Chapitre XXII : Le droit chemin

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Où, suite à un accident, Maelivia comprend en quoi consiste le grand voyage des écervelés, tandis que Fiasc éprouve l’amertume du remord.

Bromax avait fabriqué des gourdes en suivant les conseils de frère Troc. Ce dernier avait insisté pour qu’il en réalise trois paires. L’une adaptée à la taille de Maelivia, la seconde légèrement plus grande et la troisième pour un adulte. Bromax s’était mis à l’ouvrage en maugréant. Le travail ne le rebutait pas, mais il était toujours délicat d’enduire les fibres de coco sans s’y coller les doigts. Il était persuadé que ces paires supplémentaires encombreraient les voyageurs d’autant qu’il n’en comprenait pas l’utilité.

Il devait pourtant convenir que Frère Troc savait de quoi il parlait. La fillette parvenait au dire de tous à faire ses premiers pas sur l’eau avec une facilité déconcertante. Elle perdait rarement l’équilibre et avait parfaitement assimilé la technique glissée développée par le moine. On la disait gracieuse.

Didi à force d’insistance l’accompagnait toujours. Dès l’aube, à l’heure où la brume blanchissait l’horizon, il s’asseyait sur la plage et les regardait fasciné. Immobile, il contemplait les progrès de sa sœur adoptive comme on mesure le temps qui s’écoule. Sans rien faire d’autre, jusqu’à l’heure du repas, qu’il partageait avec frère Troc et Maelivia autour d’une collation légère de fruits de l’arbre à pain et de sauterelles grillées. Il parlait peu, hochait la tête lorsque le moine donnait des conseils, écoutait sa sœur décrire avec exaltation les sensations procurée par son apprentissage qui l’absorbait toute entière. Personne ne s’inquiétait plus de ses absences. Bromax avait construit pour lui un hutteau en feuilles de cocotier tressées sous lequel il s’abritait du soleil dont il n’avait jamais vraiment souffert. La peau de Maelivia se révélait beaucoup plus sensible. Bromax confectionna pour elle une robe de bure semblable à celle de frère Troc. Elle s’en amusa. Frère Troc se vexa et demanda à l’artisan de tresser un chapeau à bord large en fibre de coco afin qu’elle cesse de l’imiter en rabattant sur son visage le large capuchon.

Le chapeau était formidable et plut tout de suite à Maelivia. Posé sur l’eau, il flottait à merveille et l’on pouvait même s’asseoir dessus. En outre, l’ombre qu’il portait sur les yeux les protégeait de la lumière aveuglante. La vie se déroulait à nouveau paisiblement sur l’île de la communion. Si ce n’était Khalaba qui errait tel un spectre, on aurait pu qualifier cette période d’heureuse.

Frère Troc s’apprêtaient à commencer sa leçon lorsque le fourmillage accosta sur l’île. Une quinzaine de vieillards décharnés, regroupés sur un radeau de fortune et guidés par trois moines, découpaient sur l’horizon les contours d’une bête étrange. Déjà à peine humains, les écervelés s’agitaient vainement ou, repliés sur eux-mêmes, se crispaient, pendant que le fleuve noir des fourmis de portage s’étirait en dessous d’eux, tel une armée victorieuse rapportant sa proie jusqu’à une forteresse d’aiguilles de pin, de terre et de sable. Devançant ce funèbre cortège, les moines épuisés semblaient porter le poids d’un sacrifice sur l’autel d’un dieu ingrat. Sans vue, sans boussole, ils répondaient pour se guider à l’appel subtil des plastines présentes dans chacune des sources.

Prémisse au réseau neurovial, chaque source hébergeait une colonie de ces bactéries qui proliféraient dans les milieux riches en plastique. Elles avaient la particularité d’aviver et d’accélérer les communications psychiques en particulier au contact du lait de Sulac. Au repos, elles n’émettaient qu’une faible pulsation mais ce, sur plusieurs kilomètres. Seule une longue initiation permettait de préparer le psychisme à la percevoir. Aussi les moines étaient-ils les alliés nécessaires à de nombreux voyages. Sur de plus courtes distances, les îliens se débrouillaient avec les étoiles. Or, il était fort difficile à un fourmillage de rester à l’arrêt toute une journée, c’est pourquoi, la nuit venue il fallait souvent rectifier la marche patiente et laborieuse des fourmis qui en plein jour s’égaraient sur la transparence des mers de sel.

Troc guida ses frères éblouis jusqu’à la plage pendant que les fourmis affamées montaient à l’assaut des banastiers pour en ronger l’écorce, les fruits et les feuilles.

— Les enfants, allez vite prévenir les autres. Les cultures sont protégées à l’intérieur des terres, mais il faut guider le fourmillage vers le composteur au risque de voir tous les arbres aux alentour être ravagés. Dans quelques minutes, il ne restera rien, avertit frère Troc.

Maelivia s’élança et sema Didi dans sa course effrénée. Oubliant de jouer l’imbécile elle s’arrêta haletante devant Fiasc, tira sur sa manche avant de réussir à articuler :

— Les fourmis arrivent. Plein ! Tout un fourmillage ! C’est extraordinaire, je n’en ai jamais vu un aussi gros. Frère Troc dit qu’elles vont tout manger, il faut faire quelque chose, vite !

— Le grand voyage, déjà… murmura Fiasc. Il posa la main sur la tête de l’enfant cherchant à discipliner ses boucles rousses d’un geste qui aurait pu avoir la douceur d’une caresse. J’aurais cru… j’avais espéré…

— Oui ? interrogea Maelivia en levant les yeux vers cet homme qui lui avait rarement témoigné de l’affection

— Non rien, se ressaisit-il. Tu as bien fait de me prévenir. Nous allons faire le nécessaire.

Il se souvint qu’à de nombreuses reprises il lui avait interdit l’entrée de la réserve aux bocks. Cette petite mettait son nez partout et à l’époque il pensait bien faire en se montrant intransigeant, parfois désagréable avec elle. Quelle importance cela avait-il aujourd’hui ?

—Tu as toujours envie de voir les pucerons bock, dis-moi ?

— Oh oui ! répondit Maelivia avec enthousiasme oubliant définitivement de feinter l’idiotie.

— Alors, viens, tu vas m’aider à récolter le miellat.

— Didi peut venir aussi ? interrogea Maelivia.

Fiasc regarda le petit garçon qui s’était arrêté à quelques pas et reprenait son souffle en grimaçant. Il avait l’air passablement triste depuis plusieurs jours. Peut-être qu’un peu de nouveauté lui changerait les idées et l’aiderait à oublier le départ prochain des deux figures féminines qui avaient accompagné ses premiers pas sur l’île de la Communion.

Didi ne put rester impassible devant le spectacle qui s’offrit à lui une fois entré dans l’enclos. Les corps luisant, gros comme des chpoules, constituaient un spectacle peu commun. Des fourmis jaunes s’activaient auprès d’eux. Les puçerons paraissaient disproportionnés au regard fourmis, ces ouvrières minutieuses qui à l’aide de leurs antennes effleuraient l’extrémité de leur abdomen jusqu’à être recouverte d’une fine pellicule rosâtre. Elles tournaient alors leurs mandibules de côté, prélevait le miellat et se précipitaient vers leur congénère la plus proche. De régurgitation en régurgitation, le liquide transformé arrivait jusqu’aux fourmis bonbonnes. Serrées les unes contre les autres celles-ci l’ingéraient goulûment. Leur tête et leur thorax avaient conservé une taille normale, mais leur gastre devenu translucide à force d’être gonflé à outrance, se colorait des teintes violacées du miellat.

— Oh, mais elles vont éclater ! s’exclama Didi en découvrant ces outres vivantes.

— Et tu n’as encore rien vu ! lui répondit Fiasc en souriant. La nuit, lorsque la première lune monte dans le ciel, le miellat devient phosphorescent et les ventres s’éclairent en rose ou en violet. Le miellat sur leurs antennes brille aussi, ce qui fait que tout l’élevage est parsemé de petites paillettes qui bougent sans cesse. C’est très beau à voir. Si on a le temps, je vous montrerai ça à toi et à ta grande sœur, dit le vieux Fiasc en se relevant.

Maelivia dissimula brusquement son doigt derrière son dos, elle l’avait passé au cul d’un puceron sans avoir eu le temps de le porter à sa bouche. Fiasc ne fut pas dupe de son manège et heureux de partager ses connaissances expliqua :

— Chaque puceron produit une dose infinitésimale de miellat, mais il le fait en continu. C’est pourquoi les fourmis s’affairent en permanence autour d’eux. Quant au goût, tu le connais déjà, c’est celui des boissons sucrées que nous vous servons lors des fêtes de la source. Les fourmis en raffolent.

Didi tira la langue écœuré et fit mine de s’étrangler. Maelivia lui fit les gros yeux et lui colla son doigt sur le nez. Fiasc ne lui laissa pas le temps de riposter. Déjà il accompagnait ses explications de gestes vifs et précis. Saisir les fourmis bonbonnes pile entre le thorax et l’abdomen. Appliquer une légère torsion de la main et tirer d’un coup sec pour détacher la réserve de liquide.

— Il suffira de deux jours à peine pour que la bonbonne se reforme, dit-il fièrement.

Tout en travaillant, il raconta que les fourmis jaunes, par nature agressives, avaient été croisées en utilisant du matériel biologique issu d’araignées. Cela n’avait rien donné de concluant. Les fourmis avaient développé des comportements anormaux et individualistes. La base génétique des lézards s’était révélée bien plus intéressante. Les fourmis bonbonnes voyaient repousser leur abdomen, les ouvrières avaient gagné en résistance.

Il s’interrompit enfin au grand soulagement de Maelivia lassée de toutes ces explications.

— Voilà qui sera suffisant. Les enfants, ne restez pas les bras croisés. Aidez-moi à porter tout cela.

— C’est à cause d’elles qu’on t’appelle Fiasc, demanda la fillette en brandissant les outres.

— J’imagine dit l’homme, en hâtant le pas.

Des composteurs jusqu’à la plage, il laissa couler un épais filet de miellat sur le sol comme on laisse s’écouler une traînée de poudre lorsqu’on souhaite allumer à distance la mèche d’un explosif.

— C’est dangereux, précisa-t-il. Après chaque voyage, les fourmis de flottage sont affamées, le miellat les rend frénétiques. Elles ne se préoccupent de rien d’autre. Gare à celui qui tiendrait encore une bonbonne. Maelivia, prudente, s’essuya les mains dans son pagne. Elle avait déjà assez de problèmes comme ça et ne souhaitait pas, en plus, affronter une colonie de fourmis rendues folles par la perspective d’un bon repas.

Si les détails techniques continuaient à passionner Didi, l’attention de Maelivia se reporta vite sur la piteuse assemblée des voiles violets. Ils étaient assis sans ordre à l’ombre du cadavre de banacoco. Les fourmis leur avaient cédé la place et s’acheminaient maintenant vers les composteurs en suivant avidement le miellat. Les écervelés étaient décharnés, ils ne laissaient transparaitre aucune émotion cohérente. Le soleil, pensa Maelivia, ou la folie… Elle se demanda finalement quel était le but ultime de ce grand voyage qui les portait d’île en îles.

Les nourrices, hommes et femmes, arrivaient par petits paquets. Ce fut un défilé de costumes et d’habits qui déroula ses couleurs sur la plage car il n’était pas envisageable de faire partager les plaisirs de la source à un écervelé. Pour autant, il n’était pas question qu’on les traita mal. Des boissons sucrées leur furent données, accompagnées de canne à sucre qu’ils s’occupèrent à suçoter. Les écervelés perdaient l’odorat, c’était un des signes cliniques de la maladie, mais pas le goût du sucré. Leur appétence se développait différemment en fonction des individus. Certains déjà enclins à la gourmandise du temps où ils avaient toute leur tête ne pouvaient plus se restreindre et battaient des mains, s’empiffraient et émettaient des cris de joie à la vue d’une friandise.

Alors que retrouvailles et salutations battaient leur plein, l’un des écervelés suivit, on ne sait pour quelle raison, le cortège des fourmis, le devança et, guidé par on ne sait quel instinct, se pencha sur le liquide sucré qu’il se mit à laper fiévreusement avant de s’y rouler en glapissant. Il avait l’air heureux et Maelivia n’avait pas souhaité intervenir. La silhouette du vieux Fiasc se découpait au bout de la plage suivie de celle plus petite de Didi.

Tous deux revenaient du composteur où ils avaient terminé d’étendre le miellat sur les déchets accumulés au cours des derniers jours. Les fourmis suivant leur course gourmande grimpèrent sur l’écervelé. Les insectes recouvraient progressivement le vieux fou dont les cris exprimaient la plus violente des douleurs. Les moines, les yeux brûlés par le soleil, ne distinguaient rien d’autre qu’une forme vague, en retrait de quelques mètres du groupe, agitée de mouvements étranges sur le sable brûlant. Les hurlements ne les inquiétaient pas, ils étaient courants chez les écervelés. De dos, frère Troc devisait avec eux sans s’alarmer. Il ne vit rien. Ne comprit rien. Ainsi en va-t-il souvent des témoins indirects d’une atrocité.

Fiasc, prenant conscience que quelque chose n’allait pas, laissa Didi derrière lui et courut. Il faisait de grands signes avec les bras à l’intention de Maelivia. Mais elle ne le voyait pas. Tout ce qu’elle avait sous les yeux c’était le grouillement des fourmis sur la peau écorchée de l’écervelé, l’odeur âcre et acide du sang mêlée à celle, doucereuse, du miellat. En proie à la stupeur, comme mue par une fascination morbide, elle s’était dangereusement rapprochée. Rejointe bientôt par le vieux Fiasc, essoufflé, transpirant autant du fait de l’effort que de la terreur. Elle sentit des mains s’abattre sur ses épaules et bascula. Elle tombait dans un océan noir et grouillant dont les parois se refermaient sur elle, empêchant sa respiration, entravant ses mouvements. Elle retrouvait les sensations éprouvées quand chaussant ses gourdes pour la première fois, elle avait glissé dans une faille. Ç’en aurait été fini d’elle si la poigne robuste de frère Troc ne l’avait rattrapée et remise d’office debout sur ses gourdes avant de reprendre la leçon. Elle n’avait pas eu le temps d’avoir peur, mais elle revivait cet engloutissement, ses yeux démesurément ouverts sur l’horreur qui la submergeait à présent. Elle aurait voulu pouvoir les fermer, effacer le dégoût qui la secouait de hoquets violents et silencieux. Mais elle n’y parvenait pas.

Fiasc l’avait fait basculer vers l’arrière. Après un temps qui lui sembla infini, il parvint à la maintenir à distance des fourmis. Il plaqua la main contre les yeux de la fillette. Il espérait que Didi ne l’avait pas suivi dans sa course, mais il n’en était pas sûr. Il n’eut pas la force d’appeler à l’aide. Trois témoins de cette scène, c’était déjà trop. Il n’avait jamais eu à vivre ce genre d’accident durant toute sa carrière d’éleveur. D’habitude, il y trouvait la paix. La régulière succession des jours, les habitudes, les récoltes, les essaimages le comblait, rythmant ses journées, les années interminables de sa vieillesse, lui donnant le sentiment que tout était bien ordonné à défaut de faire sens. Poserait-il demain le même regard apaisé sur le flot mouvant d’un fourmillage, ou frissonnerait-il encore à l’idée que rien n’arrête finalement la vie dans sa course folle, même pas la mort.

Lorsqu’il ôta sa main, la lumière inonda de nouveau les yeux de Maelivia. Elle distingua dans l’écume de sable le scintillement mat d’une carcasse d’ivoire. Ce pouvait-il …

Tout à l’insouciance de son âge, Didi les avait rattrapés. Qu’avait-il vu ? Qu’avait-il compris ? s’interrogea Fiasc en le voyant s’avancer vers le squelette qu’il scruta de ses yeux curieux tout en pointant du doigt une série de petits os.

— Tu crois qu’on peut faire un jeu d’osselets avec ceux-là ? demanda-t-il en forçant sa voix pour être entendu.

— Non, n’y touche pas, Didi, répondit Fiasc qui s’interposa aussitôt entre l’enfant et les ossements.

Maelivia chancelante l’avait rejoint. Il posa la main sur son épaule ne sachant s’il s’y appuyait ou bien s’il l’aidait à tenir debout. Elle frissonnait et sous sa peau élastique il percevait les battements effarés du sang juvénile qui parcourait ses veines. Il se demanda comment il avait pu envisager, ne serait-ce qu’un seul instant, de la faire participer au grand voyage des voiles violets. La nuit de son esprit se déchirait, il retrouvait la vue, il sentait maintenant battre son cœur à l’unisson du monde. Il n’était plus certain que les mines de plastique constituent une option acceptable.

Alors que son quotidien basculait encore une fois, le vieux Fiasc avait l’impression que le seul point auquel il pouvait se raccrocher était cette stupéfiante enfant. Elle semblait contenir sa propre source prête à sourdre dans ses yeux, dans ses paroles et ses actes. Des reflets d’intelligence, de compassion ou d’imagination venaient faire vibrer les iridescentes nuances où se noyaient ses pupilles. Ces grands yeux verts, il les avait souvent trouvés accusateurs ou sournois, il les découvrait noyés de larmes. Cette chevelure rousse indomptable qu’il avait si souvent considérée avec désapprobation, ne le dérangeait plus autant. Avec sa peau blanche l’enfant semblait jusque dans sa chaire, porter le deuil d’un voile violet. Il fit l’expérience d’une intolérable proximité, celle de la douleur partagée.

Fiasc voulut consoler l’enfant mais ses paroles lui parurent creuses, dénuée de sens. « Voilà le grand voyage arrivé à son terme pour cet homme. Il lui aura fallu moins de pas qu’à nous autres. Il est en paix. Au creux de la source, nous honorerons sa mémoire. » Il posa sa main sur le front, paume retournée vers le ciel, replia le pouce et le recouvrit de ses autres doigts, puis sans ferveur il marmonna « Unis je suis, je reste et je demeure, unis grâce à vous je vis » Maelivia l’imita, mais au moment de replier le merveilleux, elle eut la sensation d’approcher de de ses autres doigts la tête fine et les mandibules puissantes d’une fourmi d’ivoire et d’os.

Didi s’était déjà éloigné. Indifférent, il partageait avec l’un des écervelés un morceau de canne à sucre dont il s’occupait à mâchouiller et à sucer les fibres avec application. L’heure du déjeuner était passée et il avait grand faim.

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