ne le prend pas comme ça. Tu sais très bien ce que je veux dire. Le poison... tu n'utilises le poison que quand tu t’attaches à la victime.

- N'importe quoi. » dit la femme, l’exaspération perçant dans sa voix.

- Tu veux que je te fasse la liste ? Michel en Hongrie, Tania au Canada, Suzzie en Finlande, Dan…

- Oui, ça va. J’ai compris. Le pauvre a été sympa. De toute façon, on ne le retrouvera pas.

- Babe, tu sais que tu dois faire attention. Les émotions, les sentiments tout ça, c’est mauvais pour toi. Tu sais que tu es ma préférée, je n’ai pas du tout envie de te voir derrière les barreaux pour un petit vieux qu’avait plus que quelques années à tirer.

- Al, on sait tous les deux pourquoi je suis ta préférée… C’est moi qui te rapporte le plus d’argent. Alors épargne-moi tes discours de papa poule à deux balles.

- Les raisons importent peu, Babe. Si je fais du profit, tu fais du profit. Si tu veux que ça continue comme ça, tu vas me faire le plaisir d’arrêter de faire dans le sentimentalisme.

- C’est noté, Al. Bon, on se remet au travail. Tu as quoi pour moi ?

- J’espère que tu aimes l’Asie. Tu vas au Japon, sur l’île de Kyushu. La cible est… Tu ne prends pas de notes ?

- Il n’y a pas que toi qui ais bonne mémoire. » répondit la femme d’un ton incisif en se renversant sur son fauteuil.


De mémoire d’éléphant, Al n’avait jamais pu la surpasser.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Sylke ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0