Soirée détente…

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‘ Loulou… Reprends-toi… T’es capable de gérer… Ça fait des années que t’a pas fait de crises aussi violente… Tu peux y arriver… Regarde dans quel état tu t’es mis… Est-ce que ça en vaut la peine ?... Probablement pas… Reprends-toi… Et excuse-toi… Elle y est pour rien… Elle avait juste besoin de se retrouver seule, de se bouger, de retrouver ses habitudes… T’as pas le droit de la priver de ça après tout ce qu’elle fait pour toi…

-T’as raison mon Étoile… Merci d’être là… De me protéger…’

Une tape sur l’épaule me tire de ma méditation, je redresse la tête et ouvre les yeux, sans savoir depuis combien de temps je suis là.

« - Lou… J’ai terminé… On file...

- Attends… Prends une chaise et viens… Faut que je te parle…

Son visage se décompose, mais elle essaie de garder de la contenance, trop tard.

- Tu préfères pas qu’on aille dans le parc ?

- Si tu veux…

Elle me prend la main et me tire derrière elle. Nous nous installons sur notre banc habituel. Lorsque je croise son regard, ses yeux sont rougis, des larmes roulent sur ses joues.

Vas-y, déballe ton blabla, qu’on en finisse et je te ramène…

Je suis surpris par sa réaction, son ton, et ses mots, mais j’ai des excuses à faire et je dois les faire coûte que coûte…

- Chou… Je suis désolé pour ce matin… C’est moi qui ai déconné… Je peux pas me permettre de te priver de ta vie comme ça, juste parce que je suis pas capable de me contrôler… De contrôler ma peur et mes angoisses… T’as le droit à ta liberté… On peut pas rester ensemble…

- C’est bon j’ai compris… N’en dit pas plus… Tu veux que… Tu rentres… Chez toi ?

- Pardon ? Tu plaisantes j’espère ? Tu me lâche ? Pour une simple petite dispute ?

- NON !!!!! Je croyais… Que c'est toi qui voulais partir…

- Risque-pas… J’ai fait des promesses à un tas de personnes, dont Cécilia… Et toi… T’as voulu m’aider, j’ai accepté… Et j’ai promis d’aller au bout si tu prenais le risque… Merde alors… J’aurais jamais cru que je te laissais ce doute…

- Merci mon cœur… Je… Pardon encore une fois… On… Faut qu’on se dise plus souvent les choses au lieu de bouder dans notre coin… J’ai vraiment cru que je t’avais perdu… Que tu voudrais pas rester…

- Ma puce… Je t’aime… Vraiment… T’as tellement changé ma vie… T’accepte de m’aider et je sais que j’en ai besoin, belle preuve aujourd’hui d’ailleurs… J’ai pas envie d’être séparé de toi… Plus jamais…

- Je t’aime aussi mon bébé… Comme une grande sœur au début… Mais j’ai vraiment découvert une belle personne quand je t’ai rencontré… T’as envahi ma petite vie tranquille, tout chamboulé… J’ai du mal à te quitter moi aussi, mais j’ai vraiment besoin de temps pour moi, ON a besoin de temps pour nous…

- T’as raison, c’est pas bon d’être toujours ensemble, on doit organiser des temps pour chacun… Si t’as envie d’aller courir, ça me gêne pas, je veux juste que tu me le dises… Ou si tu veux aller faire des trucs de filles, avec des copines…

- Merci… Toi, aussi, il faut que tu arrêtes de rester enfermé au studio, ou au centre…

- C’est plus compliqué, je fais comment pour bouger ? Et avec qui ?

- Je te mène si tu veux, on s’organise des trucs en même temps…

- On verra ouais… Bon… On se rentre ?

- Non, pas tout de suite… J’ai besoin de me détendre… Vraiment…

- Ben vas-y, profites-en… Ça me gêne pas…

- Non, tu viens avec moi… Jacuzzi, sauna, hammam, piscine ça te fait pas envie ?

- Jamais essayé tout ça… Mais si t’en a envie, je te suis… »

Après un passage éclair au studio pour déposer nos affaires et nous changer, nous avons filé en direction de la piscine de Briançon. Je ne connaissais pas toutes ces activités, en dehors de la piscine bien entendu, mais c’est complètement apaisé et détendu que j’ai quitté les lieux, deux bonnes heures plus tard, vidé des mauvaises vibrations de cette journée difficile.

Une fois rentré, je récupère Mélo, je me sens inspiré et j’ai un boulot à terminer pour elle, mais je ne trouve toujours pas les mots à poser sur la mélodie qui a commencé à prendre vie dans ma tête. Je travaille à l’envers sur ce morceau, je le sais, mais quand les notes s’enchainent dans mon esprit, et qu’elles composent quelque chose qui me plait, je ne peux pas les oublier et passer à autre chose. Il faut absolument que je trouve des paroles pour les accompagner, jongler avec les mots n’est pas vraiment mon fort depuis quelque temps et je sèche. Je joue et rejoue cette mélodie obsédante, gribouillant mon cahier, raturant, pour trouver les bons enchaînements, le bon rythme, et comme souvent dans ces cas-là, je lâche l’affaire au bout d’une petite demi-heure, un peu dépité.

Lorsqu’elle vient me rejoindre, deux bières dans les mains, et s’installe à mes côtés, je comprends qu’elle est encore troublée par cette journée.

« - Tu fais quoi ?

- Je galère… Sur ta putain de chanson…

- C’est joli ce que tu jouais, j’aime bien…

- Merci, content que ça te plaise… Mais j’ai pas le blabla…

- Prends ton temps, je suis pas pressée… Bon, on chante ?

- T’es sérieuse ?

- Ouais, carrément… J’aime bien quand tu joues pour moi… C’est romantique…

- En fait j’aime bien moi aussi, quand tu fredonnes avec moi, même si c’est un peu faux…

- Désolée, j’ai jamais appris… Mais tu pourrais…

- Je saurais pas faire… Jouer, je pourrai t’apprendre… Mais chanter non…

- Mais toi ? T’as bien appris ?

- Tout seul, en écoutant, en jouant, et au début c’était plus des attentats que des chansons… Et puis t’as déjà un joli brin de voix, faut juste que tu te concentre sur les notes, et que tu essaie de les reproduire avec ta voix.

- Ouais, c’est bon… Joue… En Italien, ça nous fait ça en commun. »

Elle me connaissait tellement bien, j’étais fier de mes origines, moins marquées que les siennes, puisqu’elles avaient sauté plusieurs générations, trois pour être précis, pourtant, j’avais une affection particulière pour ce pays et sa magnifique langue, sa musique, et bien sur ses spécialités culinaires, héritage sentimental, je pense un peu génétique aussi, mais aucun souvenir de lui en avoir parlé.

Je me suis donc fait un plaisir de jouer quelques titres pour elle, juste quelques classiques, tirés de mon répertoire, l’entendre m’accompagner dans cette langue si mélodieuse, leur donnait une autre dimension à mes oreilles, sa voix devenait plus puissante, plus rauque avec l’accent transalpin.

J’aime ce genre de soirées, jouer de la musique, chanter, boire une bonne bière, avec ceux qui comptent pour moi, retrouver ce sentiment a effacé les évènements de la journée, et après un repas frugal, nous avons encore fredonné tous les deux, a-capella cette fois puis nous nous sommes endormis apaisés et sereins, blottis l’un contre l’autre.

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