Amours

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Il est 7h 30. J’attends mon soi disant « bien aimé » arriver. Je suis sur le banc qui jonche le foyer, là où peu de monde peuvent me voir. Je suis à cran avec la fatigue mêlée à l’appréhension. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit ! Rien de bon en gros ce matin pour moi. Je ne sais plus comment tenir en place. J’ai des fourmis dans les jambes quand j’arrête de bouger, alors je continue malgré moi. Je les fais trembler, je me lève et je fais les 100 pas. Bref, autant dire que les autres doivent me prendre pour une demeurée.

Il ne va pas tarder à arriver et je ne sais toujours pas ce que je vais lui dire, ni ce qu’il va me faire malgré des heures de préparation mentale et une imagination bien débordante … Je me suis tout imaginée, même les pires scénarios capables de se produire. Et en fait, je préfère ne rien me dire, autrement je risque de prendre la fuite avant qu’il n’ait pu placer une seule parole.

Est-ce que je vivrais mon vrai premier baiser ce matin ? Et Anaïs et Laura, que vont-elles penser de mon « histoire d’amour ». Elles n’y croiraient sûrement pas. J’ai dis à Anaïs que je n’aimais pas Alexandre il y a quelques jours à peine. Et là, on se retrouve en couple lui et moi ? Autant dire que ça fait un peu gros d’un seul coup. Et Laura, ma jolie Laura… Elle qui dit que l’amour n’existe pas, elle qui dit qu’il n’y a que le sexe qui existe dans ce monde de brute. Que va-t-elle penser quand je lui montrerais que j’aime Alexandre ? Me croira-t-elle seulement ?

Je suis tellement impatiente de me rendre en cours de français pour une fois ! Pas seulement parce que j’aime beaucoup le français mais au moins ça signifierai que le pire est passé, que j’ai survécu à Alexandre.

Et le voilà qui arrive vers moi. Je veux prendre mes jambes à mon cou, je veux courir me cacher, je ne veux pas qu’il me regarde comme je le regarde. Il n’a vraiment rien de spécial. C’est juste un mec parmi tant d’autre. Il est habillé d’une manière vraiment … Horrible. Autant dire que son style vestimentaire est atroce. Il a une démarche vraiment étrange. Je ne sais pas si j’arriverais à l’aimer comme il faut.

Alors que je m’attendais à un truc super romantique, c’est à peine s’il ose me faire la bise, avant de se mettre à l’autre bout du banc, le coin le plus éloigné de moi. Le voilà à côté de moi, et un silence gênant prend le temps de s’installer entre nous. Je fais le premier pas pour engager la conversation vu qu’il n’a pas l’air très décidé :

-Tu avais quelque chose d’important à me dire il me semble.

Même pas le droit à une réponse. Il a l’air si froid … Les gens qui passent devant nous doivent se retenir de ne pas rire en nous voyant l’air ainsi gêné. Alors que le temps s’écoule à une vitesse phénoménale, Alexandre prends une grande inspiration et me dit très vite ;

- Veux-tu sortir avec moi ?

Avant de lui donner une réponse définitive, je réfléchis une dernière fois à tout ce que ma réponse allait avoir comme conséquence, et comme je n’y vois toujours pas d’inconvénient, et que je ne pensais pas avoir quoique ce soit à perdre, je lui dis que oui.

-Alors c’est ça être en couple …

Je ne vois aucun changement en moi, pourtant ma vie prend un tournant différent de celui que j’avais prévu au départ.

Lorsque je vais en cour de français, je n’ose dire à personne que je sors avec Alexandre. Alors je me tais. De toute façon, ils le verront tous par eux-mêmes un jour ou l’autre si c’est vraiment du sérieux notre histoire.

Deux heures de cours passent, et Alexandre vient me chercher tel un gentleman à mon cours d’histoire. J’ai pu échapper à Laura en gardant le secret, mais à Anaïs, c’est une mission complètement impossible. Elle me connait si bien que même sans dire un mot, elle sait quand quelque chose me tracasse et ne tourne pas rond en moi.

Nous arrivons tout les deux dans la cour de récréation, sans même avoir échangé un mot. Anaïs est entourée de François et Yolanda qui rient aux éclats. Elle dit à Alexandre :

-Alors tu vois ? J’avais raison. La sincérité c’est ce qui apporte le plus dans ce monde.

Je ne comprends pas ce qu’elle veut dire et en voyant ma tête, elle s’explique immédiatement :

-Mais enfin Violette. On était tous au courant pour les sentiments d’Alexandre ! Sauf toi, bien sûr, mais tu es myope donc on ne t’en veut pas de n’avoir rien vu.

Je n’en reviens pas. Même ma meilleure amie à qui je confie tout, est au courant. Elle ne m’a rien dit, elle ne m’a pas prévenu. Sur le coup, j’ai envie de la gifler, mais je n’en fais rien. Je n’ai que très peu d’ami, pas la peine de se faire une ennemie supplémentaire, j’en ai déjà beaucoup trop à mon gout. Mais je me rends compte que si la confiance va de moi à elle, ce n’est sûrement pas le cas contraire.

Alors aussitôt, toute une mascarade se forme autour de moi. Les photos de mon « couple » fusent et les encouragements pour notre premier baiser se font nombreux. Mais Alexandre semble ne pas être prêt à le vivre. Et moi, je n’en ai pas envie, tout simplement. Alors je dis clairement que nous ne souhaitons pas nous afficher pour le moment et garder notre histoire secrète.

Ils disent qu’ils comprennent. Pourtant, je suis sûre que non. Personne ne peut me comprendre, car personne ne sait qu’en vrai, je ne l’aime pas. Tout serait plus simple si j’arrivais à l’aimer tout de suite de la même manière dont j’aime Maxence.

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