Chapitre 20

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Kyle arrêta le moteur de sa moto et aida son petit-ami à descendre. Le métis retira son casque et le tendit à son aîné qui le récupéra pour le ranger plus tard. Le bruit du véhicule devait avoir eu l'effet d'une alarme, parce que Laël vit un attroupement se former autour d'eux comme des abeilles s'agglutineraient autour du miel. C'était à la fois intimidant et étouffant, mais la présence de Kyle dans son dos suffisait à le calmer. Il se savait en sécurité avec lui et il le connaissait assez pour savoir que personne n'oserait s'en prendre à son compagnon.

— Alors c'est toi, le fameux Laël, fit le châtain en tête de ceux qui les accueillirent, un immense sourire sur le visage. On a beaucoup entendu parler de toi et on avait hâte de te rencontrer.

— Seb, laisse-lui de temps d'arriver. Et c'est pareil pour vous. Vous n'avez rien de mieux à faire ?

— Mieux que rencontrer le compagnon de notre alpha, tu rigoles, j'espère, contredit un autre membre de la meute, provoquant l'hilarité générale.

— Cal, tu devrais apprendre à réfléchir avant de parler si tu ne veux pas que je me serve de toi comme souffre-douleur au prochain entraînement.

— Oui chef, acquiesça l'homme en tendant son corps au maximum, comme pour un salut militaire.

— Si c'est compris pour tout le monde, je ne veux plus voir personne ici. Alors du balai, et plus vite que ça.

Accompagnée des râles de chacun, la place se vida petit à petit, ne laissant plus que le couple sur place. Même le second avait jugé préférable de s'éloigner et de probablement revenir plus tard. L'aîné les guida vers une grande maison qui surplombait l'ensemble des maisons, mais sans vraiment être à l'écart. Le village n'était pas bien grand, mais tout respirait le bonheur et le bien-être. Les maisons étaient toutes dans un état impeccable et beaucoup étaient décorées de parterres de fleurs sous les fenêtres donnant sur les rues principales.

Arrivé à destination, Kyle n'eut pas le temps d'insérer la clé dans la serrure qu'on lui sauta dessus. La femme n'était plus toute jeune, mais elle débordait d'énergie. Et à la couleur de ses yeux, Laël sut qu'elle avait un lien de parenté avec son petit-ami. Après tout, il n'avait vu personne d'autre avec des prunelles aussi vertes.

— Dis-moi, jeune homme, je peux savoir pourquoi je ne le rencontre que maintenant ? demanda la vieille dame en tirant sur l'oreille du brun.

— Mais arrête grand-mère, tu me fais mal.

— Ça t'apprendra à me présenter ton copain en dernière.

Laël ne put empêcher un rire de sortir de ses lèvres devant l'attitude de cette femme avec son petit-fils. À travers ce simple geste qu'elle se permettait devant lui et envers celui qui était son alpha, on sentait toute la complicité qu'il y avait entre eux.

— Enchanté, jeune homme, fit-elle sans lâcher le brun. Je suis Edwige Wright, la grand-mère paternelle de cet idiot.

— Enchanté madame.

— Voyons, personne ne m'appelle madame ici. Et en plus, tu fais partie de la famille. Appelle-moi Ed et tutoie-moi.

— D'accord, acquiesça le métis.

— Grand-mère, tu veux bien lâcher mon oreille maintenant ? demanda Kyle, visiblement agacé qu'on l'oublie.

Après un dernier tirage, l'ainé lâcha son petit-fils en souffla pour bien montrer son mécontentement d'avoir été la dernière à rencontrer le plus jeune.

— Au fait, tant que j'y pense, tes parents sont rentrés pendant que tu n'étais pas là.

— Ils ne devaient pourtant rentrer que la semaine prochaine, s'étonna le brun.

— Il semblerait qu'ils aient appris, par le plus grand des hasards, la venue de ton compagnon parmi nous et ils ont donc décidé de raccourcir leurs vacances.

— Je me demande bien comment ils l'ont su, annonça Kyle en lançant un regard lourd de sens à sa grand-mère.

— Je n'arrive pas à croire que tu accuses une pauvre vieille dame sans défense.

— Toi, sans défense, laisse-moi rire.

— Non mais comment tu parles à tes ainés, jeune homme, s'offusqua faussement la vieille femme. Je pensais que ta mère t'avait mieux élevé que ça.

— Quelque chose à redire sur mon travail belle-maman ? demanda la femme qui venait d'apparaître dans l'encadrement de la porte.

Il se dégageait d'elle une prestance certaine. Elle était fière et ne se laissait pas démonter par les propos de sa belle-mère. Elle portait une tenue élégante qui épousait parfaitement son corps. Son chemisier rouge n'était pas sans rappeler ses lèvres de la même couleur et ses cheveux, d'un noir profond, encadraient superbement son visage. Ses yeux noisette étaient somptueusement mis en valeur par un léger maquillage. L'homme qui les rejoignit n'était pas sans reste. Il avait beau ne plus être l'alpha, il en gardait toujours l'aura. Ses yeux verts, emplis de sagesse acquisse avec l'âge, trahissaient sa parenté avec Kyle. Sa taille, qui devait avoisiner le mètre quatre-vingt-dix, et ses épaules carrées le rendaient imposant malgré son visage bienveillant. Laël comprenait mieux d'où venait le charisme qu'il admirait tant chez son amant. Avec de tels parents, on ne pouvait qu'avoir une présence qui ne laissait personne indifférent.

— Maman, papa, je ne vous attendais pas si tôt. Il ne fallait pas raccourcir vos vacances alors que ça faisait des années que vous n'étiez pas partis.

— Et rater la venue de ton compagnon ? se scandalisa sa mère. Il en était hors de question.

— Tu connais ta mère, se lamenta le père, dès qu'elle a su que tu ramenais Laël au village, je ne pouvais plus l'arrêter. Je n'ai même pas eu le temps d'essayer de la raisonner qu'elle avait déjà refait les valises et acheter les billets d'avion pour revenir.

Laël n'écouta pas plus. Il regarda son compagnon, ses parents, puis de nouveau Kyle. Il ne savait vraiment pas comment réagir. Devait-il se présenter au risque de les interrompre ? Devait-il rire devant le ridicule de la situation ? Devait-il prendre ses jambes à son cou après avoir assisté à une telle scène ? C'était rare qu'on arrive à le clouer sur place, mais cette famille avait réussi en seulement quelques phrases.

— Vous allez arrêter oui, ordonna Edwige en se mettant au milieu. Regardez-moi ce pauvre petit, il ne sait plus où se mettre. Ne t'occupe pas d'eux, vas-y entre, fait comme chez toi, ajouta-t-elle avec un sourire bienveillant.

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