Quand l'été vient, il relève la tête et fixe l'horizon. Il y a un monde meilleur là-bas, loin de tout, loin de la guerre et de la misère. Il fixe le sable fin, rosé par le soleil couchant. Les passants s'arrêtent pour regarder le ciel, s'extasier devant la palette de couleur qu'ils y trouvent. C'est magnifique. Ocre, vermillon, pourpre et turquoise.

Les oiseaux chantent, les lucioles volent. La plage est presque silencieuse. Et toujours accoudé à la barre, il observe. Les vagues dorment et déposent leur écume discrètement.

Les algues de la veille ont disparu, les traces de pas aussi. Il fait nuit maintenant. Et les étoiles brillent, petites pierres lumineuses dans l'univers. Il fait bon dehors, c'est l'été. Juste une simple brise qui fait voler les chevelures. Les vacanciers s'éclipsent, se dirigeant vers les restaurants longeant la côte. Il est seul à regarder l'horizon.

L'océan veille, et se retire lentement, calmement, plat comme un lac. Le sable vole. Les lucioles ont disparu. Les oiseaux se sont envolés.

Les restaurants n'acceptent plus personne. Le service est au complet, il y a beaucoup de monde ce soir. Les serveurs s'agitent, se glissent entre les tables. Les verres de vin tremblent sur leur plateau. Les lustres bougent au plafond. Les clients rient, et parlent, oubliant de se méfier.

Il fixe l'au-delà, vers un monde meilleur, un monde tranquille et reposant. Un monde où prendre du bon temps, où pouvoir s'allonger sur la plage sans crainte.

Au loin la mousse se dessine, mais il ne bouge pas.

L'eau déferle sur la côte, les cris retentissent, ils ont compris. Mais il est trop tard. Les arbres sont arrachés, les routes détruites, les familles emportées. La boue, le sable, les débris, le bois, la pierre, le métal. Et plus rien.

L'homme a fait face à son destin. Et il s'est envolé vers un monde meilleur.