Chapitre 5 : Rechute

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Les jours suivant, mes quintes de toux se firent plus nombreuse. Ma théorie du simple rhume n’était plus crédible et le docteur Laso avait commencé à investiguer. J’étais donc repartie pour toute une batterie de test. J’en avais ras le bol de tout c’est examen mais le médecin ne voulait rien entendre. Il ne voulait surtout pas mettre de côté la thèse de la rechute. De mon côté, je faisais tout pour ne pas y penser. Je voulais continuer à croire que j’allais mieux et que bientôt je sortirais de ce maudit hôpital.

Un soir, alors que mes parents me rendaient visite, il entra dans ma chambre l’air grave.

— Puis-je vous parler un instant dehors ? leur demanda-t-il.

— Bien-sûr, répondit mon père.

Depuis mon lit je ne pouvais pas entendre leur discussion mais je savais de quoi elle retournait. Je sortis tout de même de mon lit et m’approchai de la porte. Je voulais en avoir le cœur net. J’entendis alors ma mère éclater en sanglot, ce qui confirma mes soupçons. Le verdict était sans appel, je faisais une rechute.

La porte s’ouvrit et je me retrouvai face au docteur et à mes parents, tous avaient la mine triste.

— Tu écoutes aux portes maintenant ? demanda mon père surpris.

— Désolée, fis-je la tête basse. Je voulais s’avoir c’est tout. Je suis grande vous s’avez je peux encaisser.

— Mais on sait ma chérie, c’est juste qu’on ne voulait pas t’inquiété.

Mon père me pris dans ses bras, plus pour se rassurer lui que moi. Quand il me relâcha, il avait les yeux humides. Ma mère à côté de lui, sanglotait toujours. Je me tournai vers le docteur Laso et lui demandai :

— C’est si grave que ça ?

— Retourne t’allonger, je vais t’expliquer.

Je n’avais pas envie de me remettre dans mon lit mais j’obéis sans rouspéter. De toute façon, si je voulais des réponses, je n’avais pas le choix. Le docteur Laso attendit que je sois installée avant de se lancer :

— Ta dernière prise de sang n’est pas très bonne et la dernière radio est assez inquiétante.

Il me montra l’image, elle était criante de vérité.

— La maladie progresse, murmurai-je.

Il hocha la tête.

— Oui et très rapidement.

— Mais comment est-ce possible ? demandai-je. Il y a quelques jours j’étais presque guérie.

— Je n’en sais rien mais nous allons faire d’autres analyses. Je finirais bien par comprendre. En attendant, je vais augmenter ton traitement. Avec un peu de chance, ça ralentira la progression de la maladie.

Il me mit une main sur l’épaule.

— Je te promets que je vais trouver ce que tu as et tout faire pour te soigner.

Il sortit de ma chambre et me laissa seul avec mes parents. Je les regardai tour à tour. Ils étaient tout les deux dépités. Face à leur tristesse, je ne pus retenir mes larmes.

Quelques jours plus tard, lorsque Zoé revint de son voyage scolaire, impatiente de me montrer ses photos, je n’eu même pas le courage de la regarder en face.

— Mon père ma raconter, me dit-elle se glissant dans le lit à côté de moi. Je suis sincèrement désolée.

— Désolée de quoi, marmonnai-je, tu n’y es pour rien.

— Peut-être mais j’aurais dû être là pour te soutenir.

— Mais tu es là maintenant, c’est tout ce qui compte.

Je me forçai à sourire.

— Et ces photos, tu me les montres ?

Zoé sortit son téléphone de sa poche. Elle passa d’une image à l’autre et m’expliqua dans les moindres détails tous ce qu’elle avait fait. Elle me vanta la beauté du lac Titicaca, des chutes de Gotca et du canyon de Colca.

— C’était un voyage extraordinaire, s’extasia-t-elle.

J’aurais bien aimé partager l’enthousiasme de mon amie mais toutes les photos qu’elle me montrait ne faisait que me rappeler que j’étais coincée ici et que je n’en sortirai probablement jamais. Je me mis à renifler. Zoé éteignit aussitôt son téléphone et serra contre elle. Je me laissai bercer par la berceuse qu’elle me fredonnait et fini par m’endormir dans ces bras.

Les jours suivants, elle vint me voir le plus souvent que sont emploi du temps le permettait. Des fois elle apportait des films que nous visionnions ensemble. A d’autre occasion, elle me prêtait sa console portable. A chaque fois que nous nous voyions, elle faisait tout pour me rendre le sourire. Rien de ce qu’elle faisait n’arrivait à faire taire le désespoir qui s’insinuait petit à petit dans mon cœur.

Mon état s’aggravait de jour en jour. Au bout de deux semaines, je n’étais plus capable de quitter mon lit et je devais porter mon masque en quasi permanence, mais même malgré ça, ma respiration était difficile. Les derniers examens avaient révélé que mes poumons étaient de nouveau très mal en point. Leur état était encore pire qu’avant ma guérison miraculeuse. Rien de ce que le docteur Laso entreprenait ne semblait fonctionner. Il ne savait plus quoi faire, au grand désespoir de ma mère qui ne venait même plus me rendre visite.

— C’est devenu trop dure pour elle, m’expliqua mon père.

Je lui en voulais et en même temps, je la comprenais. Voir sa fille dépérir de jour en jour ne devait pas être une épreuve facile.

— Papa, promet moi de la forcé à venir demain.

Je ne savais pas combien de temps il me restait. Je n’avais plus la force ni l’envie de lutter contre la progression de la maladie. Alors s’il y avait bien une chose que je désirais par-dessus tout, c’était de revoir ma mère une dernière fois avant de mourir.

— Je t’en prie ne parle pas comme ça ma chérie, dit-il les larmes aux yeux.

— Promets-le-moi s’il te plait, insistai-je.

— Je te le promets, lâcha-t-il dans un murmure.

Le jour suivant, ma mère avait accompagné mon père. Elle n’osait pas me regarder mais elle était là et c’était tout ce qui comptait à mes yeux. Zoé était là aussi, morose. Toutes les personnes à qui je tenais était près de moi. Il ne manquait qu’Ilan. Son absence provoquait un vide que je n’aurais jamais penser aussi grands. J’aurais tellement aimé le revoir une dernière fois. Je me demandai comment il allait, espérant qu’il soit en meilleur forme que moi. Ces derniers mots me revinrent en mémoires. « Je ne serais plus en mesure de m’aider ». Qu’avait-il voulu dire par là ? Je ne le saurai jamais. Il était trop tard.

Le docteur Laso entra dans ma chambre, l’air sinistre. Il n’eut pas besoin de le dire, nous avions tous compris ce qu’il venait nous annoncer. J’allais devoir être intubée. Le masque ne suffisait plus à m’apporter l’oxygène dont jamais besoin. Ma mère sortit de ma chambre en larme. Rester était au-dessus de ces forces. Je dis au revoir à mon père ainsi qu’à Zoé. Eux pourrait encore venir me voir mais moi je serais inconsciente.

Le lendemain, je fus transférée au service des soins intensif. Les infirmières me branchèrent à une machine et petit à petit, je tombai dans un coma artificiel.


Le coma est une expérience difficile à décrire. Toute mes perceptions étaient différentes, c’était un peu comme si je rêvais. Je me souvins avoir eu l’impression d’exister en dehors de mon propre corps. Je pouvais m’observer, allongée sur le ventre. Il y avait toujours quelqu’un d’assis à côté de mon lit. Le plus souvent, il s’agissait de mon père ou de Zoé. De temps en temps, le docteur Laso venait relayer sa fille. Une fois, à ma grande surprise, je vis ma mère. Elle me tenait la main et me parlais doucement, me murmurant de guérir sinon elle en mourrait. J’en eu le cœur serrer. J’aurais voulu lui hurler que je me battrais pour elle mais je ne pouvais qu’observer la scène en silence.

Je ne saurais dire combien de temps s’était écoulé depuis ma mise en intubation. Une semaine ? Un mois peut-être ?

Un jour, quelqu’un d’autre entra dans la pièce, un jeune homme. Je reconnu aussitôt ses chevaux noirs en batailles et ses yeux bruns mélancoliques. C’était Ilan et il avait l’air en pleine forme. Il était revenu comme il me l’avait promis.

— Ho Dana, je suis désolé d’être parti aussi longtemps, l’entendis-je dire alors qu’il s’approchait de mon lit.

Il me prit la main et ajouta :

— Ça va aller maintenant, je suis là.

Une vive lumière blanche m’ébloui et tout devint noir.

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