Et des révélations qui ne le sont pas moins...

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Et des révélations qui ne le sont pas moins!

Étourdie par la course Laetitia s’accrochait de toutes ses forces à la taille du garçon. Jamais encore elle n’était montée sur une moto. La vitesse la grisait. Cette course folle sur le sentier montagneux à travers un paysage enneigé représentait pour la petite fille un pur moment de bonheur. Heureusement que le temps était printanier et que le sentier n’était pas verglacé !

Le centre La Pousterle, ses camarades, les instituteurs et les moniteurs étaient loin derrière et Laetitia ne songeait même pas aux conséquences que son escapade sans prévenir personne pourrait avoir.

Pour l’instant tout lui semblait simple : la neige, la course, le ski.

La réaction probable et l’inquiétude de monsieur Verdier lorsqu’il rentrerait au centre, bien avant les enfants et les animateurs qui étaient partis skier ne l’effleuraient même pas.

Tout ce que Laetitia voulait c’était aller skier.

Le docteur avait refusé de lui permettre de skier alors qu’elle ne souffrait pas le moins du monde et cela déplaisait à la petite fille tout autant que le fait que ses camarades soient partis sans elle, en n’éprouvant pas le moindre remord. Alors pourquoi en aurait-elle, elle de partir de la même manière qu’eux sans se soucier des autres, en compagnie d’un gentil garçon. Et mignon de surcroît !

Quentin emmena la fillette dans une petite cabane située au flanc de la montagne, un peu plus haute qu’une grande bâtisse, tenant à la fois de la ferme et de la bergerie dont le jeune garçon lui avait expliqué qu’il s’agissait de sa maison.

Il aida Laetitia à enfiler une paire de bottines de ski à sa taille.

- Elles sont à ma sœur, elle a à peu près ton âge et ta taille. Lui expliqua-t-il.

- Où est elle en ce moment ? Elle n’est pas ici ?

- Non elle est descendue à Grenoble pour visiter une vieille tante avec ma mère. Je n’avais pas du tout envie de les accompagner si tu vois ce que je veux dire. Laetitia voyait. La grimace du jeune garçon était suffisamment explicite pour cela et Laetitia se mit à rire.

Ensuite Quentin s’empara de deux paires de ski qu’il posa sur ses épaules, confiant les bâtons à la petite fille puis lui fit signe de le suivre.

Les deux enfants contournèrent la cabane, suivirent un petit sentier qui grimpait légèrement. Quentin s’arrêta pour faire admirer le paysage à son amie. La fillette trouvait le paysage tellement plus magnifique à l’état sauvage sans barrières ni skieurs pour venir tout gâcher.

- Qu’est ce que tu en penses ? Interrogea le garçon.

- Splendide !

- On continue ?

Laetitia allait acquiescer lorsque tout à coup les conversations qu’elle avait eues avec le propriétaire du centre ainsi qu’avec la commerçante du village lui revinrent en mémoire même si le moment n’était pas propice à ce genre de discussion.

- Attends un peu ! Cria-t-elle au garçon qui s’apprêtait à se remettre en route. Je voulais te demander quelque chose.

- Pas de problème. Je t’écoute. Qu’y a-t-il ?

Tu as des remords ? Je suppose que tu vas m’expliquer qu’il est dangereux de pratiquer du ski hors piste ? Je te rassure tout de suite, je skie ici tous les matins et comme tu peux le constater je suis encore bien vivant !

Non il ne s’agit pas de cela. Répliqua la fillette. En fait puisque tu es du coin toi tu pourrais peut-être me répondre parce qu’ici les adultes sont bizarres.

Et Laetitia relata à son nouvel ami les conversations qu’elle avait eues hier matin avec la commerçante du village ainsi que celle tenue tout à l’heure avec le propriétaire du centre La Pousterle.

On dirait que les gens ont peur de quelque chose. Conclut la petite fille.

Durant le récit de Laetitia le sourire s’était éteint du visage du jeune garçon mais il n’interrompit pas la petite fille.

Tu sais quelque chose toi ? Que se passe-t-il ici ? D’accord c’est vrai que partout on conseille aux enfants de ne pas sortir seuls mais tout de même. Laetitia sentait que le garçon accrochait, elle avait confiance en lui et aurait bien voulu lui faire part également de ses cauchemars et du Yéti qu’elle était bien sûre d’avoir aperçu la nuit de son arrivée ainsi que la veille mais n’osa pas, de peur de perdre sa crédibilité.

Ce ne fut pas la peine le garçon y vint de lui même :

- Oui je sais certaines choses ! Seulement si je t’explique ce qui se passe dans le village et dans la région, tu risques de me prendre pour un fou ou de t’imaginer que j’invente des histoires pour essayer de me rendre intéressant.

- Non vas-y je t’en prie. Insista Laetitia, explique moi. Je ne te prendrai pas pour un fou. Après moi je t’expliquerai aussi quelque chose.

Le garçon hésita quelques instants puis se lança :

- Bon et bien voilà, tu as déjà entendu parler de l’abominable homme des neiges ? Questionna-t-il en guettant une ombre de sourire sur le visage de son interlocutrice. Mais le sourire ne vint pas au grand étonnement de Quentin; au contraire la fillette semblait suspendue à ses lèvres. Encouragé il poursuivit :

- Je t’ai dit que mon père faisait des recherches mais je ne t’ai pas précisé quel genre de recherches…

- Faire des recherches c’est essayer de trouver une solution pour combattre les maladies graves n’est ce pas? Interrogea Laetitia.

- Oui entre autres, mais on peut faire de la recherche dans beaucoup de domaines. Mon père lui fait des recherches sur la génétique humaine et animale. Tu as entendu parler du clonage ? S’enquit Quentin.

- Oui j’ai lu un article sur le clonage dans les Clés de l’actualité, le clonage c’est lorsqu’on fabrique un deuxième être humain ou un deuxième animal à partir d’un tout petit morceau du premier. Et le deuxième ressemble au premier comme un jumeau. C’est cela n’est-ce pas ?

- C’est à peu près cela oui ! Sauf que le deuxième ne ressemble pas au premier comme un frère jumeau : l’original et son clone ne forment en fait qu’une seule et même personne ! Et surtout, le clonage humain est totalement interdit par la loi !

- Oui cela aussi je le sais ! Et ton père, il a cloné des humains ?

- Non ce n’est pas tout à fait cela. Ne m’interromps pas tout le temps sans quoi je ne parviendrai jamais à t’expliquer ! C’est déjà suffisamment compliqué. De plus il s’agit d’un secret d’état. Il faut que tu me jures de ne répéter à personne ce que je vais t’expliquer.

- Je te le jure ! Promit la petite fille. Je te donne ma parole d’honneur. Et, joignant le geste à la parole, Laetitia leva la main droite et cracha à terre.

Quentin éclata de rire.

- D’accord je te crois ! Bon je continue mon histoire. Il y a deux ans, mon père a fait partie d’une expédition au Tibet. Une expédition partie à la recherche de l’abominable homme des neiges…

- Oh ! Laissa échapper la fillette stupéfaite.

Les scientifiques qui sont partis étaient pratiquement sûrs de son existence suite aux divers témoignages recueillis de la part de plusieurs explorateurs dont certains même ont pu réussir à prendre des photos qui n’ont jamais été révélées au public bien sûr ! En fait mon père travaille avec une équipe de chercheurs enquêtant sur tous les phénomènes étranges, inexpliqués et paranormaux se produisant sur la Terre, comme par exemple le monstre du Loch Ness, le Yéti, l’extraterrestre de Roswell, etc.

- Et ils existent réellement ? Ne put s’empêcher d’interroger Laetitia de plus en plus passionnée.

- Les autres on ne peut pas encore le dire, mais en ce qui concerne le Yéti les membres de l’équipe ont retrouvé dans une grotte au Tibet des ossements qui paraissaient appartenir à ce qui semblait être un énorme singe. Ils en ont conclu qu’il s’agissait bel et bien de l’abominable homme des neiges et étaient déçus de ne trouver que son squelette. L’équipe a eu beau chercher et fouiller la montagne, elle n’a retrouvé aucune trace de ce genre de créature vivante.

Ils ont donc emporté les ossements pour les analyser et les étudier dans un laboratoire de recherches, à Lyon où travaille mon père. Un laboratoire ultra secret bien sûr ! Inutile de le préciser je suppose. Personne n’est au courant de son existence ni du fait que le gouvernement finance ce genre de travaux. Les savants ont alors eu l’idée de cloner le Yéti avec l’ADN retrouvé dans ses restes conservés par les glaces du Tibet auquel ils ont rajouté l’ADN de synthèse d’un être humain afin de le ressusciter en quelque sorte et de pouvoir étudier la créature vivante au fil de son évolution…

- Ce n’est pas possible ! Et cela a fonctionné ?

- Bien sûr ! Continua Quentin. Cela a même tellement bien fonctionné que l’un des membres de l’équipe a trahi ses collègues en jouant double jeu. Pour de l’argent, il a volé des embryons congelés de Yéti afin de les vendre à un laboratoire étranger. C’est pour cela que le gouvernement a immédiatement fait bloquer les frontières en prétextant une épidémie de fièvre aphteuse afin d’empêcher le traître de quitter le pays avec ses embryons. Tous les véhicules sont fouillés sous prétexte qu’il est interdit de franchir la frontière avec des animaux, mais en fait ce sont les embryons qu’ils recherchent. A cause de cela il n’a sûrement pas pu aller bien loin, il est même très probablement resté dans la région et doit posséder quelque part un laboratoire clandestin où il a sans doute terminé le travail car depuis quelques mois plusieurs personnes, des chasseurs, des randonneurs, des skieurs aperçoivent dans le coin une sorte de grand singe poilu …

- Tu veux dire que le traître aurait fabriqué un Yéti et l’aurait remis en liberté ? S’enquit Laetitia effarée.

- Je pense plutôt que le Yéti fabriqué par le traître comme tu dis, se serait échappé de son laboratoire clandestin car il ne possède sûrement pas de matériel de sécurité aussi perfectionné que celui des chercheurs du laboratoire de Lyon!

-Mais c’est affreux ! A cause de sa bêtise il y a un énorme singe dans la nature…

- Et jusqu’à présent personne n’a encore été capable de repérer sa tanière pour le capturer. De plus il ne faut pas oublier que le traître possède encore d’autres embryons dont on ne sait pas s’il les a menés à terme ou s’il essaye de les vendre en les passant à l’étranger. C’est pour cela qu’on ne peut pas prendre le risque de débloquer les frontières ! Tu imagines un peu les catastrophes? Des dizaines et des dizaines de Yétis disséminés à travers toute l’Europe ! Il faut donc absolument retrouver le Yéti en liberté et parvenir à savoir où se trouve le laboratoire secret du traître afin de récupérer tous les embryons. C’est pourquoi mon père s’est installé ici. Avec quelques collègues ils fouillent les environs tous les jours et plus haut, ainsi que de l’autre côté de la montagne et sur l’autre versant se trouvent trois autres équipes faisant la même chose. La chasse au Yéti est ouverte en quelque sorte ! Mais personne n’a encore rien trouvé si ce n’est des traces de pas ou des poils appartenant bien au Yéti. La preuve en a été faite par l’analyse de leur ADN !

- C’est terrible ce que tu m’expliques là. C’est pire qu’un film policier ! S’exclama Laetitia. Et toi, est-ce que tu l’as vu ce Yéti ?

- Oui moi aussi je l’ai vu. A trois reprises : la première fois j’étais terrorisé et j’ai pris mes jambes à mon cou. La seconde fois j’ai pu maîtriser ma peur, je l’ai vu se diriger vers le sommet de la montagne. J’ai bien essayé de le suivre mais il allait trop vite et je l’ai perdu. Quant à la troisième fois c’est lui qui m’a vu et il s’est enfui dans la montagne. On aurait presque dit qu’il avait peur de moi!

- Et tu n’as pas vu ses traces de pas ? Interrogea Laetitia, se souvenant de ce que lui avait écrit son frère.

- Si bien sûr ! Des traces énormes, il doit chausser au moins du 58 !

- Et la police ? Elle n’est pas au courant de l’affaire ? Elle ne le recherche pas ?

- Si bien sûr ! Répéta Quentin. Mais ils ont pour instruction de rester discrets. Imagine un peu si les médias s’emparaient de l’affaire quel scandale cela ferait!

Laetitia était sidérée par les révélations de son nouvel ami.

Elle se décida finalement à lui relater les cauchemars des premiers jours ainsi que les deux apparitions. Elle avait la certitude désormais qu’il s’agissait bien du Yéti.

- Ça alors ! S’exclama Quentin. Alors toi aussi tu as vu la créature ? Mais le plus incroyable ce sont les cauchemars ! De vrais rêves prémonitoires ma parole ! Tu dois avoir des dons de médium ! Puis, constatant que sa jeune amie était transie tant de froid que de peur, il l’entraîna dans la descente de la piste en lui promettant qu’en sa compagnie elle ne risquait absolument rien. Il avait quinze ans. Il était presque un homme tout de même ! Il ferait beau voir que cet animal de Yéti essayât de lui faire du mal !

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