- Coucou les amoureux, vous êtes enfin là !

- Désolé mais c’était un peu la merde sur la route… Et la belle sœur, elle est où?

- Toujours au boulot… Elle devrait pas tarder...

- Alors, comment ça se passe?

- Le boulot? Nickel, je me régale, on travaille à l'ancienne, je fais de l’atelier, du terrain, je dépanne sur les machines quand on a un absent. J’ai chopé une grosse commande le mois dernièr, stock de pièces de rechange pour un exploitant de remontées mécaniques, pour trois ans minimum. Et vous?

- Ça se passe… On verra après les exams…

- Je m’en fout de ça, je parlais de vous deux…

- Nous deux? Parfait… On se voit que le week-end, ça limite les problèmes.

- Ouais, encore que… T’arrive quand même à être chiante des fois…

- Elle? Chiante? T’exagère juste un petit peu…

- C’est bon les gars? C’est pas encore ma fête…

- Je suis content que ça se passe bien pour vous deux…

- Tu payes ta bière?

- C’est parti! Thaïs, tu bois quoi?

- Pareil…

- Tu remontes dans mon estime toi!

Nous nous installons dans le jardin, en attendant que Charlène rentre, et continuons notre discussion au soleil. Je leur présente un peu le programme de la semaine, Max et Elena nous avaient invité à passer une semaine chez eux, ils avaient retapé une petite dépendance de leur corps de ferme et voulaient nous en faire profiter. Nous allions enfin découvrir leur petit coin d’Italie entre Turin et Asti, dans la plaine du Pô, j'en avais profité pour inviter Thaïs et Cédric à se joindre à nous histoire de décompresser avant leurs examens de fin d’année.

Malgré la proximité, nous n’avions jamais pris le temps d’aller leur rendre visite, et leurs séjours réguliers chez Caro et Patrick nous permettaient de les voir souvent, mais lorsque l’occasion s’est présentée, nous n’avons pas hésité longtemps.

- Surtout m’attendez pas pour l’apéro!!!

- Ta belle-sœur avait peur de se déshydrater....

- Tu parles, c’est sur que toi, tu risques pas grand chose…

- T’es en forme ce soir toi!

- Ouais, plutôt! C’est les vacances!

- Bon sers toi et viens nous rejoindre.

- Comme si j’allais me gêner.

Après une soirée pizzas-rosé-chanson, et une petite nuit de sommeil, nous prenons la route à l'aube direction Villanova d’Asti, petit bourg niché dans la plaine agricole fertile du Pô.

Trois heures de route plus tard, après avoir traversé les paysages somptueux des Alpes, nous arrivons à destination, et je dois dire que la région respire la tranquillité avec ses champs à perte de vue et les sommets des Alpes qui se laissent deviner au loin. C’est assez différent de ma Provence et de ses collines, et de nos montagnes Alpines.

- Ciao a tutti, come stai?

- Zia! Zio! Zia! Zio!

- Principessa...

- MAMMA!!!! SONO ARRIVATI!!!!

- Lili!!! Stai calma un poco! Désolé, elle est surexcitée depuis ce matin…

- C’est normal, t’inquiete pas.

- Ciao amanti!

- Ciao Elena.

- Vous avez fait bonne route?

- Super… On a un peu trainé, profité du paysage.

- Vous avez bien eu raison. Venez, entrez.

La tornade nous ouvre la route tandis que Max et Elena nous font visiter la maison, un ancien corps de ferme qu’ils avaient acheté presque en ruine et qu’ils avaient rénové pendant plusieurs années. Les façades en pierre sont juste magnifiques, trouées par d’immenses fenêtres, tout le rez de chaussée voûté est consacré aux pièces à vivre, salon, salle à manger, cuisine, et l’étage, aux chambres, une salle de jeux immense, et une grande terrasse avec cuisine extérieure et vue sur la plaine, le tout à moins de cinq cent mètres du centre et de toutes les commodités, au calme.

- Lou, Cédric, suivez-moi, on va laisser les filles à leurs blablas.

- On va où?

- Dans mon garage, j’ai quelques trucs qui devraient vous plaire.

- Genre?

- Genre qui fait du bien aux yeux et aux oreilles…

Effectivement, sur le côté du bâtiment, il s’était aménagé un immense garage, avec un atelier entièrement équipé, dans lequel il gardait précieusement à l'abri trois beautés à quatre roues, parfaitement restaurées.

Une superbe Alfa Romeo Giulia GT 1300 Junior, une minuscule Autobianchi A112, et une Mini en parfait état, sur le pont de l’atelier siègent les vestiges d’une Renault 5 GT Turbo, encore en pièces, un pur régal à petit budget pour tout amateur de vieilles mécaniques.

- Ah oui, quand même!

- Elles sont magnifiques!!!

- Il manque que la tienne…

- Tu rèves là… Quoique, elle se fondrait parfaitement dans le décor. Mais depuis quand?

- Depuis que j’ai trouvé la tienne… Quand j’ai vu ce qu’elle est devenue, j’ai eu envie de faire pareil…

- La Giulia… Elle est sublime… Peinture d’origine?

- Bien sûr… Elle a un peu la même histoire que la 205 de Louis, les enfants qui vendaient la vieille grange de leurs parents, quand je leur ai dit que c’était tout encombré, ils m’ont répondu de débarrasser à mes frais et de garder ce qui pouvait me servir. Quand je les ai rappelés pour la voiture, ils ne connaissaient ni son existence, ni sa valeur, on a fait les papiers et elle est devenue la première pièce de ma collection… Pour une poignée de figues…

- Mais tu t’y connais en mécanique?

- Pas vraiment, mais j’apprends au fur et à mesure. Pour la Giulia, on a juste remplacé tous les joints du moteur, toutes les durites, refait les freins, et nettoyé le circuit de carburant avec un pote, puis un petit lustrage et voilà… Les deux autres, elles étaient en moins bon état, j’ai appris la carrosserie, la vraie mécanique, démontage boite, moteur… Le GT, j’essaye tout seul, on verra bien.

Le lendemain, ils nous font découvrir Turin, le Palazzo Reale, les Jardins Royaux dessinés et réalisés par Le Nôtre, la Piazza Vittorio Veneto et l’église de la Gran Madre de Dio, la Porta Palazzo et son marché à ciel ouvert (le plus grand d’Europe) où se mélangent toutes les cultures d’Europe, d’Afrique et d’Asie. Une ville remplie de lieux historiques, culturels, religieux qu’un mois entier ne suffirait pas à découvrir et visiter.

Nous avons aussi visité Asti, sa majestueuse Cathédrale Santa Maria Assunta d’Asti, son patrimoine historique médiéval, ses palais et ses tours, et bien entendu, fait une virée dégustation des vins réputés de la région, les jours suivants nous avons profité simplement d'être avec eux, en famille.

En les quittant une semaine plus tard, la tête emplie d’images somptueuses, nous nous sommes promis de revenir le plus tôt et le plus souvent possible, continuer la découverte de cette région. Le plus difficile pour moi, fut la séparation avec Alicia, malgré son besoin constant de bouger et de parler, j’avais réussi à dompter l’ouragan et toute la semaine elle nous avait accompagné dans nos vadrouilles, laissant un peu de répit à ses parents qui en profitaient pour souffler quelques heures.

Sa présence constante à mes côtés me confirma mon envie d’enfant, de partager avec Charlène ce bonheur d’accompagner un enfant sur le chemin, semé d'embûches, de la vie, de partager tout ce que je savais, de découvrir cette joie de devenir parent.

C’est en larmes qu’elle me conduisit jusqu’à la voiture et claqua la portière au moment de partir, tandis que je me sentais tellement coupable de l’abandonner dans cet état, à ce moment précis, j’aurai tellement voulu la consoler mais je savais que de toute façon, au moment ou je reposerais mes fesses sur les siège, la crise reprendrait de plus belle.…

Avant de passer la frontière, nous nous offrons une nouvelle journée à Turin, profitant cette fois d’un programme plus léger, pour flâner au marché de la Porta Palazzo, faire quelques emplettes et rapporter quelques souvenirs, et surtout me changer un peu les idées…