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Champs-sur-Marne, la nuit.

Mon esprit est vide. Je n’ai même pas remarqué toute la tension que j’ai accumulée pendant la journée. Mes muscles me lâchent. J’ai chaud. Ma tête me fait mal et j’ai du mal à respirer. Je n’arrive pas à bouger. La lumière et les ombres de ma chambre semblent plus intenses que jamais.

Qu’est-ce que je fais maintenant ? Si je m’excuse et reconnais mes torts, ils sont prêts à fermer un œil pour cette fois et me réintégrer à mon poste. Hors de question ! Je ne retournerai jamais là-bas ! Je préfère encore aller en enfer que remettre les pieds une seule seconde dans ces bureaux. Je ne pourrais pas le supporter. Tout ça est de leur faute ! C’est de leur faute si…

De toute façon, je n’ai pas besoin d’eux, je n’ai pas besoin de ce travail. N’importe quelle entreprise me suppliera d’accepter leur offre. Je suis le meilleur. Mais s’ils avaient raison ? S’il n’y avait pas de place pour des gens comme moi ? C’est quoi des gens comme moi ?

J’avais tellement envie de leur faire payer. Qu’ils reconnaissent au moins leur part de responsabilité. Mais rien. J’ai juste crié dans le vide, personne n’a réagi. Je suis parti. Je ne sais faire que ça, apparemment. J’ai fui, encore une fois.

On travaillait ensemble depuis trois mois seulement, mais je voulais déjà bien mieux te connaître. Tu avais une force incroyable. Tu souriais tout le temps et tu prenais tellement soin de moi. Tu ne montrais aucune faiblesse. Je t’admirais.

Comment aurais-je pu savoir ? Qu’est-ce que j’aurais pu faire ? Est-ce que j’ai fait une erreur ?

Le premier jour de décembre, un mauvais jour, je ne l’oublierai pas…

Cristina…

Garry Reus, le 10 frimaire 231.