11 octobre 1943
"Je pense que c'est la fin. Et sache que dans la fin, tu es la seule personne à qui je pense, avec les enfants. Dis leurs que je les aime, et que je sais que je vais leurs manquer mais qu'ils ne doivent pas me regretter trop longtemps, tu es là toi, et c'est suffisant pour eux.
Pour être te consoler, mon amour, sache que je partirais sans souffrance. Ici les nazis de vichy sont particulièrement mauvais, ils nous vouent une haine remarquable depuis que nous avons fait sauter un convoie de munitions. Ils ont déjà attrapés Marion et Roxanne, j'ai réussi à me cacher dans un makis avec quelques autres résistants, mais je ne nous donne pas deux jours. Alors nous avons décidés de tous avaler une capsule de cyanure avant qu'ils ne nous trouvent. Il n'y a plus nul part où se cacher, et je refuse d'aller demander de l'aide aux habitants du village d'en bas, les allemands n'auraient aucun scrupule à les fusiller si ils nous trouvaient chez eux. Je choisis peut être la solution de lâcheté, mais il n'y a pas d'autre voix possible, et je sais que tu te rassureras de me savoir partir en paix.
C'est donc bien une lettre d'adieu que je técris, pour te dire que je t'aime, tu es une des plus belles choses qui me soit arrivé, je suis désolé d'avoir volé ce que nous avions en venant ici, mais entrer dans la résistance est la meilleure chose que j'ai pu accomplir, et j'accepte mon destin avec sérénité.
Je sais qu'après cette lecture tu en voudras surement au monde entier et surtout aux nazis. N'en fait rien, je t'en conjure. Ne garde pas de haine en toi, n'en transmet pas aux enfants. Ces hommes ne sont pas tous conscients de ce qu'ils font vraiment, ils n'ont pas tous eu le choix, et même les plus vils ont juste eu le malheur de ne surement pas recevoir de belle éducation. Alors ne fait pas cette erreur avec les petits, et apprend leurs à comprendre et pardonner.
Je vous aime et je vous quitte."
La maigre silhouette plia plusieurs fois la lettre et la donna à un autre résistant qui la prit et se sauva en courant. Allongé derrièere un bussion, le corps secoué de douleur, de peur et de colère. Une balle fichée dans la cuisse, sa main trembalit d'avoir juste eu le temps de griffoner ces mots et de les tendre à un ami qui n'avait pas été touché par les tirs. On entendait de de plus en plus distinctement les allemands gravir la colline pour récupérer les résistants à terre et les envoyer à la torture.