Un beau jour, Laurent le Prophète et Sainte-Matamata trouvèrent un chérubin qui pleurait dans la lumière d'un ciel étoilé. C'était un chérubin de vieux cuivre. Les pieds de la statue étaient humides et souillés. Ses yeux étaient rouges et ses cheveux étaient blancs. Les draps de la chambre étaient échoués sur le sol. L'air sentait la poussière et le brouillard. Le chérubin était bien, mais il était pétrifié.

Face au tableau incongru de cette enfant-statue, Laurent décida de faire une photographie. Mais, lorsque l’enfant lui dit “Regarde, ma petite, c’est moi qui vais te cacher”, il se dit que ce n’est pas la peine. Et le photographe ne se décourage pas. Il faut dire que le photographe est lui-même une enfant-statue, une enfant à la mamie. Il n’a pas grandi, et il est presque né.

« Ne vaudrait-il pas mieux lui mettre un caleçon ? » demanda Matamata.

Dans l'église, le maître d'école se préparait à l'épreuve du Jeu de Paume.

« Non, dit le père. C'est un jeu que le diable invente, et c'est le seul qui se révèle si vite. »

Le maître d'école avait déjà retenu le fils de l'abbé Rivet.

Était-ce lui, le père de l'enfant ? L'avait-il eu de cette bohème ? Laurent et Matamata ne savait que faire de ce chérubin de cuivre. Aussi résolurent-ils de l'envoyer à la Maison des Dépêches du Commerce, qui n'avait pas encore eu le temps de lui trouver un nom. L'enfant, appelé _Tawhaki_, prit l'épouvantable nom de _Rangi_, « la senteur ». Le fait qu'il vînt de là-bas, le fait qu'il fût issu d'un être mort, lui donnait une autorité aussi imposante qu'inattendue.