Nok était un écureuil de bonne intelligence tous ce qu'il y'a de plus classique. Une belle robe orange, une toison de queue magnifique et de beaux yeux noirs globuleux. Un beau spécimen. Tak, son frère, était similaire en tout point mais il se distinguait par un bon sens au ras des pâquerettes. On pouvait lire dans ses yeux un degré de catastrophe qui tenait du désastre absolu. En clair, il cherchait toujours les ennuis.

 Il vivait dans le jardin de Sillas, un quadragénaire au chômage avec lequel ils n'avaient pas de rapport. Les écureuils se considèrent loin au-dessus des autres espèces et pour eux, l'humain n'est qu'une grande bête stupide.

 — Ils sont fous ces humains, dit alors Tak à son frère un beau matin. Je l'ai vu ce matin étendre sa peau de toutes les couleurs sur un fil, elle était mouillée. Est-ce qu'on enlève nos poils, nous, quand ils sont mouillés je te le demande.

 — Tu sais Tak, les humains sont une espèce inférieure, philosopha Nok. On ne peut pas espérer leur apprendre quelque chose de valable. S’ils n'étaient pas si grand, ils seraient surement éteints depuis longtemps.

 — Peut être répondit Tak, mais on ne peut pas leur enlever que leur nourriture est bonne. L'autre jour, le grand était assis dans le jardin et il mangeait un truc long et marron qui sentait bon, lui expliqua Tak en se frottant le ventre. Je me suis approché discrètement et alors qu'il détournait le regard, je lui est chipé. Pour la science tu comprends, dit-il précipitamment en voyant le regard noir de son frère.

 — Pour la science, oui, s'exclama Nok d'un ton carnassier.

 — Ce truc était délicieux. Et rempli de noisette ! reprit-il sans même regarder son frère. Tu ne me croiras jamais, quand il s’est retourné, il m'a parlé !

 — C'est stupide, les humains ne parlent pas, ils font juste des bruits bizarres, intervins Nok, sûr de lui et de ses connaissances sur les humains.

 — Comme je te le dit ! Il m'a demandé ce que je faisais là. Je ne me suis pas laissé démonter, je lui ai dit que je faisais ce que je voulais et qu'il avait intérêt de me laisser le bon "mangé" ou je lui mordrais les doigts, hurla-t-il en montrant les dents.

 — Il a dû être impressionné, lui dit Nok en riant.

 — Je veux oui ! Il est tombé de son truc plat ou il était assis et c'est enfui en hurlant : "Il parle ! L'écureuil, il parle !! Chérie !"

 Nok pensa à cette discussion, il connaissait Tak, il était bas de plafond mais pas menteur. Il tourna le problème dans sa tête puis finis par dire :

 — Ils sont fous ces humains.