Une dernière danse

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La fin du monde avait été annoncée pour le 8 décembre de cette année mais personne n'y croyait. On nous avait déjà fait ce coup en 2012 et nous étions toujours là !

Pourtant, quand nous nous sommes levés ce matin-là, nous avons été forcés de l'admettre. La météo était épouvantable. Le soleil était présent mais tous les temps étaient confondus : il pleuvait, neigeait, grêlait et ventait à la fois !

Les écoles avaient téléphoné pour prévenir que les cours étaient annulés. Personne ne sortait de chez soi.

Par chance, mon petit ami avait dormi chez moi. Il n'avait pas cours le jeudi alors il en profitait pour venir me voir. Je ne sais pas comment je ferais s'il n'était pas à mes côtés en ce jour critique...

Tous les volets de la maison étaient fermés. On aurait cru qu'il était 21H mais il n'était que 14H. Le vent sifflait tellement que l'électricité était coupée. Nous nous éclairions avec des bougies.

J'étais blottie dans ses bras. Je m'y étais toujours sentie tellement bien ! Ils étaient le plus bel endroit du monde ! Entourée de ses bras, le monde ne pouvait m'atteindre. Mais aujourd'hui, c'était différent...

Serrés dans les bras l'un de l'autre, nous attendions notre heure. Les grêlons finiraient bien par percer les volets et les toits des maisons s'effondreraient. C'était la fin.

  • J'ai tellement peur, ai-je dit pour rompre le silence.
  • J'aimerais te rassurer mais je suis dans le même état que toi, a-t-il répondu. Et même si je trouvais les mots, la météo nous prouve bien que l'on va tous y passer.
  • C'est pas grave. Au moins, je suis avec toi.

Il m'a serrée un peu plus fort contre lui et m'a fait une bise sur le front.

  • Tu crois qu'il y aura des survivants ? ai-je demandé.
  • Je ne l'espère pas, a-t-il répondu. Tous leurs proches seront morts dans cette tempête et il faudrait tout reconstruire.
  • Ça me fait peur de savoir qu'on ne sera plus là d'ici la fin de la journée.
  • Pourtant, on n'a pas de souci à se faire. On mourra tous en même temps, on ne laissera personne derrière nous. Peut-être que la vie n'est qu'un rêve et qu'on se réveillera une fois morts.
  • Oui mais si nous vivons vraiment dans un rêve... imagine si là-haut dans notre « vraie vie » on ne se connait pas toi et moi...
  • Je pense que l'on fera notre possible pour se retrouver. Parce que si nous sommes dans un rêve, c'est vraiment le plus beau de tous ! Et ce qu'on a vécu, c'est pas rien.

Ça m'a beaucoup touchée qu'il me dise cela. J'en avais les larmes aux yeux. Il m'a embrassée longuement et langoureusement. J'aurais aimé qu'il ne s'arrête jamais ! Mais les conditions dans lesquelles nous vivions aujourd'hui nous rappelaient toujours à l'ordre.

  • Merci pour tout, l'ai-je soudainement remercié.

Si nous allions vraiment mourir, autant lui révéler tout ce que j'avais sur le cœur, tout ce que je n'avais jamais eu l'occasion de lui dire.

  • Pour tout quoi ? a-t-il demandé sans comprendre.
  • Pour tout ce que tu as pu faire, ai-je expliqué. Merci d'avoir supporté mes sautes d'humeur, de m'avoir soutenue dans mes projets, de m'avoir donné tant d'amour, d'avoir été si présent, de m'avoir fait rire, de me faire sentir si bien rien qu'en étant en ta présence...

J'étais à court de mots. Il y avait tant à dire ! Il a ri et m'a simplement répondu :

  • De rien... mais c'est normal, tu sais.
  • Peut-être. J'ai jamais eu l'habitude d'être si chouchoutée et aimée.

Il le savait déjà, il avait toujours été au courant de tout. Ceux qui l'avaient précédé avaient été tout sauf des perles. Il les surpassait vraiment tous !

  • Tu crois que notre relation aurait duré encore longtemps s'il n'y avait pas eu cette fin du monde ? ai-je demandé sans trop réfléchir à ce que je venais de demander.
  • Pour tout avouer, j'ai toujours été persuadé qu'on ferait notre vie ensemble, m'a-t-il répondu sans hésiter. Je t'aurais peut-être demandé en mariage dans 2-3 ans.

Je n'aurais jamais le privilège de porter cette robe blanche dont les femmes rêvent tant. Je ne connaîtrais jamais l'importance de ce jour et la sensation que cela procure d'être fiancée ou mariée.

  • On devrait peut-être s'occuper pour penser à autre chose, non ? m'a-t-il proposé.
  • Comme quoi ?

Je ne voyais pas ce qui pourrait nous faire penser à autre chose. Il faisait bien trop bruyant dehors !

Il s'est levé, m'a pris la main pour m'aider à me relever. Il a cherché son iPod dans sa poche, a inséré un écouteur dans mon oreille et un autre dans la sienne. Il a sélectionné une chanson au hasard et s'est mis à se dandiner dessus. Il n'avait jamais eu le rythme dans la peau mais il me plaisait comme ça. C'était drôle !

Une partie du toit s'est effondrée. Effrayée, je me suis réfugiée dans ses bras. Nous avons moins ri d'un coup...

Les musiques calmes ont fait leur apparition pour contraster avec ce que nous vivions. Mon amoureux me berçait dans ses bras. Blottis l'un contre l'autre, nous dansions une dernière fois pendant que le monde se déchaînait pour disparaître...

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