Interprétation du rêve et du réel de Joy

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Interprétation du rêve et du réel de Joy

Sans doute la vision survenue au cours du rêve paraîtra-t-elle surréaliste, fantastique, mais c’est bien là l’essence de l’activité onirique que de se détacher des habituelles factualités qui tressent notre ordinaire. De les sublimer, d’offrir ce que jamais l’existence ne nous offre, à savoir le large et lumineux horizon d’une entière liberté. Il ne vous aura nullement échappé, Observateurs du rêve de Joy, que ce dernier, pour violent qu’il apparaît, sous les auspices d’une destruction totale de la condition humaine, non seulement ne contient nulle haine vis-à-vis de celle-ci mais, qu’à l’opposé, elle doit s’envisager à la manière d’une chance inouïe offerte au monde des Existants. Oui, disparition qui suppose, en une sorte d’Eternel Retour, la possibilité d’une précieuse palingénésie au terme de laquelle l’Espèce Humaine, dans son ensemble, après avoir connu les cendres du Phénix, se verra dotée d’une renaissante Vie Nouvelle qui, ayant effacé les traces du Passé, découvrira les conditions mêmes d’une vie heureuse ouverte aux perspectives les plus inespérées. Car, si vous avez été attentifs à l’histoire de Joy, aux événements qui ont émaillé sa vie, vous n’aurez pas été dupes du fait que cette belle personne poursuit avec assiduité un vœu qui lui est cher, de nature idéale-édénique, laquelle se traduit par la refonte du système de l’humain, fonctionnement auquel se substituera un Principe de Perfection Absolue, le Bien ayant définitivement terrassé le Mal. Mais n’allez nullement croire que cette pensée est entachée d’erreur, que l’Homme est définitivement rivé à ses vices, que son destin ne peut être qu’aporétique.

Certes la foi en l’humain a besoin de se renouveler profondément, ce qui suppose le passage par une manière de cataclysme, dont Joy est en quête, tout simplement pour éradiquer le Mal jusqu’à la racine. Ce qui signifie, qu’une fois la palingénésie opérée, les Nouveaux Existants n’auront nul souvenir de leur vie antérieure, que la beauté de quelque réminiscence de faits anciens, de quelque nature qu’ils soient, heureux ou malheureux, leur sera ôtée. Le Peuple Nouveau vivra uniquement dans le temps présent, à l’intersection de l’instant le plus punctiforme qui se puisse imaginer, genre d’étincelle qui brasille et illumine ceux qui en sont les témoins. Oui ceci est possible et il faut abonder dans le sens des idées de Joy, cette pure JOIE qui s’allume à seulement évoquer son nom. Le projet que nous adresse l’Hôtesse de l’Air (un autre nom pour l’Idéal), n’est rien moins que la redite, à la virgule près, d’une des grandes pensées qui ont émaillé le parcours singulier des Civilisations.

Rejoignons Dante et sa belle et irremplaçable ‘Divine Comédie’. Mais laissons-nous guider par le poème. Nous traversons les flammes de l’Enfer, nous y voyons les Damnés subir les tourments les plus terribles, leurs corps châtiés à la hauteur de leurs vices. Puis nous empruntons un souterrain qui débouche sur une haute montagne qu’entourent de larges eaux, et c’est le Purgatoire qui nous accueille avec un peu plus de douceur que l’Enfer n’en avait manifesté à notre endroit. Nous montons lentement jusqu’à atteindre un point lumineux dont nous savons qu’il s’agit du Paradis Terrestre, du Jardin d’Eden dont, au plus profond de nous-mêmes, nous portons l’image pareille à un glacier étincelant, situé bien au-dessus de la Terre, bien au-dessus du souci des Hommes. La vision s’illumine soudain d’une pure beauté : Béatrice-Joy (deux êtres réunis en un seul, prodige de l’étonnante fusion des altérités), se tient au seuil de cet Eden qui n’est autre que ce Nouveau Monde qui, de tous temps, était annoncé comme le bien le plus précieux de la conscience humaine. Mais les humains trop distraits, trop occupés d’eux-mêmes, n’en avaient nullement perçu le chant de source. Voici que tout s’éclaire, voici que Dante-Virgile, ces émissaires des dieux, ces porteurs du Verbe essentiel, celui du Soleil en tant que Souverain Bien, ce rayonnement sans fin, cette inaltérable source de vie, cette pure essence qui irradie jusqu’au plus profond, ces Poètes donc nous font l’offrande du présent le plus précieux, cette Vérité qui fait nos corps transparents et nos yeux traversés du chant des étoiles.

Voici, notre interprétation n’ira au-delà de cette fable, de ce mythe si vous voulez. Mais détrompez-vous, le mythe n’est pas assimilable au mensonge, il en est l’envers, il est plus vrai que le réel soumis au hasard et aux aléas de toutes sortes qui en sont les chutes les plus mortifères. Le mythe a grande valeur au simple motif que c’est notre conscience qui y imprime la marque de sa volonté. Mais une volonté douce, positive, seulement préoccupée de chasser les ombres, de faire surgir la lumière, sa plénitude, son efflorescence sans pareille. Autrement dit notre imaginaire nous a déposés au point le plus haut qui pouvait nous être remis, à savoir créer les conditions de notre propre liberté. Car le Monde qui apparaît devant nous, les arbres qui s’y sont levés, les rivières qui y coulent, les montagnes qui s’y projettent en direction du ciel, c’est bien nous qui les avons tous portés sur les fonts baptismaux de l’exister. Autrement dit, ce sont nos affinités les plus vives qui ont dressé leurs concrétions dans l’air teinté de bleu. Nullement une minéralisation, une réification comme celle qui affectait les Hommes atteints par le Mal radical de l’Hydre. Mais à elle il nous faut revenir et connaître son destin.

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