Une nouvelle bataille…

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“ - Qu'est ce que tu fous encore là?

- Je me repose…

- C’est ce que tu crois…

- Cécilia… S’il te plait… Je suis si bien ici… Avec toi…

- Mais t’es pas avec moi… Tu crois que t’es avec moi… Mais moi, je suis plus là… Depuis longtemps…

- Mais…

- Je suis en train de veiller sur toi de là où je suis… Mais si tu continues à traîner ici, je pourrais plus faire grand chose…

- Je veux venir avec toi alors, te rejoindre où tu es…

- N’y pense même pas… Tu ne peux pas de toute façon… Si tu veux me rejoindre, ouvre les yeux…

- Je sais très bien que t’y sera pas…

- Si! Si tu regardes bien tu me retrouveras au fond de ses yeux… Allez file de là!!! On se retrouve plus tard…”

Je me suis fié à elle, simplement parce que je lui faisais confiance, comme au premier jour, comme après cette première soirée, où rien ne s’était encore passé, comme je l’ai toujours fait.

J’essaie d’ouvrir une nouvelle fois les yeux, très légèrement, la lumière semble moins violente, plus douce, autour de moi, tout semble très calme, en dehors des ces bruits, qui continuent leur mélodie, toujours sur le même rythme.

Quoique… Un des bruit semble accélérer lentement… Mais… Non, j’ai dû rêver… Attends, concentre toi… Si… C’est léger, mais ça accélère.

Et la douleur… Je dirais qu’elle s’est atténuée… Légèrement… Mais j’ai quand même mal si j'essaie de bouger…

Je suis allongé, c’est sur… Sur le dos… Ca aussi j’en suis sûr… J’ai des fourmis dans les fesses… Comme quand je fais la sieste trop longtemps dans l’herbe…

Encore quelques millimètres et je devine d'où vient la lumière, pas du plafond, à-priori, plutôt de derrière moi, non, plutôt sur le côté…

“Allez encore un effort, ouvre ces putains de paupières!!!”

“Allez Louis, juste un petit effort, juste ouvrir les yeux, juste quelques secondes. Je peux y arriver…”

- Lou? Juste un murmure, juste un soupir… Mon Lou?

- Mmmmh…

- Mon Amour… C’est moi… C’est Chou…

- Tu… Pleures?

- Tu es tombé en vélo… T’es à l'hôpital, mais tout va bien… Bouges pas… Je reviens…

Je n’ai pas pu lutter plus longtemps, mes yeux se sont refermés, en repensant à ses sanglots. Je me demande pourquoi…

- Je vous le dis… Il a ouvert les yeux… Il m’a parlé!!!

- C’est bon signe… Mais ne vous emballez pas… Il est encore très faible… Même s' il est sorti du coma…

- Vous ne me croyez pas? Venez voir vous-même… Mon coeur??? T’es encore là?

- Bien sûr que je vous crois mademoiselle…

- …

Je l’entends, j’aimerais lui répondre, mais impossible d'esquisser le moindre mouvement maintenant…

- Laissez-le se reposer mademoiselle, rentrez chez vous, allez vous reposer, vous en avez plus que besoin…

- Hors de question!!!

- Comme vous voulez… A plus tard…

Je sais que j’aurais dû bouger, même légèrement, mais je n’en ai pas été capable, malgré cette grande inquiétude dans sa voix. Je continue à flotter dans cet entre-deux, attiré, d’un côté par la lumière que j’ai pu percevoir auparavant, par l’envie de voir Charlène, de la rassurer et d'effacer son inquiétude, et d’un autre par cette sensation de bien être qui m’entoure ici, par le calme et la douceur qui règnent, et l’envie de repartir pour retrouver la voix de Cécilia, ou plus…

Ma seconde réapparition dans le monde des vivants se déroule dans la matinée, je me sens soudain manipulé, roulé sur mon flanc gauche, puis remis sur le dos, une sensation de fraîcheur sur ma peau et de l’agitation autour de moi, accompagnée par le parfum chimique des produits de nettoyage. Puis une voix claire, reconnaissable entre toutes, vient murmurer à mon oreille.

- Mon amour… Je sais que tu m’entends… Je sais que tu es là… Ne me demande pas comment, mais je le sais… Je te demande pas de me répondre ou de me serrer dans tes bras, mais j’ai vraiment besoin d’un signe, d’un tout petit signe… S’il te plait…

- Chou?

- Oui!!!

- T’aime… Fort…

- Chut… Ne gaspille pas ton énergie… Je le sais déjà…

- Embrasser…

Je sens alors la douceur de ses lèvres au coin des miennes, j’ouvre légèrement les paupières, devine son visage tout près du mien, et je sens un frisson me parcourir jusqu'au bout des orteils, et la douleur qui me fait grimacer.

- Je t’ai fait mal, désolée…

- Non… Pas toi… Frisson… Pas grave…

- Allez repose toi, reprend des forces, on parlera plus tard… Je reste là…

Les épisodes de pleine conscience se sont multipliés dans les heures qui ont suivi, sans que je ne parvienne encore à comprendre ce qui s’était passé, je sentais la présence de Charlène près de moi, sa main posée sur mon bras encore valide, ou serrant mes doigts, ses caresses sur mon visage, ses lèvres sur les miennes par moment.

- Ma puce?

- Oui?

- Il s'est passé quoi?

- Tu te souviens de rien?

- Si un peu, je me souviens jusqu’à ce que je passe St André, j’était bien sur le vélo, bonnes jambes, pas trop chaud, je roulais vite pour pas etre en retard chez tes parents. Et je me suis révéillé ici, j’ai un gros trou noir…

- Tu t’es pris un arbre en vélo.

- Tout seul?

- Pas vraiment… T’as voulu éviter une voiture qui arrivait en face… Heureusement il t’as pas touché… C’est les gens, dans la voiture qui suivait, qui t’ont ramassé… T’as frappé la barrière au bord de la route avec le vélo, et t’as décollé, pour finir violemment contre un arbre. Heureusement que t’avais ton casque, sinon…

- D’accord… Et Cilia?

- Chez mes parents depuis une semaine… Elle se languit de te voir…

- Demain?

- Tu veux vraiment la voir? Dans l’état que tu es?

- Veux la serrer contre moi… L’embrasser… Suis si abimé que ça?

- Tu veux la liste?

- Oui…


Elle énumère la longue liste de mes blessures. Jambe droite: cheville fracturée, tibia pété, péroné même tarif et double entorse du genou, col du fémur. Fracture du bassin, plus trois côtes. Bras droit: radius, cubitus, humérus et clavicule. Sans compter les hématomes, les plaies et mon amour-propre, même si je sais que je ne suis responsable de rien…

Après ma figure libre, je suis resté inconscient trois jours, j’ai subi trois opérations pour résorber les fractures à la jambe et au bras avec pour résultat: une plaque en titane et dix vis dans le tibia, deux plaques en titane et huit vis dans le bras, pour le fémur, deux vis ont suffit. Le bras droit en écharpe, la jambe plâtrée du pied à la hanche pour quatre semaines, impossible de me déplacer par mes propres moyens.


- Tu m’as vraiment fait peur mon Loulou… J’ai cru que je te reverrai plus jamais… J’en fait encore des cauchemars…

- Ne pleure pas…

- C’est la fatigue, les nerfs qui lâchent, et le bonheur de te voir enfin réveillé, tu te rends pas compte de ce que j’ai vécu…

- Oh que si je me rends compte, je l’ai déjà vécu moi aussi tu te souviens??? Et la fin n’a pas été aussi heureuse…

- Bien sûr… Mais j'y ai pas pensé là…

- Je suis vraiment désolé ma puce.

- T’y es pour rien, c’est pas de ta faute… Puis tu vas mieux, alors…

- Et je vais aller de mieux en mieux… J’avais un but à la fin du mois…

- T’es sérieux? Et tu vas faire comment? En fauteuil?

- L’année prochaine… C’est pas grave… Je suis pas pressé…

- Tu sors la semaine prochaine normalement, t’auras le temps d’y repenser…


Après deux jours encore difficiles suite à mon réveil, mes journées ont repris un rythme un peu plus normal, avec les séances de kiné tous les matins pour maintenir mes muscles en éveil, les visites et les appels de nos amis.

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