Hôtel du Nord

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Il était une fois une princesse dans un petit T2. Elle n’était ni blonde, ni mince, ni innocente. Elle n’était pas la fille du souverain, mais d’un homme qu’elle n’avait pas vu depuis des siècles et qui n’avait plus ni royaume, ni cheveux. Sa mère n’était pas une châtelaine, mais une enfant abandonnée et exilée qui ne s’en était jamais vraiment remise.

Un jour, la princesse croisa la route d’un juriste troubadour, qui maniait les mots comme un chevalier, qui portait deux continents dans le sang et qui sous une armure de non-dits et de déracinement, cachait un esprit vif et un cœur ouvert. A eux deux, ils se relayaient pour faire tourner un tout petit hôtel, dans une rue anonyme. Il faisait les nuits, elle faisait les jours, et ils se croisaient matin et soir, passant toujours plus longtemps à se raconter mutuellement ce qu’ils étaient, ce qu’ils aimaient, ce qu’ils pensaient. Sans se dire, jamais, qu’ils se plaisaient ! Au point que tout le monde l’avait vu, sauf eux. Quand il rentrait le matin, il retrouvait une autre fille. Quand elle rentrait le soir, elle retrouvait un autre garçon. C’était il y a dix-neuf ans. Mais ils gardèrent toujours ce drôle de souvenir dans un petit recoin de leurs pensées.

Au hasard (ou pas), d’une recherche sur Google, elle le retrouva par un froid jour de janvier. Et tout recommença… Leurs échanges étaient fluides, confiants, profonds, l’évidence était là, leurs ventres se reconnaissaient, leurs mots se complétaient. Elle n’avait plus 20 ans, pourtant elle avait cette jeunesse éternelle des gens à qui personne n’a pris le temps d’apprendre à devenir adulte. Il n’avait plus 20 ans, pourtant il avait cette fragilité de ceux qui portent les rêves et les désirs de toute une famille. Ils avaient entre les mains ce lien étrange, vivant, indicible, qui les unissait depuis toujours. Et pourtant…

Elle avait quitté sa moitié et était libre comme l’air. Il avait épousé la sienne et était deux fois père. Impossible… Ils se parlèrent, se frôlèrent, se heurtèrent, parce que malgré la force de l’évidence, la vie en avait décidé autrement. Le conte de fées était juste là, mais il n’eut jamais lieu, perdu dans des comptes de faits comme un bateau dans une tempête hivernale. Et ils finirent tristes et seuls, chacun de son côté tétanisé par le vide absolu et ce sentiment de perte, de gâchis, de moche. Voilà une histoire qui faillit être belle ! N’est-ce pas une autre forme de merveilleux ?

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