Chapitre 18 : Sauvetage

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Nous sommes face à la demeure où Erika est retenue prisonnière. Le manoir, imposant et austère, se dresse devant nous. Je ne peux m'empêcher de ressentir une intense angoisse mêlée à une certaine excitation à l'idée de la retrouver enfin. Nous devons agir vite. Les chefs de clans ont déjà pénétré à l'intérieur de la bâtisse. Nous nous dirigeons vers les garages, en nous faufilant avec précaution pour ne pas attirer l'attention. Le silence est lourd, seulement rompu par le bruit de nos pas étouffés sur le sol en béton. Je sens mon cœur battre la chamade dans ma poitrine, tandis que nous nous rapprochons de plus en plus de l'endroit où Erika est détenue.

— Attention ! chuchote Gaelle en désignant deux gardes situés dans la calèche

Nous hochons la tête avec Nolan et nous nous avançons discrètement vers elle. Nous nous jetons sur eux , nos poings s'abattent sur eux avec précision et brutalité, les mettant rapidement hors d'état de nuire.

— Bien joué, me lance Nolan en souriant.

— Toi aussi tu as une belle poigne, je le complimente en tapant son épaule avec mon poing. Les filles, occupez-vous de les attacher. Nous, nous y allons.

— Bonne chance, nous lancent-elles avant de nous enlacer quelques secondes. Et parlez moins fort, on dirait un troupeau d'éléphants, nous reproche Chloé avant de regarder s'il y a quelqu'un derrière elle.

Je remarque que Gaelle chuchote quelque chose à l'oreille de mon ami, et je peux voir un sourire se dessiner sur son visage. Il pose ses mains sur ses épaules et la regarde avec une tendresse évidente avant de la lâcher. Mes yeux se posent à nouveau sur elle, et je la vois sortir quelque chose les cordes de son sac.

— C'est l'heure, dis-je à Nolan pour lui indiquer qu'il faut partir.

Nous gravissons les marches des escaliers avec une certaine urgence, le souffle court. Par chance, la porte du grand salon est bien fermée et comme prévu, il n'y a pas de gardes puisqu'ils sont en train de changer de poste. Normalement, personne ne devrait passer par nos escaliers.

Arrivés en haut, je jette un coup d'œil rapide à ma montre et, d'un signe de tête, j'indique à Nolan que je vais ouvrir la porte menant au couloir où Erika est retenue captive. Le regard calme, ses yeux bleus ressortent parfaitement grâce aux vêtements qu'il porte, tandis que deux mèches de cheveux encadrent son front, autrefois attachés en arrière. Tout en le regardant, je remarque qu'il est prêt à faire face à n'importe quoi.

Je lance la petite grenade lorsque j'entrouvre la porte. Les gardes n'ont pas le temps de réagir, une fumée dense envahit le couloir et je les entends tomber lourdement au sol. J'espère que personne n'a entendu. Je place un foulard sous mon nez et cours vers les hommes à terre, Nolan à ma suite. La fumée se dissipe déjà et mon ami sort son arme pour nous couvrir en cas d'arrivée imprévue. Je fouille rapidement les poches des gardes évanouis et trouve les clefs pour ouvrir les différents cadenas installés sur la porte. Je suis surpris par leur nombre, Nolan me demande de me dépêcher et je me presse encore plus. L'euphorie, l'adrénaline et la peur se mélangent, j'ouvre la porte le plus vite possible et entre dans la pièce. Elle est là. C'est elle.

Je m'approche d'elle en retenant mon souffle, la peur m'étreignant le cœur. Elle est allongée sur un matelas posé à même le sol, des ecchymoses couvrent son visage et son corps, témoins de la violence qu'elle a subie. Je m'agenouille près d'elle et effleure sa main froide. Mon cœur se serre en voyant ses traits tirés par la douleur et la fatigue. Je tente de la réveiller doucement, en la secouant légèrement, mais rien n'y fait, elle ne réagit pas. Soudain, un faible souffle se fait entendre et je réalise qu'elle respire. Je me sens soulagé mais également triste de la voir dans un état aussi vulnérable. Je caresse doucement ses cheveux roux, admirant leur douceur et leur éclat malgré les circonstances. Je suis déterminé à la sortir de cet enfer et à la ramener à la sécurité, peu importe les obstacles qui se dressent devant moi.

— Erika, s'il-te-plait, réveille-toi, je suis là, nous sommes tous là.

Je perçois un léger gémissement qui s'échappe de ses lèvres, mais ses yeux restent clos. Des larmes silencieuses glissent sur ses joues, trahissant sa douleur et sa peine. J'observe attentivement son visage, plissé par la souffrance, et je réalise que le traumatisme qu'elle a subi est profondément ancré en elle. Elle semble se débattre contre quelque chose d'invisible, comme si la réalité était trop difficile à affronter.

— Je suis là, je répète en essayant de cacher la panique dans ma voix. On n'a pas beaucoup de temps s'il-te-plait.

— Réveille-là bon sang ! me dispute Nolan en passant sa tête à travers la porte.

Il ne regarde presque pas Erika, comme s'il avait peur de la voir. Il retourne ensuite dans le couloir, son pistolet à la main, prêt à tirer.

— S'il-te-plait bat toi, j'implore en continuant de la secouer.

Et subitement, les paupières d'Erika s'ouvrent lentement. Un frisson me parcourt l'échine alors qu'elle tourne la tête et pose son regard sur moi. À travers ses yeux, je peux voir une multitude d'émotions se bousculer : de l'incompréhension, de la peur, de la tristesse, de l'espoir et enfin du soulagement. Chacune de ces émotions se reflète dans son regard et la tension de la situation est palpable.

— Mattias, murmure-t-elle, la voix enrouée.

Sa voix est si faible que j'ai failli ne pas l'entendre. Je me penche vers elle pour mieux écouter, le cœur battant la chamade. Ses lèvres bougent à peine et sa respiration est courte et saccadée.

— Ça va aller, on va te sauver, lève-toi s'il-te plait, je l'implore presque.

— Je ne peux pas marcher. Partez, vous allez vous faire tuer, murmure-t-elle en frappant doucement ma main.

— On va te sortir de là, je lui assure encore en retenant ma tristesse.

— Je ne peux pas marcher, me répète-t-elle.

— Je vais te porter, je décide finalement.

— Dépêchez-vous, on n'a pas le temps ! s'écrie Nolan en passant sa tête à travers la porte, son arme à la main.

— Vous êtes des imbéciles inconscients, ajoute-t-elle.

Nolan pose son regard sur Erika, son visage se crispe avant qu'il ne quitte rapidement la pièce, nous enjoignant de nous dépêcher. Je m'approche de la rousse et passe doucement mes bras sous ses genoux et son dos. Sa tête vient se poser sur ma poitrine, sa respiration lente et régulière me donne une étrange sensation de paix intérieure. J'ai l'impression que sa simple présence me donne la force de soulever des montagnes et de faire face à tous les dangers.

— Allez-vite, grouillez-vous ! nous ordonne Nolan en courant dans le couloir pour nous couvrir. On a dû nous entendre.

Erika n'est pas lourde mais elle réduit ma vitesse, je suis Nolan de quelques mètres, nous retraçons le chemin que nous avons parcouru précédemment. Tout se passe pour le mieux. Lorsque nous nous apprêtons à passer la porte qui mène aux voitures, nous tombons sur trois soldats. Ils portent immédiatement leurs mains vers leurs armes. Nolan a déjà tiré sur l'un d'eux qui s'effondre brutalement mais un autre lui saute dessus, ce qui le force à lâcher son arme qui tombe et glisse sur le sol. Le dernier soldat tourne la tête vers moi, braque son arme dans ma  direction , un sourire narquois sur son visage. Mon ami lutte avec acharnement, mais il semble avoir du mal à repousser son adversaire, et je suis impuissant pour l'aider.

— Lâchez-là, les mains en l'air, m'ordonne sévèrement le soldat en s'approchant dangereusement de moi.

— Fais-le, me souffle doucement Erika.

J'hésite un instant mais je la dépose sur le sol et place mes mains au-dessus de ma tête en signe de reddition.

— Je t'aurais bien fait la peau Brauwn mais c'est lui qui veut te tuer...Allez suis moi sagement ou je te cogne. Vous n'êtes pas intelligent pour deux sous. Vous allez ameuter tout le monde avec le boucan que vous avez fait.

Tandis qu'il continue de déblatérer, il s'avance vers moi avec un air menaçant. Lorsqu'il s'apprête à me frapper à l'aide de son arme, il s'arrête soudainement et tombe lourdement sur le sol, du sang coule de son crâne lorsqu'il atterrit violemment par terre. Le soldat qui se battait contre Nolan s'effondre aussi, assassiné.

Nolan repousse le soldat par terre, mais il a l'air épuisé et saigne de la bouche et du nez. Nous nous rendons compte qu'Erika est allongée sur le sol, inconsciente. Ses cheveux roux sont éparpillés sur le sol et son visage est livide, tandis qu'une fine coulée de sang s'écoule de son nez. Elle nous a sauvés, et je suis submergé d'émotions. Nolan reprend son arme et se met devant nous pour nous protéger, même s'il semble gravement blessé. Sans perdre de temps, je prends Erika dans mes bras et je le suis dans les escaliers. C'est un miracle que personne ne soit apparu. Comment se fait-il que personne n'ait entendu le coup de feu ?

Nous atteignons enfin le point fatidique, le couloir qui mène au grand salon. Mon cœur bat la chamade alors que nous avançons, en espérant que la porte soit toujours fermée. Soudain, notre regard croise celui de Derrick. Il a l'air froid, presque glacial, mêlé à une expression d'incompréhension. Je peux voir la tension qui se dessine sur son visage alors qu'il remarque Erika dans mes bras. Sa mâchoire se crispe et je peux sentir sa colère monter en flèche.

— Cours ! me hurle Nolan en me faisant passer en premier pour nous protéger.

— Revenez ! nous ordonne le chef des lieux en lançant une bourrasque dans notre direction.

Nous l'évitons de justesse et dévalons les escaliers pour rejoindre les filles, transpirants et ensanglantés.

— Tout va bien ? Montez ! nous hurle à son tour Gaelle, en tirant sur les rennes des chevaux lorsque nous entrons dans la voiture.

Nous entendons des cris à l'extérieur alors je me presse de déposer doucement Erika sur le bois de la charrette, paniqué. Nolan et Chloé nous entourent, livides. Je ne suis pas blessé physiquement mais mon mental n'est pas loin de me lâcher. J'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine et le stress s'empare de moi. Seule l'adrénaline me fait tenir. Mon ami est en mauvais état, ses cheveux et ses vêtements sont couverts de sang et son visage est tuméfié. Son corps semble être un amas de douleur alors qu'il gémit en posant une main sur son ventre. Gaelle tourne sa tête vers lui et échappe un cri d'horreur en le voyant. En plus de cela, il a un œil fermé, son visage est rouge et gonflé, il a surement le nez cassé. Je regrette qu'il soit aussi amoché mais si je lui disais, il me répondrait que c'est son devoir, qu'il ne regrette pas.  Je tourne ensuite mon regard vers celle que j'aime et je me retiens d'éclater en sanglots. Je saisis son poignet pour m'assurer qu'elle est bien en vie et je souris avec soulagement quand je sens son cœur battre, même si son pouls me paraît faible. Elle est enfin là, de retour parmi nous. Sa peau est blanche comme de la porcelaine et elle est allongée sur la charrette, ses cheveux roux tombant sur ses épaules. Je caresse doucement sa joue et j'observe ses paupières closes, priant pour qu'elle ouvre les yeux bientôt. Elle saigne encore légèrement du nez , sa respiration est lente et régulière. 

— On a réussi ? demande Gaelle en hurlant.

— Je crois bien, répond Chloé à notre place. Les chefs de clan sont déjà partis, ils ne sont pas prisonniers comme nous le redoutions.

— Il nous a vu, nous ne pourrons pas échapper au conflit, je les informe en essayant de reprendre ma respiration après cette course folle.

— Nous serons prêts aux conséquences, m'assure Gaelle en criant pour lutter contre le bruit des sabots et de la charrette.

— Fais vite, on doit voir un médecin d'urgence ! Lui hurle Chloé paniquée en voyant l'état d'Erika et les blessures de Nolan.

— Tu penses qu'il va nous poursuivre ? me demande Nolan en se ressuyant le nez qui n'arrête pas de couler, laissant le sol tacher le bois de la charrette.

— J'espère que non, je réponds en pinçant mes lèvres l'une contre l'autre.

Il hoche la tête et tourne la tête pour observer Gaelle, je le remarque sourire discrètement.

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