La maison de mon enfance

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C’est étrange …

La maison de mon enfance ne me vient pas à l’esprit avec évidence. Aucun lieu précis ne surgit de ma mémoire. Petit à petit’ j’appose des images qui se révèlent être à 300 kms de Paris. Ce n’est pas la maison de mes parents. Cela m’étonne.

A notre arrivée, les graviers sous les roues sautillent derrière le portail en fer forgé. Les chiens poursuivent la voiture et mon grand-père sur le perron élève sa canne pour nous saluer.

La maison de deux étages fait corps avec une ferme entourée d’un grand jardin vallonné. Sa façade striée de couleurs pastel la singularise.

Devant un muret, du gazon, des transats et au fond un terrain de tennis où les adultes prennent place. Les joueurs et les spectateurs alternent.

Nous, les enfants nous nous entraînons sur le mur de la grange. Jouer sur le terrain de tennis est rare mais l’occasion nous grandit. Les photos dans les albums témoignent de ces instants magiques avec la famille. Mon goût du sport vient sans doute de ces moments clairsemés de cris, d’applaudissements et de joies.

Derrière la maison, nous nous éclipsons des regards des adultes où un jardin se déploie à l’infini. A proximité d’un espace boisé, nous escaladons le chêne « familial » , avec nos canifs dans les poches. Nous tailladons son écorce de nos initiales, marques de nos prouesses. Sur la terrasse, nous cherchons et ramassons des fossiles. D’où proviennent ils ? . Je l’ignore encore.

Le long de la ferme, le potager cultivé par le jardinier, est florissant. Nous l’approchons en silence. Il nous épie de son regard étrange. Il survient là où nous ne l’attendons plus. Nous nous camouflons entre les feuilles du potager pour savourer des groseilles et des cassis qui barbouillent nos frimousses hilarantes.

Dans la basse courre, le jardinier tue les poules et lapins dans un brouhaha infernal. Impressionnés, nous clignons des yeux et vite désemparés nous fuyons dans les bottes de foin. Il ne manque pas de recoins dans cette espace pour nous cacher mais aussi nous effrayer. Nous explorons ainsi la peur au ventre le grenier sombre et poussiéreux là où les toiles d’araignée freinent nos enjambées et les mouches se cognent sur les vitres

Autour de la maison, règne la forêt. De longues promenades matinales sont organisées avec les habitants de la région. Nous les terminons par un petit déjeuner réunissant les participants. Ce sont des moments de fêtes inoubliables.

La maison est immense. Une succession de pièces, de chambres, d’escaliers et de couloirs se suivent.

En bas, la cuisine avec son poêle à charbon chauffe en permanence.

A côté, la salle à manger et cette grande table où mon grand-père s’installe et commande les plats en actionnant sa clochette. A chaque repas, on nous verse un peu de champagne dans notre verre rempli d’eau.

Le café se déroule dans le petit salon où nous prenons un canard et filons.

Entre la cuisine et la salle à manger, il y a un couloir avec à l’intérieur d’un placard en bois de couleur blanche, une boîte à gâteaux. A l’approche du goûter avec un regard amusé, ses mains soulèvent le couvercle et la silhouette penchée nous en dévoile le contenu. Nous sautillons de joie attendant chacun notre tour et dégustons avec gourmandise délicates les gâteaux faits maison.

Je ne me souviens plus du mobilier de ces pièces. L’agencement reste flou surtout dans les espaces réservés aux adultes comme le grand salon où je ne me souviens pas d’y avoir pénétré. Quand nous montons les étages, l’agencement reste intact pour les pièces des adultes mais ma mémoire n’imprime plus rien sur nous . Où se trouve nos chambres dans ce dédale de pièces ? Je n’en sais rien.

Je ne me souviens des lieux que nous abhorrions. Des pièces sombres situées au bout d’un couloir ou dissimulées par un faux placard. Elles faisaient l’objet de nos cauchemars. Les fantômes y rôdaient. Les bestioles s’infiltraient dans les fissures des murs.

Fréquemment, une scène ou un objet me revienne à l’esprit. Dans le vestiaire par exemple, les raquettes rangées se trouvaient immobilisées sur les murs enserrées par une fixation métallique.

Depuis la chute brutale de mon grand père , nous ne sommes jamais retournés dans la maison familiale. J’avais 10 ans. Les oncles, tantes, cousins, cousines se sont dispersés et je les ai jamais réellement revus. Rien ne peut effacer ses racines qui m’ancrent dans une vie passée

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