En guise d'introduction...

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  « Les faits de ce témoignage se sont déroulés entre le premier cri de l’un et le dernier rire d’un autre. Quant à savoir si je suis l’un ou l’autre, il est de notoriété publique que je ne suis en aucun cas l’un des deux.

  Pour ceux qui sont aux faits de ce qui s’est passé dans la nuit du 3 au 4 avril 2001 au lycée d’Artois de Nœux-les-Mines, vous savez qui je suis, à savoir une victime de deux de mes élèves lycéens, rivaux et camarade à la fois. De deux férus de littérature, de cinéma et d’art en tous genres. Deux psychopathes qui ont pour seule croyance l’œuvre commune de deux grands hommes aux talents immenses et dont les initiales se trouvèrent être identiques : S.K.

  Mon nom est Hélène Machiavelo et je suis une descendante directe du philosophe Italien Nicolas Machiavel. Autrefois, professeur de Français au lycée d’Artois de Nœux-les-Mines, ce nom célèbre m’a valu bien des honneurs auprès de certain de mes élèves érudits qui considéraient mon ancêtre comme l’un des maîtres à penser de son siècle.

  Mais tous mes élèves ne se souviendront pas de moi comme Mademoiselle Machiavelo, l’enfant de cet aïeul historique. Sous mon apparence fragile et séduisante, je suis de nature dictatoriale et perfide. Ce tempérament bien commun à d’autre de mes collègues professeurs (bien qu’ils le taisent) n’aurait été qu’une goutte d’eau dans l’océan si je n’avais pas eu ma marque déposée, mon label, ce surnom que mes élèves m’ont attribués (à juste titre d’ailleurs) et qui fait de moi la professeur tyrannique pour tous celles et ceux qui avaient l’honneur de suivre mon enseignement. Oh, bien sûr, je craignais comme tout à chacun d’avoir un surnom puéril et sans grande originalité, celui qui ne vous distingue en rien de la masse graisseuse de l’éducation nationale Française. Au contraire, je souhaitais, à ma personne, avoir un surnom honorifique et plein de finesse. C’est en l’an 2001, alors que j’enseignais depuis bientôt 7 ans dans ce même lycée, que j’eu ma récompense. C’est par un de mes proches confrères qui venait d’être insulté sur son physique aux allures de porcin (celui-ci portait le surnom ridicule de « groin-groin ») que je sus le mien : « Machiavélique Hell ». Waouh ! Je n’en revenais pas, ces petits cons avaient réussis à me cerner juste avec deux mots.

   Deux mots dont la combinaison sonner à mon oreille comme une musique dès plus lyrique.

   Deux mots, synonyme d’un pseudonyme qui allaient faire , enfin, ma future réputation au sein d’un lycée qui en manquait.

   Franchement, ils avaient de l’imagination à revendre, moi qui ne les croyait juste bon qu’à « glander » dans les couloirs du lycée et à fumer des joints dans les toilettes. « Machiavélique Hell », j’adorais. Je trouvais cela charmant et poétique, imagé et édifiant.

   La question qui se posait alors était de savoir de quelle cervelle malade avait bien pu germer ce surnom qui me sied à merveille. Usant habilement de tous mes atouts de femme mielleuse (je sais, je suis une garce), je sus par une de mes étudiantes lesbienne, une pucelle à qui j’avais sous-entendu qu’elle avait tous les atouts pour séduire sa voisine de classe pour qui elle avait le béguin, en lui remettant délicatement une mèche tombante dans les cheveux, de qui il s’agissait. Je tombais des nus lorsque je découvris que l’élève en question était celui pour qui j’avais toute mon admiration. Il s’agissait de Lazare Zaraïdjan. Arrivé comme nouvel élève en début d’année 2001, ce jeune homme de seize ans, qui par son charisme et sa stature en paraissait bien plus à mes yeux émerveillés, n’ était rien d’autre que le fils du proviseur, Monsieur Édouard-Henri Zaraïdjan.

   L’enfoiré ! Et dire que je lui donnais des cours particulier de français à ce traitre. Non pas parce qu’il était un mauvais élève. De tous, il était le meilleur. Non, je lui accordais toute mon savoir en littérature pour une seule et unique raison : le sexe. Lazare et moi avions une relation extra-scolaire des plus cabotines. Il venait chez moi en fin de semaine pour élargir sa culture littéraire et philosophique. En contrepartie, il assouvissait tous mes réels fantasmes en matière de sexe, afin d’élargir tout autre chose que mon érudition pour Sade et autres auteurs pervers lubrique, et cela enrobé de sous-vêtements en satin rose, jolie paquet cadeau, parfumé de Coco Chanel. Pour mon cher et tendre élève, mes cours en ce temps-là avaient droit à la gratuité et j’étais toute offerte à cet individu de débauche tel une Louise de Rênal pour son beau Julien Sorel.

  Ce n’est pas Lazare qui m’a tuée. Non. C’est un autre de mes élèves. Son nom : Charlie Kelly, plus connu sous celui de « Charlie le barge ». Ses allures d’autiste me faisaient penser qu’il avait toute sa place dans le cabinet du psychiatre Hans Asperger. Le bon vieil Hans, avec Charlie comme patient, n’aurait pas rechigné à étudier la pathologie de celui-ci avec un intérêt des plus aiguisé.

  Je l’avais comme élève depuis sa seconde. Charlie avait un physique d’androgyne d’une belle beauté mais dont le look était encré dans les années 1980. Nonobstant sa dégaine, pour ceux qui le voyaient de loin, il avait l’allure de la pédale qui se tortillait sans complexe dans son jean « moule-bite ». Je ne savais pas quoi penser de lui lorsque, pour la première fois, il intégra ma classe. Charlie était tout en désharmonie. Se cherchait-il encore ou avait-il compris que l’apparence ne faisait pas tout chez un jeune homme ? Car en matière de culture générale, le bel enfant en avait dans la cervelle et ça volait très haut. Ah ! Quelle belle âme ce Charlie ! Beau et intelligent à la fois. Ne lui manquait plus que le style. Ma fois, je ne me serais pas fait prier pour l’embrasser goulûment sur ses lèvres.

  Amoureuse ? Oui ! Et celui-ci m’aurait charmé s’il l’avait souhaité. Cependant, le bel enfant en pinçait pour un autre que moi et cela me rendait jalouse et à juste titre.

  Le croirez-vous, mais Charlie se trouvait être un insoupçonnable prétendant au cœur de Lazare. Lorsque celui-ci su que Lazare n’avez d’yeux que pour sa professeur de français, il se trouva en complexe d’infériorité. Comprenez-le, le pauvre, l’affront était trop fort ! De me voir ainsi, sujette à mes pulsions érotiques, béate pour Lazare, qui lui n’avait en retour de l’admiration que pour ma petite culotte mouillée, ce cher Charlie ne pouvait que disjoncter.

Amoureux de Lazare, Charlie l’était fortement. Il n’y avait pas jeune homme plus admiratif que Charlie envers son « ROMÉO » de Lazare.

  Seulement, vint poindre dans l’histoire, Charlie et son fanatisme excessif pour Stephen King et ses romans. Et lorsqu’il sut que Lazare était un inconditionnel admirateur du cinéaste Stanley Kubrick, tout de suite c’est deux-là se trouvèrent un point commun : « Shining ». « Roman-Film » culte, qui anime encore aujourd’hui les discussions entre les pro-Stephen King et les pro-Kubrickiens afin de savoir si le roman est meilleur que le film ou vice-versa. Et c’est là, que le bât blesse, puisque ce fut un sujet de discorde pour les deux ados, surtout pour Charlie qui détestait le Film de Kubrick. Pour ma part, j’aime les deux versions même si l’on sait tous que l’histoire est différente. Mais Charlie ne pouvait concevoir que le roman de King puisse être moindre que le film de Kubrick. King était LE « King » et personne ne pouvait prétendre faire mieux que lui. À en croire Charlie, son aversion pour le Shining de Kubrick était plus fort que la détestation que Stephen King lui-même porté sur le film de Kubrick, il le trouvait trop froid et misogyne envers de l’actrice Shelley Duval pour son interprétation de Wendy Torrence.

  Puis arriva ce que je pensais être un fâcheux coup du sort pour Charlie. Le pauvret devint bègue, sans que personne ne comprenne pourquoi.

  Quand advint la malédiction Lazare ne put contenir sa joie de le voir parler ainsi, toujours à buter sur chaque mots. Il se mit à se foutre royalement de sa « gueule » au point que Charlie devint son jouet, sa chose, son bouc émissaire. Charlie subit alors un harcèlement des plus atroce. Alors n’y pouvant plus, Charlie quitta le lycée laissant triompher Lazare, l’être le plus dégueulasse que Charlie connu sur cette terre. Mais l’histoire ne s’arrête pas là car « l’ambition et la vengeance ont toujours faim ».

  À ce que l’on dit la vengeance est un plat qui se mange froid. Et c’est ce que l’on a coutume de dire, pas vrai ? Personne ne peut en rien contester ce proverbe français dont l’origine reste encore un mystère. Pourtant j’en connais un ( pas si bête) qui pourrait vous conseiller dans un langage des plus familier de vous la fermer et de vous faire entendre une autre vérité :

  « Ah ! Chienne de vengeance ! Mets de tous les maux ! Mets la moi où je pense, trouduc ! Et il faut se la farcir à la fraîche, du genre glaciale, et quoi encore ! Moi je vous le dis, si La vengeance est un plat qui se mange froid, encore faut-il être plus futé que son adversaire pour le frapper au dépourvu quand ce dernier n’est plus sur ses gardes, bande d’abrutis, sinon vous allez devant de graves déconvenues, et à ce jeu de dupe, rira bien qui rira le dernier. À coup sûr mes amis, JE rirais le dernier… Ah ! Ah ! Ah ! »

  Cette formule bien obscène qui vous conseille de faire attention, de qui peut-elle bien provenir ? Malgré la trivialité du personnage, deux jeunes hommes courtois se détachent à ma souvenance et se rattachent à ces mots : Charlie Kelly et Lazare Zaraïdjan. Tiens, encore eux. Ces mêmes fous au langage aussi bien qu’outrancier qu’à la verve bien aiguisée.

  Toujours est-il que celui qui veut vous prévenir de votre future mésaventure, celui-là vous suggère sérieusement la plus grande méfiance à qui veut s’aventurer au désir d’une soif de vengeance, car n’est plus malin que son prochain celui qui croit être au-dessus de son propre chef.

  Maintenant que j’ai dressé un tableau sur ces deux salauds, j’ai l’irrésistible envie de vous faire parvenir l’histoire d’un meurtrier et de sa futur victime.

  Pauvre bougre de Charlie, il consacra la moitié de sa vie à sa quête afin de retrouver Lazare, et cela dans le but de se venger de lui et de ses vicissitudes endurer lors de sa dix-septième année.

  Laissez-moi vous raconter…

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