Chapitre 14 : SICK

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 Ahh, mes oreilles… Bon sang, il est quel heure ? 6 heures ?! Mais qui est l’abruti qui tambourine sur la porte à cette heure-ci ? Ok, ok, j’ai compris, il faut qu’on se lève. J’enfile un jean qui traine par terre et me dirige vers l’entrée, en poussant un « debout ! » au passage à la larve rousse qui me sert de colocataire.

  • Oui ?
  • Debout là-dedans, vous allez rater vos premiers cours, sinon, m’informe Théo, déjà en uniforme et visiblement, avec trois cafés dans le sang.
  • Nos cours ? Il faudrait déjà qu’on ait été prévenu. J’ai plutôt entendu qu’on allait se battre contre des méchants, moi, pas retourner à l’école.
  • Il faut bien entretenir certaines compétences, et je ne parle pas de celle d’embrasser.

 Il me fait un clin d’œil et je comprends de suite où il veut en venir. Je me remémore la soirée d’hier et le baiser avec Emma, plutôt inattendu.

  • Ah, oui. Il y a des emplois du temps ?
  • Oui, tu as dû le recevoir par message.
  • Ah, ok. Bon, ben, merci, à plus tard.

 Je referme la porte sans attendre sa réponse, ayant un peu de mal à me réveiller. Dylan en jogging apparaît devant moi, suivi de Sora en pyjama. Je leur explique la situation et réserve la première place pour la salle de bain, impatient de prendre une douche.

 Uniforme sous le bras, je me faufile dans la cabine de douche et profite de l’eau brûlante pour réfléchir à un moyen de battre ce boss sur lequel je galère tant… Oui, mais non, Emma me revient avec insistance en tête. A peine arrivé que j’embrasse déjà quelqu’un, on va me prendre pour un mauvais gars, maintenant, super.

 Après avoir débattus sur les cours qui nous inspiraient le plus, Dylan, Sora et moi nous rendons à la cafétéria, histoire de commencer la journée l’estomac plein. Oh non, Emma est attablée juste derrière et elle me sourit en parlant avec ses copines. Je déteste me confronter à mes sentiments, je préfère me concentrer sur mon objectif. Pourquoi j’ai fait ça, bon sang ? On se connaît à peine, j’aurai pu attendre un peu. Au secours, elle vient par ici…

  • Salut, Gabi.
  • Salut.
  • Vous allez bien ? C’était cool, hier, hein ?demande-t-elle au reste du groupe, visiblement réceptive à mon aversion pour les conversations futiles.
  • Ah ouais, c’était chouette ! s'exclame Dylan, visiblement content de sa présence.
  • On se voit plus tard, Gabi ?
  • Euh, ok.

 Elle s’en va et Dylan me jette un regard surpris. Quant à Sora, elle regarde son assiette d’un air dépité. Super ambiance dès le matin, c’est cool.

  • C’était quoi, ça ?
  • Quoi, ça ?
  • Pourquoi tu lui parlais comme si t’en avais rien à faire ?
  • Ben, parce que j’en ai rien à faire. Enfin, on s’est embrassés, elle est sympa puis c’est tout, pas la peine d’en faire tout un plat. Mange tes toasts au lieu de te mêler de ma vie.
  • Ok, ok, j’ai compris…

 Je soupire. Vraiment, je préfère éviter ça à tout prix. A chaque fois que je me suis rapproché de quelqu’un, c’était un désastre, je suis juste nul en relations humaines et pour comprendre ce que je ressens, ça me met mal à l’aise.

 Les cours commencent par du combat rapproché ; enfin un truc intéressant. Nous nous rendons dans ce qui semble être une salle de sport derrière le bâtiment principal, munie d’un ring, de sacs de frappe, d’équipements sportifs, d’un tatami, de mousse noire au sol, d’un mur gris métal et de néons rouges, le tout semblant flambant neuf. Nous retrouvons Anna, Raphaël, Emma (super) et Ettoh, si je me souviens bien son nom bizarre, devant les vestiaires ainsi que d’autres personnes inconnues.

 Une fois changés avec une tenue de sport rouge fournie par l’organisation, nous rejoignons un prof dans la trentaine, uniforme similaire au nôtre avec seulement de rouge à la place du bleu, coupe militaire brune et barbe de trois jours, yeux bleus, muscles saillants, bref, le cliché du beau gars.

  • Bonjour les enfants. Je suis l’instructeur Wayne…
  • Comme Bruce Wayne ? fait Dylan, sourire en coin.
  • On peut dire ça, reprend Wayne en ignorant les ricanements des autres. Je serai votre prof de combat durant votre période de formation. Vous avez normalement dû recevoir un emploi du temps avec tous vos cours, que ce soit combat, entraînement espion, langues, maths, histoire-géo, bref, tout ce qui est nécessaire à de futurs agents de terrain comme vous.

 Je me rappelle alors avoir effectivement vu ces matières dans le message reçu ce matin avec un petit mot d’excuse concernant le retard d’envoi. Tout le monde a soufflé en entendant le mot “maths”, apparemment la hantise de pas mal de personnes.

 La porte s’ouvre d’un coup. Tiens, un retardataire. C’est un gars aux cheveux blonds attachés avec deux mèches sur les côtés. Il fait un peu jeune de visage, je me demande son âge. Il court dans notre direction, essoufflé, un air paniqué sur le visage.

  • Désolé du retard, m’sieur !
  • (Wayne regarde sa montre) Tu as trois minutes de retard, soldat, tu as intérêt à avoir une très bonne explication.

 Le blond arrive devant lui en reprenant son souffle comme il le peut ; pas très sportif, ce petit.

  • Je ne retrouvais pas ma brosse à dent et je n’ai pas vu le temps passé. (il respire profondément) Excusez-moi, ça ne se reproduira plus.
  • Je vois, c’est donc ça que Chang m’a envoyé… Bon, dépêche-toi de te changer et ne refais plus ça sinon c’est l’heure de colle.
  • Oui, m’sieur.

 Il part en direction des vestiaires mais Wayne a visiblement oublié de lui demander quelque chose. Il cherche quelque chose du stylo sur une feuille dans sa main.

  • Hey, minus, c’est quoi ton prénom ?
  • Euh, Léo, m’sieur.
  • Je vois, tu peux y aller. Je disais donc. Ah, oui, l’emploi du temps…

 Après quelques explications sur les notes et le fonctionnement des séances, nous commençons les échauffements puis les premiers exercices où l’on apprend quelques bases, comme désarmer un adversaire. Après ça, la journée passe plutôt vite, je mange avant d’enchaîner sur des cours de matières classiques, tout en évitant Emma au maximum et en me faisant charrier par Dylan.

 Après les cours, on se retrouve, Dylan, Raphaël et moi dans les poufs supers moelleux de chez Théo devant un petit Mario Kart.

  • Alors, cette première journée ? Demande Théo en m’envoyant une carapace rouge.
  • Hey ! T’es chiant ! Je grogne en soulevant ma manette.
  • Super, juste le fait que Gabi a esquivé Emma toute la journée, rapporte Dylan.
  • Non, je l’esquive pas, je réplique misérablement en lui lançant un regard noir.
  • Ah bon ? Je pensais que tu allais sortir avec elle, moi, ricane Théo.
  • Franchement, vu comme tu l’as emballé, on pensait que vous alliez faire ça sur la table basse ! Ajoute Raphaël, plié de rire après une bouffée de cigarette.
  • Ohhh mais taisez-vous, c’était juste un bisou. Bref, parlons d’un truc plus important. C’est quoi les cours Meuh ?
  • ME, tu veux dire ? Demande Théo alors qu’il se prend une carapace bleue.
  • Oui, Meuh, ME, quelle différence, au fond ?
  • Ben, Meuh, on dirait que tu parles d’une vache, lance Raphaël.
  • Alors, ME, c’est pour Magic Experimentation. En gros, on va vous faire des tests régulièrement dans un labo de l’organisation pour voir un peu comment vos pouvoirs évoluent, si tout va bien dans votre corps, améliorer le processus actuel…
  • Ah, donc on est des rats de laboratoire ? Je fais en mettant pause, soudain énervé.

 Théo pose sa manette, soupire et prend une gorgée de soda.

  • Non, ils veulent juste éviter que vous explosiez.
  • Hein ? Comment ça « exploser » ?
  • Ben, l’afflux de magie, quelle qu’elle soit n’est pas innée, du moins, pas complètement, tout le monde n’en a pas et le corps peut parfois rejeter ça, il peut y avoir une sorte d’overdose et on meurt.
  • Oh. Tu connais quelqu’un qui… ?
  • Oui, donc si ça pouvait ne pas vous arriver, ça serait cool.

 Théo semble lutter pour continuer de sourire, je suppose donc qu’il est sérieux. Personne ne parle plus et je ressens un certain malaise, qui est bien compréhensible.

  • Une petite bière ? Demande Dylan pour rompre le silence.
  • Pourquoi pas.

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