6 - ELLE

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Fanny reprend ses esprits et saisit la tablette. Jeudi 12 novembre, 10h30.

La mémoire lui revient. Ce matin, elle s’est rendue au salon, comme d’habitude, elle a garé sa voiture, s’est dirigée vers…non elle n’a pas eu le temps.

C’est lui, l’auteur des mails, c’est sûr.
Mais qui est –il ?
Il y a une semaine, elle avait reçu un mail étrange. Sur sa boite secrète comme elle l’appelle, celle qu’elle utilise pour sa vie cachée.


« Je sais qui vous êtes, je sais ce que vous faites, avec Grégoire, vous allez payer ».


Une adresse mail composée uniquement de nombres et du nom d’un opérateur.
Qu’est-ce que ça voulait dire ?
Elle a d’abord pensé à une blague de Grégoire, mais ce n’était pas son genre, surtout qu’il savait qu’elle n’aimait pas plaisanter avec ce sujet.
Le temps de la réflexion, un deuxième mail était arrivé.


« Si vous parlez de moi à Grégoire, c’est fini pour vous. »


Fanny ne savait pas quoi faire. Son portable dans les mains, tremblante, que dire ? que faire ? Quelqu’un sait ? quelqu’un va parler ? à qui ? Son mari ? Elle imagine déjà des explications insuffisantes à sauver son mariage, des regrets douloureux et la perte de sa famille…


« Aide-moi, j’ai peur ». C’est tout ce qu’elle a eu le temps d’envoyer à Grégoire avant sa première cliente ce matin-là.


A sa pause, elle avait voulu vérifier s’il lui avait répondu, elle aurait voulu l’appeler, lui demander, trouver ensemble qui s’amusait à lui faire peur de la sorte, mais impossible de remettre la main sur son téléphone. Vexée, énervée, elle avait cherché dans tout le salon, allant jusqu’aux poubelles sur le trottoir, en vain. Depuis ce jour, elle n’avait plus aucun contact avec Grégoire, ni même avec l’auteur des mails menaçants.

Elle brulait d’envie de se connecter chez elle, mais jamais elle n’aurait pris le risque de laisser la moindre trace de sa vie virtuelle sur l’ordinateur familial. Elle devrait attendre de recevoir un nouveau téléphone et pouvoir se connecter pour se soulager en lisant les mots qu’elle espérait rassurants de son amant.

Une semaine, sans écrire, sans lire, à s’angoisser à chaque fois qu’elle était avec son mari, à imaginer qu’il savait, qu’il avait reçu une lettre anonyme, un appel…tous les thrillers qu’elle a lus lui revenaient à l’esprit et les pires scénarios de découverte d’adultère fusaient dans sa tête.

Elle n’a pas eu le temps de voir ni d’entendre ce matin. Un bras est passé devant son visage, et la voilà ici. Ici où ? Impossible de savoir. Elle semble être là depuis des jours alors que la tablette indiquerait une trentaine de minutes de séquestration seulement.
La pièce est petite, vide hormis un immense projecteur, un tapis et la tablette.
Fanny a froid, malgré le moment qui l’a réchauffé il y a quelques instants. Ses tétons sont durcis, mais cette fois, ce n’est pas par l’excitation. Jusqu’à ce que…la tablette lance une nouvelle vidéo.

La suite de l’après-midi à Bordeaux…après une étreinte tendre pour reprendre leurs esprits, elle et Grégoire n’avaient pu s’empêcher de se caresser et de provoquer volontairement un désir insoutenable l’un chez l’autre.
Les mains, puissantes, de son amour interdit, la palpaient, la pressaient et sa peau frissonnait de plaisir.

Fanny se redresse. Bien assise, elle assiste à cette scène déjà gravée dans sa mémoire. Grégoire avait ouvert sa mallette, et en avait sorti une nuisette en satin mauve. Aux fines bretelles, avec des fleurs noires brodées sur la poitrine.
Il avait placé sa belle devant lui, et en même temps que son sexe se relevait, il avait habillée Fanny. En faisant glisser le fin tissu autour de son cou, il lui embrassait les seins. En enfilant les bretelles sur ses fines épaules, il lui léchait l’oreille.

Fanny revoit, et revit. Accroupie, sa main entre les jambes, elle caresse ses lèvres déjà bien ouvertes et demandeuses.

La nuisette avait glissé sur son dos, son ventre. Elle se laissait faire telle une poupée. Grégoire avait retenu le bas du vêtement, et passait maintenant sa langue sur son clitoris dénué de toute pilosité.
Un bonbon, voilà ce qu’il dégustait. Une pastille de miel, douce, ronde, chaude. Fanny se met à avancer et reculer son bassin sous ses doigts. Elle se voit prendre du plaisir sous la bouche de son amant. Elle se trouve belle, désirable, et voit le regard qu’il porte sur elle tout en s’occupant de son plaisir.
Le sexe de Grégoire était revenu à son apogée, elle l’avait saisi de ses deux mains, quelques secondes seulement, car comme le lui rappelle la vidéo, il l’avait attrapée, retournée et placée sur le lit, à quatre pattes.

Ce qu’ils aiment, aimaient, c’est la suggestion, toujours plus que les choses trop directes. Pouvoir baiser habillés était un de leur fantasme, et Grégoire était en train de le réaliser.
Il ne voyait pas le cul galbé de sa poupée, n’avait pas la vue sublime de sa chute de rein. Il vivait, sentait, ressentait.
Il la prenait en levrette, laissant la nuisette cacher l’acte le plus puissant qui soit. Ses coups de bassin étaient rapides, secs, et leurs gémissements de plaisir allaient de concert avec ce rythme saccadé.

Fanny se doigte profondément en revoyant ça, elle gémit fort, trop fort, et plus elle gémit plus elle s’encourage à continuer. Ce moment était incroyable. Elle était caressée par le satin, ses seins titillés par le tissu, et la sublime queue de son amour qui la limait comme jamais…cette fois elle ne peut retenir l’orgasme et les spasmes qui l’envahissent.

Elle tremble, laisse tomber son corps lourd de honte et de culpabilité, et se met à pleurer.

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