Cette fois ça y est. J’ai à peine 32 ans et ma vie est peut-être déjà finie. Dire que je pensais que les choses ne pouvaient pas être plus chaotiques…

Extérieurement, j’avais une vie parfaite. Un mariage heureux, une carrière prometteuse. Extérieurement, une vie pleine de promesses. Intérieurement, la tempête sous mon crâne. Je ne sais pas ce qui m’a amenée à tromper et humilier l’amour de ma vie. Etait-ce le sentiment d’être délaissée ? Etait-ce une manière de descendre de mon piédestal et de lui montrer que je n’étais pas la personne idéalisée qu’il voyait en moi ou était-ce encore l’expression de ma tendance à l’autodestruction ?

La destruction était apparemment inscrite à l’intérieur même de mes cellules. Me voilà aujourd’hui seule au possible crépuscule de ma vie après avoir repoussé toutes les personnes qui m’aimaient face à cette nouvelle qui me terrifie.

Puis-je vraiment lui dire que je suis gravement malade après toutes les souffrances que je lui ai déjà causées ? N’y verrait-il pas une forme de chantage pour le ramener vers moi ? Ne serait-il pas égoïste de ma part de lui demander d’être là pour moi alors que je n’ai pas su être là pour lui ? De lui demander de m’accompagner à mes séances de chimiothérapie, de lui imposer le spectacle de ma souffrance et peut-être de ma mort alors qu’il m’a tant aimée.

Que faire ? Tenter de survivre à cette affreuse maladie et essayer de tout recommencer sur des bases saines sans cette menace de mort au-dessus de ma tête ? Ou disparaître afin de ne pas imposer le spectacle de ma souffrance à ceux que j’aime ? Cruel dilemme pour mon esprit troublé et rongé par la culpabilité. C’est tout juste si je ne vois pas ce cancer comme une punition de mon infidélité. Mais je déraisonne. Ma maladie n’est pas un châtiment divin. Il s’agit simplement de malchance, la même qui touche des milliers de personnes dans la même situation que moi, soumises à une maladie qui les a pris par surprise comme un coup derrière la tête.

Mon amour, je t’aime mais comment puis-je te demander d’être là pour moi après ce qui s’est passé ? Comment puis-je demander à mes proches d’être là pour moi alors qu’ils me regardent à présent avec tant de désapprobation ?

Aujourd’hui, j’ai 32 ans. J’ai appris que j’avais un cancer. J’ai peur.