Chapitre 12 : Cauchemar

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Une douleur atroce martèle mon crâne lorsque je me réveille. J'essaie de cligner des yeux pour m'habituer à la lumière qui m'aveugle pendant quelques secondes. Mes sens sont en alerte alors que j'essaie de comprendre où je suis, mais finalement, les couleurs des murs et la texture de mon matelas confortable me reviennent en mémoire. Je passe mes mains sur mon visage pour me frotter les yeux avant de tenter de m'asseoir. La douleur qui irradie dans tout mon corps me force à retenir un cri. Après plusieurs tentatives infructueuses, je réussis enfin à me lever et j'aperçois Chloé endormie sur une chaise à côté de moi. Ses cheveux blonds sont attachés en chignon, quelques mèches rebondissent sur son front et son visage est posé contre le mur. Je prends quelques instants pour l'observer, hésitant à la réveiller, mais la faim et la soif qui me tiraillent me décident à l'appeler.

— Chloé, je l'appelle finalement, la voix sèche.

Je suis obligé de m'y reprendre plusieurs fois pour arriver à hausser la voix. Je répète son prénom plusieurs fois et elle finit par ouvrir doucement les yeux avant de tourner la tête vers moi.

— Enfin réveillé, dit-elle en souriant. Je vais chercher les autres. Ne bouge pas !

Je remarque que son regard s'illumine de soulagement à ma vue. Cela me rassure un peu, car je suis perdu et je ne sais pas combien de temps j'ai été inconscient.

— Attend ! je la rappelle en essayant de saisir sa main mais je n'y parviens pas et grimace à cause de la douleur.

— Ne bouge pas, tu pourrais te blesser, me dispute-t-elle en fronçant les sourcils.

— Où est Erika ? je demande avec inquiétude.

Je ressens un pincement au cœur en remarquant l'absence de Erika à ses côtés. Mes souvenirs sont encore flous, il me faut quelques instants pour rassembler les fragments épars de ma mémoire. Elle semble hésitante, comme si elle craignait de me confronter à une vérité difficile. Ses doigts s'entrelacent nerveusement, et je réalise que quelque chose de grave s'est produit.

— Mattias je suis désolée, commence-t-elle, peinée.

Elle baisse le regard, n'ose pas m'affronter et souffle.

— Quoi ? qu'est-ce qui s'est passé ? je lui demande, inquiet.

— Tu ne te souviens pas ?

— Attends, laisse-moi réfléchir.

Je perçois la douleur dans sa voix lorsqu'elle pose sa main sur la mienne. Elle essaie de me donner du courage alors qu'elle retient ses larmes. Tout ce qui m'entoure me paraît étrange et confus, j'essaie de faire le point sur la situation, mais j'ai l'impression que ma mémoire est un labyrinthe dont je ne trouve pas la sortie. Tout est flou, je ne parviens pas à relier les événements les uns aux autres. Pourtant, je refuse d'abandonner, je me concentre sur mes souvenirs, j'essaie de visualiser les images dans ma tête pour tenter de comprendre ce qui s'est passé.

Puis, soudainement, comme une révélation, tout devient clair. Je me rappelle la scène, les mots prononcés par son père, et ce qu'elle a fait ensuite. Je vois le choc et la douleur, je me souviens de cette sensation de tomber dans un trou noir. Erika a risqué sa vie pour me sauver, en me projetant violemment contre un arbre pour me protéger. Elle a compris que ma vie était en danger et a fait preuve d'un courage exceptionnel pour me donner une chance de survivre. C'est en la revoyant agir avec tant de détermination que je comprends qu'elle est prête à tout pour me sauver, même si cela signifie prendre de terribles risques. Je regarde Chloé qui a des larmes qui sont sur le point de couler de ses yeux.

— Ça te revient ? me demande-t-elle avec douceur.

— Oui, enfin je crois me souvenir. Elle...Elle m'a sauvé.

Elle secoue doucement la tête, puis s'assoit à mes côtés, posant une main réconfortante sur mon épaule.

— Elle a essayé de te tuer, continue-t-elle en se retenant de s'exclamer, pour éviter de me brusquer.

Elle n'est pas du genre à s'emporter mais je vois qu'elle fait beaucoup d'efforts pour ne pas me froisser et surtout me blesser.

— Bien-sûr que non ! je réponds alors en essayant de hausser la voix pour être convaincant.

En voyant ma difficulté à parler, elle se saisit de la bouteille d'eau pour me saisir un verre que je ne refuse pas.

— Elle t'a projeté contre un arbre Mattias, dit-elle d'un ton ferme.

— Tu n'étais pas là, tu n'as pas vu la scène. Tu... Tu ne peux pas comprendre, dis-je en essayant de trouver une position plus confortable.

— Parlons-en avec les autres alors. Nolan était là, il nous a tout expliqué.

— Peux-tu me chercher de quoi manger quand tu reviens ?

Chloé acquiesce et se lève pour quitter la pièce. Sa voix, à peine audible, me parvient de loin, m'empêchant de comprendre ses paroles. Un instant plus tard, mes deux autres amis font leur entrée. Le visage de Nolan est marqué par la fatigue, ses traits sont tirés et ses yeux cernés de noir. Il porte une tenue militaire, comme s'il se préparait à une guerre. Gaelle, quant à elle, a des lunettes de soleil posées sur le sommet de sa tête et un collier gris autour de son cou. Je remarque également qu'elle a dissimulé un couteau dans son pantalon. Chloé revient avec une bouteille d'eau et plusieurs barres de céréales, leur présence me rassure et j'en ressens un léger soulagement.

—Tu m'as fait peur sale con ! me reproche Nolan en arrivant vers moi pour me faire un câlin.

Chloé dépose les barres de céréales et la bouteille d'eau sur ma table de chevet et se joint à nous pour un câlin collectif. Je réalise à quel point j'ai de la chance de les avoir, combien leur proximité m'avait manqué. Nous sommes un groupe uni, mais depuis l'arrivée d'Erika, nous nous sommes peu à peu éloignés, gardant toutefois un contact régulier. Malgré cet amour indéniable, je sens que mon cœur en réclame plus, j'espère secrètement qu'Erika franchira la porte et m'embrassera en me disant que tout ira bien. Savoir qu'elle est de retour dans cet enfer me donne envie de vomir.

— Tu as pris un sacré coup, note Gaelle en m'observant.

— Je vais m'en remettre, j'ai connu pire, dis-je alors que nous nous détachons des uns des autres.

— Tu as quand même failli y passer, continue Nolan plus doucement.

— Dans combien de temps serais-je sur pied ?

— Une dizaine de jours voir plus selon le médecin, tu dois faire des examens complémentaires.

— C'est trop long, dis-je en secouant la tête, le regard dans le vide.

— Trop long pour quoi ? demande Gaelle en fronçant les sourcils.

— Elle ne tiendra pas.

— Tu n'es pas sérieux ? s'offusque Nolan en mettant ses mains sur ses hanches, ne cachant pas sa colère.

— Depuis combien de temps suis-je ici ? je demande soucieux.

— Trois jours, m'informe mon ami en se rapprochant de mon lit.

— Dites-moi que vous avez mis en place un plan, quelque chose ! Il ne faut pas la laisser là-bas, je m'impatiente en élevant un peu la voix.

— Doucement mon pote ! s'exclame mon ami pour me calmer. Tu ne te rappelles pas ? Elle a essayé de te tuer.

J'entends sa voix se briser, mêlée à une certaine colère. Je ne le comprends pas, il était bien là pourtant ! N'a-t-il pas compris qu'elle m'avait protégé ?

— Elle m'a sauvé, dis-je fermement.

— Elle t'a projeté contre cet arbre, tu étais à moitié mort, j'ai dû te faire un massage cardiaque pour te ranimer bordel ! reprends-t-il en élevant la voix.

— C'était ça où c'était lui qui me tuait, elle aurait pu m'achever différemment. Ecoutez-moi, je vous jure qu'elle m'a protégé.

— Repose-toi, tu n'as pas les idées claires, on en reparlera après, me propose Chloé.

— Non ! Non ! Elle ne peut pas être de retour là-bas ! Je n'ai pas réalisé ma promesse !

— Bon sang tu vas nous écouter, s'exclame Nolan. Tu ne dois pas avoir toute ta tête. Je t'assure qu'elle n'était pas celle que croyais.

Ma colère monte, pourquoi suis-je le seul à la défendre ?

— Si vous ne voulez pas comprendre ni m'aider sortez d'ici, je finis par dire.

— Mattias ! s'exclame à son tour Chloé, choquée de ma réaction.

Gaelle ne dit rien mais je vois dans ce regard que la situation ne lui plait pas non plus.

— Elle m'a sauvé je vous dis. Je lui ai dit qu'elle n'y retournerait pas et j'ai manqué à ma promesse. Je vous en prie faites-moi confiance, je ne veux pas la perdre.

Nolan s'apprête à ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais s'arrête dans son élan, ma phrase provoque un silence dans la pièce et Gaelle se racle la gorge pour éviter la gêne.

— Imagine que tu aies tort, commence-t-elle calmement. Qu'est-ce qu'il se passerait ? Tu irais la sauver et tu te ferais tuer ?

— Et imagine que j'ai raison, je rétorque. Que va-t-elle vivre ?

— Ne soit pas idiot voyons. Nous ne pouvons pas prendre ce risque.

— Je ne le suis pas, j'ai raison, il faut la sauver, j'insiste.

— Repose-toi d'abord, nous aviserons ensuite, conclus Chloé.

— Je ne suis plus fatigué.

— Tu dois guérir, répond-t-elle en posant sa main sur ma jambe blessée.

— Je n'ai pas le temps d'attendre, elle non plus d'ailleurs.

— Elle est forte, elle tiendra. Pour le moment, tu dois te reposer et rester au calme.

Je sens mes épaules s'affaisser alors que le désespoir m'envahit. Je voudrais pouvoir continuer à débattre, à me battre, mais je n'ai plus la force. La peur me ronge de l'intérieur. Je baisse la tête, vaincu, et je hoche lentement la tête. Tout cela est un véritable cauchemar dont je n'arrive pas à me réveiller. Elle est partie, et cette simple pensée me fait mal. Je ne pourrai plus voir son visage si doux, son sourire charmant et ses cheveux roux qui brillaient au soleil. Je voudrais pouvoir sentir son odeur, me blottir dans ses bras, qui étaient les seuls à pouvoir m'apaiser. Mais elle est loin, et je suis seul face à cette douleur lancinante qui m'étreint.

— Tu veux que l'on te laisse ? demande Gaelle gentiment.

— Oui s'il vous plait, je réponds en essayant de me mettre de côté dans mon lit.

Ils me sourient timidement avant de quitter la pièce, me laissant seul avec ma peine. Des larmes fugaces coulent sur mes joues, la douleur atteignant mon cœur comme une lame tranchante. Je la libérerai.

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