Chapitre XX :  Les graines de Tournasol

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Où l’on n’hésite pas à faire semblant pour sauver les apparences


Déjà plus d’une semaine que la gamine se tenait cachée, à l’écart du groupe. Les îliens ne s’en formalisaient pas, persuadés que le traumatisme induit par une immersion trop précoce dans la source sanctifiée était à l’origine de son comportement. Il était peu probable qu’elle en fût sorti indemne. La question de savoir comment l’enfant pouvait survivre n’effleurait même pas la conscience des nourrices qui, leur décision prise, vivaient déjà comme si Maelivia et Khalaba n’étaient plus des leurs.

Didi, au contraire, aidait sa grande sœur. Il lui portait en catimini à manger et à boire. Il lui avait même dégoté pour la nuit une feuille de gonax qu’il avait trouvée dans la hutte aux réserves. Il était très jeune, mais loin d’être bête. Maelivia lui avait expliqué qu’il ne devait parler de cela à personne, jamais. Et il lui avait répondu « Je sais ».

Dans une communauté comme celle des îliens, fondée sur la transmission de la parole, pouvait-on garder un secret ? Et si oui, combien de temps ? Frère Troc s’interrogeait en voyant le marmot s’éloigner sur ses courtes jambes. Galopant cahin-cahan, Didi se doutait-il qu’il portait le poids de deux vies, peut-être de trois ?

— Il a dit : fais-toi attraper dès demain. Joue les idiotes. Sois sale. Aie l’air aussi perturbée et incohérente que possible, ils mettront cela sur les effets de la décoction d’antione et du lait de Sulac, récita consciencieusement Didi.

— Il a dit ça ?

— Oui, il a dit ça : que tu devais avoir l’air complètement débile, improvisa Didi en ajoutant le geste à la parole, c’est-à-dire en louchant et en faisant disparaître ses pupilles noires à la racine de ses paupières tout en tirant la langue.

Cessant ses grimaces, il prit un air sérieux, ce qui à son jeune âge le déguisait encore plus, et déclara avec gravité :

— Donc, t’as rien à faire d’autre qu’être toi-même.

— Crapule ! lui répondit Maelivia, en grignotant les graines de Tournasol grillées qu’il lui avait apportées.

— Toi-même ! Partage au moins, Chipie, lui enjoignit Didi en plongeant sa main dans la feuille de Vlour qui enveloppait les graines.

— C’est bien la peine de me les apporter, si c’est pour toutes me les manger, maugréa Maelivia avant de cracher au loin une série de coquilles brunes et blanches.

Didi la regarda avec admiration. Il n’aurait jamais réussi à cracher aussi loin. Avant de reprendre le fil de son discours, il saisit discrètement les coquilles vides qu’il avait sur le bout de la langue pour s’en débarrasser puis s’essuya la main sur la cuisse.

— Il a dit qu’il t’apprendrait à marcher sur l’eau. Didi levait les yeux en direction de sa grande sœur. Tu m’apprendras aussi ? Dis, tu m’apprendras ?

— ….

Maelivia ne répondit rien, elle n’était pas certaine de pouvoir tenir sa promesse.

— Méchante ! T’es comme les autres y disent, s’écria Didi révolté. T’es qu’une égo… une égoïste !

L’énormité de l’insulte qui avait franchi ses lèvres surprit Didi lui-même. Il resta immobile, la bouche ouverte, fixant des yeux le visage impassible de Maelivia. Dire un gros mot pareil, c’était s’assurer de recevoir une volée de claques bien méritées. Même de la part d’une nourrice aussi attentionnée que Khalaba. Alors oser le dire à son impulsive de sœur aînée aurait, pour sûr, des répercussions imprévisibles.

— T’as peut-être bien raison, lui répondit calmement, à sa grande surprise, une Maelivia pensive.

Après un nouveau silence, moins long que le précédent, elle acheva sa pensée.

— D’ailleurs, il se pourrait bien que je ne puisse pas t’apprendre à marcher sur l’eau.

— Méchante ! hurla Didi remis de sa stupeur par cette annonce injuste. Et, de toute sa force, il lui enfonça son talon dans le pied, en ciblant l’excroissance que constituait le gros orteil, avant de s’enfuir moitié courant, moitié pleurant.

Egoïste, un mot qui écorche, dont les deux poings levés frappent obstinément toute tentative de ralliement. Aujourd’hui c’était Khala qui en payait le prix. Demain, ce serait Didi. Elle allait l’abandonner, comme l’avait fait Gonaga avant elle en partant pour les mines de plastique. Pauvre Didi ! Elle ne savait quelle alternative la heurtait le moins. Imaginer Didi triste à en mourir. Seul parmi la foule des îliens à regarder l’immensité des mers de sel en espérant le retour d’une silhouette connue au milieu des mirages. Ou, lui un peu plus grand, abruti par un bonheur de meute, enchaînant des banalités à propos du soleil ou de la couleur du ciel à la montée de la première lune dans le clapotis écœurant de la source.

Rien ne pouvait calmer l’angoisse de la jeune fille. C’était ça, l’égoïsme, ne pas se satisfaire du bonheur ou de la douleur. Ne penser qu’a soi pour échapper à l’enfermement de son destin. Et, en le relevant du chemin ou, paresseusement, il s’est couché et assoupi, éborgner la vision tranquille que les autres se font du monde environnant. Didi lui en voudrait-il longtemps de cette trahison ? La vie de Khalaba et la sienne étaient en jeu. Il en souffrirait, mais, lui au moins, aurait le choix de son avenir. Du moins, le croyait-elle.

On l’avait finalement retrouvée, hébétée, sale et amaigrie, les yeux vides. D’après les matrones qui l’avaient lavée et rendues à une apparence humaine, elle était l’image vivante de la déchéance qui guette tous ceux qui s’écartent du lien, de la protection du groupe. Les nourrices disaient cela avec conviction en secouant leurs doigts ridés, l’index pointé, accusateur. En écoutant leurs récits, le conseil des sages frissonnait de concert. Ils auraient dû mener des recherches plus consciencieuses. On n’impose pas de telles souffrances à l’un de ses membres, eût-il brisé un des tabous les plus sacrés. L’envoyer au loin était une chose, la voir dans cet état d’abandon en était une autre.

Fiasc s’interrogeait mais n’osait parler à voix haute. De toute évidence la petite était simplette. N’aurait-il pas été plus charitable d’envoyer cette créature accomplir le grand voyage avec Khalaba? Un voile noir lui brouilla la vue. Comment pouvait-il penser cela ? Aussi perturbée qu’elle fût, la gamine n’avait pas plus de vingt-quatre lunes ! Elle n’était même pas encore femme bien qu’elle ait déjà plongé dans la source sanctifiée. Son initiation était en soi contre nature. L’envoyer dans les mines de plastique était peut-être un non-sens mais cette décision revêtait d’un semblant de cohérence. C’est ce qui la rendait judicieuse. Quoique… Le conseil avait pris parti à la hâte. Ses membres, éprouvés au sortir de la cérémonie, avaient ressenti la lancinante crispation du cœur induite par la rupture du lien, le silence après la parole. Ils avaient paré au plus pressé : retrouver sans attendre, malgré les évènements, la quiétude de leur quotidien. Et ils n’avaient pas hésité à retisser la trame de leur ordinaire en contrôlant et en éliminant ce qui le menaçait. En l’occurrence: la nourrice et la gamine.

Envoyer Maelivia dans les mines de plastique relevait d’une décision logique. Pas encore nubile, il était encore impossible de l’intégrer au groupe des adultes reproducteurs ; savoir si elle survivrait au dur labeur des mines de plastique n’était pas la question. Peu d’îliens en réchappaient et sa vie ne valait pas plus que celle d’un autre. Dans sa grande sagesse, le conseil avait collectivement réparé l’affront en s’appuyant sur les habitudes qui plus encore que la parole contribuaient à façonner leurs pensées et leurs gestes. Le sentiment de familiarité permettait de légitimer les plus profondes violences sous l’apparence de la normalité.

Et que faire d’autre ? Les mines étaient vitales pour la société des îliens. Le plastique permettait d’espérer un futur meilleur où la parole circulerait librement entre les êtres sans avoir besoin d’être dite, de se tordre en phonèmes, en chuintement ou en tons. Une aire nouvelle de communication instantanée, et qui sait, le rêve d’une mémoire commune qui permettrait de puiser les savoirs dans l’expérience sans cesse actualisée, c’est-à-dire sans être tributaire des erreurs du passé. Fiasc porta instinctivement la main à son front pour adresser un salut à l’Immuable. Grâce au plastique, les îliens avait réussi à faciliter la parole. Ils étaient parvenus à éradiquer l’écriture, cette trace mensongère qui asservissait l’âme à un support matériel et figé.

Donner une chance à Maelivia, en dépit de ses handicaps, de participer, même à petite échelle, à l’édification du clan était une bonne chose. En revanche, l’envoyer directement accomplir le grand voyage… c’était chercher à s’en débarrasser. Fiasc se mordit les lèvres. Il lui semblait avoir mis à jour les motivations inconscientes du conseil. Mais, l’inconscient n’existait plus. Il devait le savoir ! Grâce à la parole, aux cérémonies dans les sources sanctifiées, ce concept archaïque avait rejoint l’écriture dans les oubliettes d’une société déclinante, enterré sous les décombres des grands cataclysmes magnétiques.

La fatigue lui brouillait l’esprit. On envoyait Khalaba accomplir le grand voyage car elle avait revêtu le voile violet et on enverrait Maelivia dans les mines de plastique car c’était ce qui restait de mieux à faire après ce qui venait d’arriver. La vision de Fiasc retrouva sa netteté. Chaque chose était à sa place et c’était parfait comme ça. Son bon sens et sa clairvoyance lui avaient permis de traverser avec plus ou moins de bonheur les années et les embuches qui parsèment une vie. Membre du conseil des sages de l’île de la Communion, il ne jouissait pas du prestige accordé aux laborantins qui poursuivaient souvent leurs recherches après leur passage dans les mines de plastique, mais il était assuré de continuer à couler des jours sereins au sein du clan. Il avait en outre de jeunes âmes à guider. Tâche qu’il accomplissait avec l’assurance de celui qui possède la certitude d’agir selon l’ordre des choses, c’est-à-dire bien.

Blonx regardait la gamine en plissant les yeux. Elle avait été lavée et habillée par les nourrices. Elle ne présentait plus aucune des caractéristiques de l’enfant sauvage qu’on lui avait décrite. Quant à la trouver amaigrie… Depuis quarante-cinq lunes qu’il s’occupait d’enfants, le vieux Blonx avait l’œil exercé pour mesurer leur taille, leur corpulence et vérifier leur croissance. Il était rompu à détecter les premiers signes d’une maladie ou d’un affaiblissement. A son avis, Maelivia n’en manifestait aucun.

Pour lui, aussi impressionnantes soient-elles, ses gesticulations et ses grimaces ne se distinguaient en rien de celles que la gamine avait l’habitude d’accomplir en présence de sa nourrice. Il avait hâte que cette affaire soit terminée, que l’île de la Communion retrouve son calme. Deux oiseaux Bards avaient été envoyés. L’un aux mines de plastique, l’autre à l’île du Verbe où résidaient l’ordre des moines et son grand maître, Rocalop. Il n’avait pas reçu de réponse. Mais Blonx savait qu’il n’y en aurait probablement pas. Fiasc l’en avait averti, il était rare que l’ordre remette en question les décisions des conseils. Quant aux mines, les travailleurs attendraient l’arrivée des voyageurs, abrutis de fatigue au point de n’avoir plus vraiment conscience du temps.

La course du grand voyage avait été définie depuis belle lurette par les moines. Ils s’étaient inspirés d’un objet mythique qui définissait le temps avant les grands cataclysmes. Le fourmillage tournait donc autour de l’archipel des Suburbs, faisant halte sur chaque île pour trouver des provisions et compléter ses effectifs. Le trajet s’effectuait toujours dans le même sens car le temps ne se remonte pas à l’échelle d’une vie humaine mais dans la foi et l’abnégation. En fonction du lieu où se trouvaient actuellement les écervelés, il faudrait attendre plus ou moins longtemps. C’était en hommage à la sagesse qui subsiste quand l’âme se fourvoie et en signe d’espoir que les frères avaient décidé de ce cheminement pour le grand voyage. Comme si, par leur déplacement ultime, les écervelés pouvaient réintégrer la logique de toute chose et retrouver l’harmonie de la parole.

Pour marquer le passage du temps, les îliens préféraient suivre la course du soleil et la révolution des lunes plutôt que de se fier à d’antiques procédés. Un cadran solaire était dressé chaque jour, et les symboles marquant les heures, les années et les lunes minutieusement tracés sur le sable. Le lien et la parole étant le seul axe fixe sur lequel reposait désormais la civilisation, on en déplaçait l’axe entre la fin du jour et la levée des lunes, afin de témoigner d’un truisme : le passage du temps est relatif à la distance qui sépare les membres d’un clan, seule la parole en rendant l’immédiateté de la sensation et de la pensée commune aux différents membres, les libère de l’illusion de la matérialité et les réunit dans la conscience de l’Immuable.

A cette pensée, Blonx posa sa main sur son front, paume retournée vers le ciel. Il replia son pouce et le recouvrit successivement, du moins dans l’intention — car son index et son majeur avaient été sectionnés puis rongés par le sel dans les mines de plastique — de ses autres doigts, et enfin du merveilleux qu’il avait gardé intact et auquel il avait passé un anneau de bois de ktur joliment ouvragé.

Il avait probablement le même âge que Khalaba. Peut-être un peu plus vieux — la méthode des cadrans solaires itinérants souffrait d’imprécision. Une marée plus haute que d’habitude, un vent violent ou un installateur novice suffisait à introduire un peu d’incertitude dans le décompte global. Seule l’observation attentive des lunes permettait de rétablir un équilibre entre les dénombrements divers effectués sur chacune des îles. L’âge était à l’image de ce temps composé et recomposé. Une donnée variable marquée par les grandes étapes initiatiques plus que par la succession des jours.

Combien de temps lui restait-il avant de devoir à son tour revêtir le voile violet ? Il ne sentait pas ses sens s’affaiblir, ni son esprit se brouiller. Mais d’étranges réflexions l’accaparaient. La source, les visites des frères de la parole ne suffisaient plus à calmer l’angoisse qu’il sentait sourdre jusqu’à son être. Il prenait conscience qu’une fois qu’il ne serait plus assis dans la source, la parole se propagerait sans lui, comme elle allait continuer lorsque Khalaba les aurait quittés, comme elle s’était répandue avant l’arrivée de cette étrange petite fille, blanche comme du lait de Sulac et trop grande pour son âge. Le gros Blonx, la vieille Khala, la jeune Maelivia étaient tous et n’étaient qu’un accident de chair sur le chemin du verbe, comme les pieux dressés sur la plage marquaient de leur ombre le chemin du temps avant de disparaître.

Oui, les choses redeviendraient comme avant, tout simplement parce qu’elles n’avaient jamais changé.

On attendait qu’il parle, il prit donc la parole sans manifester d’émotion particulière, conscient de n’être que l’instrument de sa fonction auprès des siens:

— Frère Troc, comme convenu, vous apprendrez à Maelivia le maniement des gourdes et la marche sur l’eau.

Un murmure s’éleva dans la salle du conseil. Les nourrices, qui avaient préparé Maelivia et qui s’effrayaient encore de ses tics et de ses grimaces, comprenaient mal comment il lui serait possible d’apprendre dans un laps de temps fort restreint une technique aussi compliquée. Le vieux Fiasc se fit leur interprète. Sans même prendre la peine d’observer de nouveau la gamine, Blonx répondit que cela ne poserait aucun problème. Il ajouta que la communauté ne pouvait se permettre d’affréter un fourmillage qui fautes de réserves suffisantes dans les mines ne pourrait survivre. Il rappela à tous que frère Troc était passé maître dans le maniement des gourdes et qu’a n’en pas douter il ferait merveille cette fois encore.

Frère Troc leva les yeux sur le vieux Blonx. Sous l’amas de chair et de graisse qui constituait cette imposante icône — le vieux Blonx était une référence sur l’île de la Communion — sous les tissus orange qui couvraient cette masse à la peau jaune, à l’abri de ce crâne glabre, il lui semblait distinguer un nouveau personnage. Deux yeux noirs, vifs et perçants, lui déshabillaient l’âme. N’était-il pas nu depuis le début devant ce vieillard bien portant? Il s’était cru richement vêtu par les artifices de la parole, et il avait suffi d’une enfant pour qu’il se découvre aussi vulnérable qu’aux premiers jours de son départ.

Armé de son savoir, fort de son héritage, se sachant des alliés puissants il se sentait pourtant extrêmement vulnérable, fragilisé par le déphasage temporel qui l’avait projeté dans les replis du temps, sans repère et sans guide. Il baissa les yeux. Sa priorité, pour l’instant, était Maelivia. Il lui apprendrait à marcher sur l’eau… Et bien d’autres choses encore… quoi qu’il en coûte. A mesure que la peur se frayait un chemin dans son esprit, son cœur renouait avec le désir et l’espoir. Le gros Blonx sembla frémir à mesure que frère Troc relevait la tête. Mais peut-être n’était-ce qu’une impression.

Fiasc annonça ensuite la venue prochaine du fourmillage des écervelés. Il suffisait d’attendre. Et tout redeviendrait comme avant. Si tant est que rien n’ait changé, aurait pu ajouter Blonx qui conclut l’allocution en invitant les îliens à partager le repas de la concorde.

La gorge nouée, Frère Troc ne put rien avaler. Maelivia non plus. Elle était bien trop impatiente d’apprendre à marcher sur l’eau pour s’intéresser à un simple repas. Didi, lui, trouva tout fade. C’était maintenant, alors qu’il retrouvait ouvertement sa sœur, qu’il commençait à la perdre. Il ne pouvait partager son chagrin avec elle, tout occupée qu’elle était à mimer l’idiotie la plus profonde, ni avec les autres îliens, sous peine de révéler la supercherie. Quant à frère Troc, le seul qui connut la vérité, il semblait, depuis la réunion du grand conseil, avoir avalé un os de chpoule de travers.

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