Retour à la maison.

Ce soir c’était la fête des enfants. Ceux ci avaient préparé un spectacle pour la dernière soirée passée à La Pousterle. Laetitia était à la fois heureuse de partir et de retrouver ses parents et triste de quitter ce pays de montagnes témoin de toutes les aventures qu’elle avait vécues, qu’elle avait appris à aimer et où elle laisserait une partie de son cœur…

De même qu’elle avait le cœur gros à l’idée de quitter Quentin qu’elle ne reverrait probablement plus jamais, ainsi qu’Ursula dont elle gardait le livre précieusement caché dans sa poche.

Le lendemain matin on fit quelques achats de souvenirs à la boutique du village. L’après midi quant à lui fut consacré au bouclage des valises.

La veille, Laetitia s’était endormie tristement malgré l’euphorie de la fête en pensant à Ursula et au Yéti. Durant toute la journée de vendredi la petite fille eut les larmes au bord des yeux. C’était fini ! Plus jamais elle ne reverrait Ursula malgré sa promesse de cela la petite fille était sûre. Ce soir on repartait vers Malemort sans qu’elle ait eu l’occasion de lui faire un dernier adieu ni de serrer le Yéti dans ses bras comme une énorme peluche vivante…

La petite fille se confia à Quentin qui était descendu à La Pousterle lui faire ses adieux. Laetitia et Quentin s’étaient promis de s’écrire. La fillette enviait un peu l’adolescent qui lui restait ici et aurait largement l’occasion de revoir leur amie commune.

Peu avant d’entrer dans le car alors que la nuit était tombée, Laetitia aperçut du côté du petit bois une ombre qui lui semblait familière. Plantant là une nouvelle fois ses camarades, la petite fille courut de ce côté. C’était bien lui ! Le Yéti ! L’abominable homme des neiges était descendu de sa montagne pour lui faire ses adieux.

Les deux amis se serrèrent dans les bras et délicatement, le Yéti essuya une larme qui coulait sur le visage de la fillette tandis que celle ci faisait de même avec lui…

- Je t’écrirai… Chuchota la fillette à l’oreille de l’abominable homme des neiges.

- Je sais pourquoi c’est toi qui es venu. Ursula a trop mal aux jambes pour redescendre la montagne. Alors elle t’a envoyé me dire au revoir.

- Pour toute réponse le Yéti lui tendit une mèche de cheveux gris tressés.

- Oh ! C’est un souvenir d’Ursula ! Merci ! Oh merci! Merci Ursula ! Merci Yéti ! Cela me portera bonheur je le sais.

A nouveau ils se prirent dans les bras.

- Je ne t’oublierai jamais ! Je t’écrirai et quant je serai grande j’irai trouver le shaman. Je te le promets.

Le Yéti gémit comme s’il avait compris. Laetitia sortit son canif de sa poche et tant bien que mal se coupa une mèche de cheveux qu’elle tendit à son ami. Celui ci la saisit, fit demi-tour et s’éloigna en courant…

- Alors Laetitia ? Tu es de nouveau en train de bayer aux corneilles à l’écart de tes camarades ? Tu es vraiment incorrigible. On s’apprête à monter dans le car. Tu ne voudrais tout de même pas qu’en plus de tout ce qui t’est arrivé nous t’oubliions ici ! Rugit monsieur Verdier.

- Non, non ! J’arrive !
- Un dernier au revoir à Quentin et enfin le car démarra.

Longtemps Laetitia scruta la route et les étendues enneigées dans l’espoir d’apercevoir son ami une toute dernière fois. Mais cette fois c’était bien fini. Son ami s’en était retourné dans ses montagnes tandis qu’elle repartait vers le plat pays. Plus jamais la petite fille n’entendrait parler du Yéti.

Laetitia ne raconterait même pas son aventure à son frère Xavier quelle qu’envie qu’elle en ait. Cela ne le regardait en rien. Le Yéti n’appartenait qu’à elle ainsi qu’à Ursula. Même Quentin ne partagerait pas ce secret.