Partie 2

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 Arrive le printemps, je décide de prendre un chien. Je me balade, rive droite, le long de la Seine et m’arrête chez Vilmorin qui, à l’époque, a une animalerie. Mon désir est d’acquérir un chien plutôt qu’une chienne, de préférence un Fox Terrier à poil dur. Le vendeur revient du fond du magasin avec une chienne d’environ six mois, qui tremble, la pauvre bête n’a pas l’air rassurée de son sort à venir. Bien que j’aie émis le souhait d’avoir un mâle je craque pour ce Fox, qui sent le chenil. Je repars avec mon acquisition que j’ai appelée Foxie (je sais, je ne me suis pas foulé pour l’affubler de ce nom). La pauvre tremble et a du mal à marcher. Depuis sa naissance, elle n’a pas dû avoir l’occasion de se balader en dehors de sa cage. Je la porte donc une bonne partie du trajet. Arrivés à l’appartement, le plus délicat est à venir, faire en sorte que Minouche accepte Foxie. Je présente donc la chienne, Minouche grogne mais reste distant, la chienne tente d’approcher le chat, lequel crache, ce qui fait reculer Foxie. Force de constater qu’ils ne vont pas faire copain copain, malgré tout Minouche n’attaque pas, déjà une bonne chose. La chienne n’arrête pas de tousser, ce qui m’inquiète, je l’emmène donc chez le vétérinaire, ce dernier me dit de ne pas m’inquiéter, c’est une toux de chenil, elle va s’estomper et disparaître, sinon elle est en bonne santé. Me voilà rassuré.

 Les jours passent, la toux disparaît, Foxie se porte bien. Elle garde ses distances avec Minouche, qui grogne quand elle l’approche. L’apprentissage du caniveau a commencé, ce n’est pas évident pour un chien de lui faire comprendre qu’il doit faire ses besoins entre les voitures en stationnement. Elle est plein d’entrain, toujours prête à jouer, je l’ai en permanence dans les pattes, et ce qui devait arriver arriva, je lui marche sur une patte, la pauvre, surprise, pousse un cri de désapprobation. Minouche, à ma grande surprise, m’attaque par derrière et me déchire une chaussette. Je suis abasourdi par ce qui vient de se passer. Minouche défend Foxie, ce vieux grincheux prend la défense de la chienne !

 Je pars pour un séjour de trois ans en Tunisie, problème mes deux pensionnaires. En avion, je ne peux emmener qu’une bête, donc je confie à un ami Foxie et pars avec Minouche (vu son caractère, je ne peux pas le confier). Arrivé en Tunisie au bout d’une semaine, je décide de laisser sortir Minouche, tout se passe à merveille, il a pris ses marques et ne se sauve pas. Un mois s’écoule, je prends un congé pour récupérer ma nouvelle voiture et Foxie. La bonne a pour consigne de nourrir Minouche pendant mon absence. La voiture et Foxie récupérées, direction Marseille, pour prendre le bateau (vingt-quatre heures de traversée). Tout se passe bien, du moins pour la traversée. Arrivé à la villa, ma bonne m’annonce que Minouche a disparu, ne me voyant plus il a dû penser que je l’avais abandonné. J’espère, avec mon retour, le revoir. Que nenni Minouche ne refait pas surface !

 Mon séjour se déroule dans de bonnes conditions, Foxie ne pose pas de problèmes et fait l’admiration de mes amis.

 De retour en France elle doit se remettre au caniveau. Le fox, malgré sa petite taille, est un chien qui n’a peur de rien. Lorsque je la promène, boulevard Richard le Noir, il m’arrive de croiser des chiens plus gros, tel que boxer, j’ai du mal à la tenir pour qu’elle ne s’attaque pas à ces chiens, bien plus gros qu’elle.

 Je décide de lui faire faire des petits, mon boulanger est un chasseur et il a un magnifique Fox terrier mâle. Nous nous mettons d’accord pour les faire se rencontrer, ça se passe bien, Foxie accepte le chien et se laisse monter. Après un contrôle chez le vétérinaire l’on constate qu’elle est bien enceinte. Il n’y a plus qu’à attendre.

 La pauvre décide de faire ses petits la nuit, et c’est le drame. En me levant je constate qu’elle a mis bas un chiot qui est mort, il est gros elle n’a pas dû le sortir suffisamment rapidement. Je l’emmène de suite chez le vétérinaire, qui constate qu’il y a un deuxième chiot, plus petit, qu’elle n’a pas pu sortir. Il est mort, on l’opère de suite. Résultat on lui enlève l’utérus, elle ne pourra plus avoir de petits. Moi qui me faisait une joie d’avoir de petits foxs, ma peine est grande, moins que ma pauvre chienne qui ne veut plus manger et se laisse mourir. Je suis obligé de la gaver de force. Elle finit par s’en remettre.

 Avec des amis, on décide de reprendre un restaurant « L’auberge Henri IV » à saint Martin d’Etampe, ancien presbytère de l’église à la tour penchée. J’achète les murs et avec mes amis on achète le fonds de commerce et, chose que je regretterai, je vends l’appartement de Paris. Je transforme le premier étage en appartement, les chambres étant obsolètes. Me voilà directeur de cet établissement.

 Il y a un cellier (ancienne écurie), où une chambre froide a été installée. Pour parer aux nuisibles, tel que rats et souris, nous prenons un chat noir et blanc « Hector ». Foxie sympathise vite avec Hector. La chienne étant gloutonne, on est obligé de mettre la camelle du chat en hauteur, sinon le pauvre, qui prend son temps pour manger, serait obligé de se serrer la ceinture devant la gloutonnerie de Foxie.

 Un matin, je retrouve Foxie et Hector, dans la cour, entrain de se partager un gaspard, rat, fruit de la chasse nocturne d’Hector (beurk). Je me dépêche de mettre ce cadavre, à la grande déception des deux compères, dans la poubelle. En compensation de leur donne des friandises.

 Le restaurant tourne bien, jusqu’à l’arrivée d’une crise économique qui nous met en faillite. Nous sommes obligés de vendre l’Auberge. Dépité, je décide de partir au Maroc.

 Avec Foxie, en voiture, nous prenons le bateau à Sète direction Tanger, puis Rabat où j’occuperai une villa, que je reprends à mon prédécesseur. Ma chienne commence à montrer des signes de fatigue, je consulte un vétérinaire qui me dit que c’est suite à son opération, donc un dérèglement hormonal. Ce dernier a un élevage de Fox terriers, je craque, et décide d’acheter un autre Fox, je réserve donc un chiot sur une récente portée, chiot que je récupérerai dès qu’il sera sevré.

 Le chiot récupéré, « Mégane » (C’est l’année du « M », une femelle), cette petite boule de poil me ravit ainsi que Foxie qui l’adopte de suite. L’apprentissage de Mégane commence, comme pour Foxie, interdiction de mettre une patte sur les tapis. Le fox étant un chien têtu, la chose n’est pas facile, mais avec de la patience on y arrive. Je ne compte plus le nombre de bêtises. Mégane d’une petite boule de poil, se développe et, devient une superbe chienne et les ennuis commencent. Est-ce de la jalousie ? ou est-ce l’esprit de meute ? Mégane entre en conflit avec Foxie, les bagarres se succèdent, je suis souvent obligé de les séparer et me prends au passage des coups de dents.

 La santé de Foxie se dégrade de plus en plus, début de paralysie du train arrière, elle devient sourde. Le matin, je retrouve la chienne toute penaude (elle se sent coupable), elle a fait ses besoins devant la porte. Le vétérinaire ne peut rien faire. C’est à peine si je peux la toucher, elle souffre de plus en plus. C’est le cœur brisé que je la fais euthanasier, ne pouvant plus supporter de la voir souffrir.

 Je rentre en France, n’ayant plus d’attache sur Paris, je décide de m’installer sur Nantes. Je passe deux mois à l’hôtel, le temps de trouver une maison. Durant ces deux mois, je confie Mégane à mes parents. La pauvre se sentant abandonnée, tombe malade, ma mère est désespérée, elle consulte un vétérinaire qui ne lui trouve pas de problème de santé.

 Enfin, je trouve une maison dans la banlieue de Nantes (Orvault). Je récupère mon déménagement. Une fois installé, je remonte chez mes parents récupérer Mégane. Dès mon arrivée elle me fait la fête et ne me quitte plus de peur que je ne l’abandonne de nouveau. Si l’on s’attache à ses petites bêtes, elles aussi s’attachent à leur maître, qui sont, après tout, leur parent adoptif.

 De retour sur Nantes, re-dépaysement pour Mégane. J’aménage une chatière pour chien dans la porte du garage qui donne sur le jardin. Je passe plus d’une heure pour faire comprendre à Mégane à quoi ça sert et comment ça fonctionne. Ainsi le matin, quand je pars au boulot, pour ne rentrer que l’après-midi, la chienne peut profiter du jardin et se mettre à l’abri lorsqu’il pleut.

 Tous deux, nous prenons nos marques et nous habituons à notre nouvelle résidence. Les week-ends, lorsque nous ne partons pas nous promener sur la côte, j’emmène Mégane en balade dans les bois environnants, où je peux la laisser folâtrer sans sa laisse. Un jour un lapin, inconscient, traverse le sentier devant Mégane, qui ne fait ni une ni deux, elle se met à courser le lapinus. J’ai beau l’appeler, elle ne revient pas, l’instinct du chasseur étant plus fort. Il m’a fallu une demi-heure d’attente pour voir revenir Mégane bredouille.

 Le temps passe, nous nous sommes acclimatés à notre nouvelle maison et à nos nouvelles habitudes. Ayant la bougeotte, je décide de partir en Afrique (le Togo).

 Le Togo : j’occupe un grand appartement avec une immense terrasse. Vu que j’habite Lomé, pas de grandes sorties avec Mégane, qui doit se contenter de la terrasse pour faire ses besoins. Ses balades se limitent aux week-ends où nous allons vadrouiller sur les plages. Donc un séjour peu folichon pour la chienne, d’ailleurs pour moi non plus ; la chaleur et les conditions de vie ne sont pas des meilleures. Fin de séjour nous rentrons sur Nantes (Orvault) où nous retrouvons notre maison et nos habitudes.

 Un an après notre retour, Mégane fait un AVC, c’est impressionnant de voir la pauvre chienne souffrir, elle ne s’en remettra pas. De nouveau je dois subir le deuil de mon compagnon à quatre pattes. Décision est prise de ne plus avoir d’animal de compagnie.

 Le temps passe. Deux chats me rendent régulièrement visite : une chatte tricolore que j’appelle Trico, qui semble appartenir à un couple habitant dans le quartier, et, un chat gris que j’appelle Grison, qui lui, apparemment, est SDF. Je leur achète des croquettes que je leur mets sous le préau. Trico se montre possessive, elle ne laisse pas Grison approché. Le pauvre doit attendre que Trico soit rassasiée pour approcher la gamelle.

 Le couple, propriétaire de Trico, déménage et bien sûr emmènent leur chatte. Grison devient alors le maitre des lieux. Il passe la plupart de ses journées à dormir sur le composteur. Nous nous apprivoisons, maintenant il vient tous les matins manger dans la cuisine et devient moins craintif en se laissant approché. Je lui achète un griffoir et un couffin que je place prés de la cheminée, mais mister greffier préfère le panier à bois en osier.

 Tous les matins grison attend, derrière la porte du jardin, que je lui ouvre pour venir réclamer sa gamelle. Pour le moment il préfère être dehors plutôt qu’à l’intérieur. Je le laisse donc vivre sa vie, avec le retour du froid on verra bien s’il change ou pas ses préférences ?

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