Chapitre 2 : Souvenirs...

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Après une mauvaise nuit, je me lève de mon lit et me regarde dans le miroir qui est situé à côté de la coiffeuse en bois. Quand je me regarde dans la glace, j'observe mes yeux rougis, mon teint blanc, mes yeux bleus et mes cheveux roux. Ils n'ont jamais été aussi frisés et brillants. Mon visage montre que je n'ai pas assez dormi. Des cernes sont apparus en dessous de mes yeux et mon teint reste très clair à cause du manque de lumière accumulé toutes ses années. Je me déteste. Je déteste mon corps, celle que je suis. Je regarde mon reflet avec un sentiment de dégoût. Mon corps est maigre, sans forme ni courbe, détruit par les cicatrices et mes os ressortent de manière inquiétante. Il avait raison de dire que je ne serais jamais assez forte. Il avait raison de dire que personne ne voudrait de moi. J'essaie de chasser ces pensées de ma tête, mais elles me hantent. Je me déteste pour être comme je suis.

Je me débarrasse de mon haut de pyjama et un frisson me parcourt l'échine en observant mes cicatrices. Les souvenirs des tortures que j'ai subies refont surface et la douleur est insoutenable. J'avais évité le miroir hier soir, mais je dois affronter ma réalité aujourd'hui. Je ne peux pas continuer à fuir éternellement. Mes bras portent des marques de griffures et d'entailles anciennes, et une cicatrice traverse une partie de mon ventre. Mais c'est le symbole brûlé à même ma peau qui me fait frissonner de terreur. Je ne sais pas si le médecin l'a vu, mais j'ai des doutes quant à sa discrétion envers Mattias. Si jamais il venait à l'apprendre, je pourrais être mise à la porte ou pire encore, dénoncée.

Je me revois encore, entraînée de force dans cette pièce, au milieu de bibliothèques bondées, d'un bureau encombré et d'une cheminée crépitante. Il avait dit que ça ne prendrait qu'un instant, mais cela avait duré une éternité. Les gardes m'avaient maintenue, tandis qu'il s'approchait de moi avec un bâton en fer arborant le symbole de l'air. Il avait souri d'un air narquois, comme s'il appréciait la souffrance qu'il allait m'infliger.

Je me souviens avoir hurlé lorsque le fer chaud avait brûlé ma peau. Les cicatrices sont encore là pour témoigner de cette douleur insoutenable. Cette fois-là, après m'avoir torturée, j'avais réussi à me libérer de l'emprise des gardes. Dans un élan de rage, j'avais projeté mon bourreau contre la cheminée, espérant qu'il prenne feu. Mais il avait réussi à éteindre la flamme avec un souffle de vent.

J'avais voulu le tuer, le voir souffrir autant que moi. Mais les gardes m'avaient emportée avant que je puisse l'atteindre. Mon bourreau m'avait alors lancé un dernier avertissement : « Seule, vous n'êtes rien. Quand vous le comprendrez, vous vous joindrez à moi et nous deviendrons les rois de tous ces clans. »

Je l'avais traité de monstre, de pourriture, avant que la porte ne se referme sur moi. Et j'avais juré que je le tuerais de mes propres mains.

Avec un geste rageur, j'enfile un t-shirt gris avec un gilet en laine. Je refuse que qui que ce soit d'autre puisse voir mes cicatrices. Je me dépêche de mettre un joli jean bleu marine avec des chaussettes. La rage bouillonne dans mes veines.

Soudain, le bruit d'un vase qui se brise me fait sursauter. Mon cœur bat la chamade alors que je me retourne brusquement pour trouver les débris éparpillés sur le sol.

— Tout va bien ? me demande Mattias en ouvrant la porte rapidement, me faisant échapper un cri de surprise.

— Je...je suis désolée, je réponds, confuse.

Il baisse les yeux et observe les dégâts. Maudis pouvoirs.

— Oh...ne t'inquiète pas ce n'est pas grave, dit-il gentiment en allant chercher une balayette.

Je le regarde nettoyer le sol, mal à l'aise. Une fois le travail terminé, il m'invite à descendre prendre un petit déjeuner, et je ne peux pas refuser. Mon estomac gargouille de faim ! Il prépare des pancakes au chocolat et je les déguste un par un, émerveillée par leur goût exquis. C'est la première fois que j'en mange, et je dois admettre que c'est une découverte merveilleuse.

— Tu as l'air de bien aimer ! s'exclame-t-il en riant.

— Je me régale ! je réponds, le sourire aux lèvres.

— Je vois ça !

— Je n'ai pas l'habitude de manger aussi bien. Il faudra me surveiller pour que je ne pique rien dans les placards, je plaisante.

— Ils sont en libre-accès, je ne voudrais pas te laisser mourir de faim !

— C'est une sensation si désagréable, je marmonne entre mes dents.

— Comment ?

— Non rien, je mens avec un faible sourire.

Mattias me scrute avec une expression empreinte d'inquiétude. Il essaye de me percer à jour. Pourtant, je me referme, déterminée à dissimuler mes émotions prêtes à exploser. Je ne veux pas qu'il me prenne en pitié. S'il s'excuse, je ne saurai quoi répondre. Comment expliquer à quelqu'un que la personne censée nous aimer le plus au monde puisse nous infliger tant de souffrances ? Comment dire que cette même personne qui prétendait vouloir me renforcer m'affaiblissait ? Les repas étaient souvent sommaires, je ne mangeais jamais à ma faim. La qualité était un luxe rare, réservé à des occasions spéciales comme mon anniversaire ou lorsque je réussissais un entraînement difficile.

Quand j'y pense, je ne sais pas comment j'ai survécu. Je ne suis là que depuis quelques jours mais j'ai l'impression d'aller mieux. Après la violence et les privations je découvre la liberté. Je ne m'étais jamais nourrie comme je le souhaitais. C'était lui qui contrôlait mes repas. Il me voulait sans défaut, il voulait que je sois parfaite. Pourtant, j'étais loin et je suis encore aujourd'hui loin de ses fantasmes. Il me voulait fine et musclée. Je suis maigre avec certes, des muscles mais pas assez. Je n'en prenais jamais assez. A chaque fin d'entraînement j'étais épuisée, je n'avais plus aucune énergie. Il m'a fait passer pour un monstre tout au long de ma vie. Je croyais en ce qu'il disait. Heureusement que Martine était là pour me dire que c'était lui l'erreur. Mais quand on grandit dans un milieu où on est sans cesse humilié, il est difficile de s'aimer, de se sentir bien dans son corps, de s'affirmer, d'avoir confiance en soi.

Il détestait la couleur de mes cheveux car je lui rappelais ma mère. Il me le faisait payer et maintenant je les déteste, je me déteste, je ne supporte pas l'image que me renvoie mon miroir. Cependant, j'ai l'impression que Mattias les aime. Il fixe souvent mes cheveux quand ce n'est pas mon regard. Il me perturbe. Je ne me suis jamais sentie comme cela avec quelqu'un... Je ne comprends pas sa gentillesse et sa bienveillance. Il aurait pu me laisser, me mettre à la porte mais il a décidé de me faire confiance et de m'aider. Je n'arrive toujours pas à y croire. Je sais que je vais devoir finir par partir mais je suis si bien ici. Il y a ce lien si particulier qui nous unit et je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Je ne me vois pas fuir toute ma vie mais rester c'est tous les mettre en danger, surtout lui. Le problème c'est que je ne retiendrai pas ma magie trop longtemps, elle me demande sans cesse de la libérer et plus le temps passe, plus j'ai du mal à la contenir.

— Tu veux aller à la piscine ? me demande le beau brun alors que je termine de manger.

J'observe un instant le ciel ensoleillé et dit :

— Je vais juste tremper mes pieds.

Il m'observe et demande :

— Tu ne sais pas nager ?

— Oh si, je suis une excellente nageuse ! je rétorque en souriant.

Je regrette aussitôt mes paroles, je ne pense pas être prête pour me dévoiler.

— Tu ne veux pas me montrer tes talents ?

— Je...Une prochaine fois peut-être ? je réponds du tac-au-tac.

Il hoche la tête avant de reprendre la parole quelques secondes plus tard :

— Quelque chose te fait peur ?

Il a réussi à me cibler et je déteste ça. Son regard me déstabilise. Je refuse de me mettre en maillot de bain, de montrer ces affreuses cicatrices. Comment faire pour les cacher ? De plus, il ne doit pas voir celle du blason de mon clan sur mon ventre.

— J'ai visé juste n'est-ce pas ? Quelque chose te gêne, remarque-t-il.

— Exact, je réponds froidement.

Je m'en veux d'utiliser ce ton mais je refuse que l'on me pousse dans mes retranchements. Il plisse les sourcils, troublé par ma réaction.

— Tu peux avoir confiance, je ne te jugerais pas. Il va faire plus de 35 degrés cet après-midi et il en fait déjà une vingtaine ce matin.

— Et bien ce n'est pas grave il y fait bon ici, je rétorque en me levant pour laver le verre de jus de fruit que je viens de finir de boire.

— Je peux ouvrir les fenêtres en grand, continue-t-il.

Je me retourne vers lui, en lui jetant un regard noir tandis qu'il m'observe avec un air de défi.

— Tu n'oserais-pas.

— Oh si totalement, répond-t-il en croisant ses bras contre son torse.

Pourquoi continue-t-il à me pousser dans mes retranchements ? Et pourquoi ai-je désormais envie de le rejoindre et d'être avec lui ?

— Allez, m'encourage-t-il en souriant.

Son comportement me fait plus penser à celui d'un enfant que celui d'un chef de clan. Il voit que j'hésite, que je me bats contre moi-même et mes pensées parasites.

— Je rigolais, dit-il finalement. Je ne t'obligerais pas à aller te baigner même si je pense que ça te fera du bien.

Il me sourit gentiment et s'apprête à monter les escaliers, surement pour aller chercher un maillot de bain. Je ne sais pas pourquoi mais je l'appelle, je lui dis d'attendre. Il se fige et se tourne vers moi, un sourire plaqué sur le visage.

— Je viens seulement si tu peux me donner un maillot de bain une pièce, je déclare.

— C'est d'accord, dit-il avec un grand sourire avant de faire une révérence.

— Et je voudrais avoir accès à un peignoir de bain, j'ajoute.

— Parfait alors ! s'exclame-t-il l'air ravi en se dirigeant vers l'étage.

J'angoisse. Pourquoi avoir accepté ? Je regrette amèrement mon choix. Je sais que je peux encore refuser, que je peux sortir de la chambre sans avoir enfilé ce fichu maillot. Que dira-t-il quand il verra mes cicatrices ? Il va les voir, c'est sûr maintenant. Mais il les a peut-être déjà vues ? Quand je suis arrivée je portais un t-shirt et un pantalon troué ! Me juge-t-il ? En les revoyant essayera-t-il de me poser des questions sur mon passé ? Observer mon corps dans le miroir me dégoute. J'ai l'impression de ressembler à une feuille de papier froissé. Les longues cicatrices sur mes bras reflètent les années de torture. Mon dos en est lui aussi recouvert. J'enfile rapidement le peignoir sur mes épaules. Il recouvre la partie de mon corps que je veux cacher. Je voudrais qu'il soit accroché à ma peau, le sceller à elle pour que personne ne puisse voir mon état : meurtri, abimé, fatigué et torturé.

Je souffle longuement avant d'ouvrir la porte de ma chambre. Je me retrouve nez à nez avec Mattias qui sourit si fort que j'ai l'impression qu'il va rester bloqué. Mon regard est rapidement attiré vers ses abdominaux musclés. J'arrive à contre cœur à me détacher d'eux.

— On avance, dis-je en le doublant.

Il me rattrape et me tire vers les escaliers, courant pour sortir. J'essaie de descendre les marches aussi lentement que possible pour retarder l'inévitable. Soudain, j'entends un bruit de chute suivie d'un « plouf », signe que Mattias a sauté dans l'eau. Je m'assieds au bord et plonge mes jambes dans l'eau fraîche. Profitant de son moment d'immersion, je retire mon peignoir et plonge à mon tour. Son sourire m'accueille, le mien lui répond naturellement. Je voudrais lui en vouloir de me pousser dans mes retranchements mais je n'y parviens pas. Cependant, j'ai peur de craquer, de tout lâcher, de tout lui révéler sous la pression.

— Avoue-le ça fait du bien !

— Je dirais plutôt que ça rafraichit, je rétorque avec un sourire en coin.

Nous nous fixons quelques secondes. J'ai terriblement envie d'être en contact avec sa peau, j'ai l'impression qu'un lien indescriptible m'attire à lui. Je le ressens tout au fond de moi.

— Avoue que j'ai raison, murmure-t-il avec malice.

— Je le concède.

— Voilà quand tu veux !

Je ris et décide de l'arroser. Il rétorque en m'envoyant une quantité d'eau sur le visage. Nos rires s'entremêlent. Je n'ai pas passé de moments plus agréables. J'en oublie mes problèmes ainsi que les marques qui sont gravées sur ma peau. Il ne les regarde pas, elles ne le dérangent pas. Nous sommes juste en train de nous amuser, de profiter. Ensemble.

Après la bagarre nous décidons de sortir de la piscine. Mattias me tend mon peignoir mais je rassemble mon courage et le repousse. Je sors de la piscine sans un mot, tandis qu'il m'observe avec bienveillance, sans jugement ni pitié.

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Je suis envoûté par sa beauté, mais aussi par sa force intérieure. Les marques sur sa peau ne font que témoigner de son parcours difficile, mais elles ne définissent pas qui elle est. Elle s'immobilise lorsque nos regards se croisent, et je peux voir une lueur de tristesse dans ses yeux. Je me sens submergé par une vague de compassion et de désir de la protéger. Sans réfléchir, j'attrape ses mains dans les miennes et je lui murmure:

— Tu n'es pas un monstre Erika, tu es une personne exceptionnelle que j'aimerai connaître davantage.

— Tu...ça ne te gêne vraiment pas ? demande-t-elle, hésitante.

— Les cicatrices ? Pourquoi me dérangeraient-elles ? Elles font partie de toi. Même si elles ne reflètent pas des moments joyeux elles reflètent la personne que tu es. Unique, persévérante, battante.

— Je ne sais pas quoi te répondre, répond-t-elle dans un souffle avant de poser sa tête contre mon torse et de m'entourer de ses bras.

Je reste figé sur place, incapable de bouger sous l'effet de son étreinte. Son corps chaud contre le mien me trouble, je ressens des frissons parcourir mon dos. Les émotions se bousculent en moi, je sens ma magie vibrer dans mes veines, prête à jaillir. Pourquoi cette fille me perturbe-t-elle autant ? Me chuchote ma conscience.

Elle se dégage finalement de mes bras, des larmes perlant sur ses joues. Mon cœur se serre à la vue de sa peine. Je veux la réconforter, la rassurer, la protéger. Une irrépressible envie de l'embrasser me prend, mais je me retiens, craignant de briser cette fragile harmonie.

Avec précaution, je sèche ses larmes du bout des doigts, captivé par ses grands yeux humides. Je murmure d'une voix douce :

— Je te promets que tout va s'arranger.

— Je l'espère tant...

Notre rapprochement soudain nous laisse silencieux, chacun perturbé par ses propres pensées. Nous nous éloignons l'un de l'autre et nous allongeons sur les transats pour profiter du soleil. Après un long moment de silence, j'entends un son étouffé s'échapper de sa gorge. Elle se tourne lentement vers moi, ses cheveux roux frisant autour de son visage, soulignés par la lumière du soleil. Je suis hypnotisé par son regard, qui transmet plus d'émotions que je ne peux en comprendre.

— J'ai été enfermée pendant très longtemps, me révèle-t-elle. Toute ma vie en fait. Elle baisse les yeux. Je...Il me battait sans cesse lorsqu'il était en colère, que ce soit contre moi ou quelqu'un d'autre.

— Je suis si désolé, je m'excuse.

Je ne sais pas quoi dire. Je ne comprends pas pourquoi on voudrait lui faire du mal.

— Ne le sois pas tu n'y peux rien, répond-t-elle avec détachement.

— Mais cette personne. Comment dire, j'hésite. Était-elle un membre de ta famille ?

Le regard d'Erika s'assombrit. Je remarque qu'elle se mord l'intérieur de ses joues, hésitante et qu'elle se pince le bras, nerveuse à l'idée de me raconter quelques parties de son passé.

— Mon géniteur.

Je m'assois sur mon transat, sidéré. Comment peut-on maltraiter ainsi son propre enfant ? Le fait qu'elle emploie le mot géniteur et non pas père me perturbe encore plus. J'ai envie de le retrouver, de la venger. Ce type doit avoir le jugement qu'il mérite.

— Ne dit rien s'il te plait, je sais ce que tu penses. Non ça ne sert à rien de le retrouver, inutile de me venger, tu risquerais d'attiser certaines haines et conflits déjà bien assez présents.

— Comment ça je ne comprends pas, je réponds, confus.

— Rien de plus s'il te plaît...

Je suis frappé par sa détresse. Son regard est fuyant, je sens qu'elle est coincée dans ces souvenirs. J'ai l'impression de me revoir. Je ne veux pas qu'elle finisse comme moi, rongée par la haine et la colère. Je n'ai jamais osé me confier sur ce que je ressentais lorsque j'ai tout perdu...

— Je...J'ai perdu mes parents il y a quatre ans lors d'un incendie, j'ose dire, l'émotion dans la voix.

La jolie rousse s'assoie pour me faire face.

— C'était un soir d'été, il y avait une réunion importante entre les chefs de clans pour discuter du futur et de la paix de nos territoires. Les tensions étaient présentes à l'époque mais pas aussi grandes qu'aujourd'hui. Ce moment à largement secoué nos relations et ont encore de nombreuses conséquences sur notre entente commune. Nous logions dans une maison pour l'occasion. Dans la nuit quelqu'un créé un incendie, détruisant l'endroit où nous étions. Quelques jours plus tard, nous avons appris que c'était le chef du clan du feu qui en était la cause.

— Comment a-t-il avoué ? Pourquoi a-t-il fait ça ? demande la rousse avec intérêt.

— Il s'est pendu en laissant une lettre de remords, dis-je froidement.

— Je suis si désolée murmure-t-elle, peinée.

— Je ne sais pas pourquoi je ne suis pas mort ce soir-là. Je me souviens de... de mettre réveiller à cause de la fumée. J'étouffais. J'ai crié à l'aide mais personne ne me répondait. Mes yeux me brûlaient, je pense que mes parents ont eu le temps d'être intoxiqués par la fumée. Nous étions enfermés à l'étage et il n'y avait aucun moyen de descendre. Les flammes ont pris rapidement. Le bois qui brûlait n'arrêtait pas de craquer. J'ai essayé d'ouvrir la porte de ma chambre mais il y eu un retour de flamme. J'ai eu le temps de mettre mon bras devant mon visage, il a tout pris le pauvre...

Il observe un instant son avant droit brûlé avant de me le montrer, les lèvres pincées.

— Heureusement que je ne portais pas de pyjama parce que sinon j'aurais pris feu, reprend-il. Les flammes commençaient à s'insinuer dans la pièce, la fumée m'étouffait. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ce que j'ai fait ensuite. L'instinct de survie sûrement. J'ai ouvert la fenêtre le plus rapidement que possible et j'ai sauté. Je n'ai pas fait attention à la hauteur, je suis retombée sur mes jambes et ma tête à claquée sur le sol. Mes souvenirs sont assez flous, je ne me rappelle plus de ce qu'il s'est passé ensuite. Juste la douleur que je ressentais et l'annonce de leurs morts à l'hôpital.

Je sens la main d'Erika toucher la mienne. Elle est saisie par l'émotion. Je décide de me lâcher pour de bon pour la toute première fois. Pourquoi est-il si simple de se confier à elle et non pas à Nolan et mes autres amis ?

— J'ai dû assumer seul le rôle de chef de clan et j'ai enfoui ma tristesse et ma rage au fond de moi. Ce soir-là j'ai tout perdu, ma famille et la maîtrise de mon pouvoir. Je le sens au fond de moi, la magie est présente mais elle ne s'exprime plus que par la colère. Mes émotions dictent son utilisation.

— Comme la dernière fois avec Gaelle ?

— Tout à fait, j'affirme en baissant la tête. Plus aucun clan ne maîtrise le pouvoir. Sauf celui du vent. En soit, seul il est presque inoffensif mais il peut devenir dangereux s'il découvre sa variante.

— Qu'est-ce que c'est ? demande-t-elle curieuse.

— Dans les livres il est dit qu'il existe d'autres façons d'utiliser nos pouvoirs. Pour l'eau : remémorer des souvenirs. A priori elle aurait une mémoire et pourrait retranscrire des événements passés. Pour l'air ce serait la télékinésie. Pour le feu, faire apparaître un Phoenix et enfin pour la terre ce serait de créer des montagnes, les déplacer. Je ne suis capable que de faire trembler le sol tu te rends compte ?

— Au moins tu peux l'utiliser, il n'a pas complètement disparu, répond-elle pour me rassurer.

Je lui souris timidement. Nos regards se rencontrent encore une fois, il est doux et je m'y noie.

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Je suis submergée par une multitude de sentiments contradictoires. La journée avec Mattias a été merveilleuse, mais je sens qu'il y a quelque chose qui cloche. Je suis trop proche de lui, et mes sentiments pour lui prennent le dessus sur ma raison. Comment ai-je pu tomber amoureuse si vite ? Je me sens stupide de m'être laissé emporter ainsi. Il ne me connaît même pas vraiment, et pourtant, il me confie ses secrets les plus intimes. Je suis tentée de lui dire que moi aussi, je possède des pouvoirs magiques, mais je ne peux pas. Si je lui révèle mon identité, je risque de le mettre en danger, et je ne veux pas prendre ce risque.

La magie qui sommeille en moi se manifeste de plus en plus, comme si elle voulait se lier à celle de Mattias. Mais je ne peux pas me permettre de perdre le contrôle, sinon tout sera perdu. Je dois partir, pour sa sécurité et la mienne. Je prendrai mes distances dès demain matin

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