Toi...

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  J’ai tant souffert par ta faute que j’en suis venue à te détester.

  J’ai longtemps lutté, j’ai pourtant essayé. Vraiment, j’ai le sentiment d’avoir tout tenté.

  J’ai bien essayé de te sauver, de toi, du monde qui t’entourait, de ces démons qui t’engloutissaient lentement mais sûrement et t'éloignaient de moi.

  J’ai bien tenté de résister, de continuer à t’aimer, de tout te pardonner. Il était difficile de faire autrement, notre société nous pousse à rentrer et rester dans des moules, des cases qui nous sont imposées pour correspondre à une normalité, un idéal. Alors j'ai continué d'essayer, pour ne pas voir le regard des gens sur moi changer, pour ne pas connaître leur jugement, pour ne pas souffrir encore plus de me savoir dépréciée.

  J’ai bien essayé de faire avec, de me dire qu’après tout, personne n'est parfait.

  J’ai voulu plus fort que tout, recommencer sur de bonnes bases, remettre les choses à plat, te tendre à nouveau la main, encore et encore, même si cela me faisait un mal de chien, même si je n'arrivais plus à oublier les blessures passées, même si elles s'accumulaient et causaient un tel mal être en moi.

  Mes efforts ont été vains, j'en suis désolée.

  Rien de ce que j'ai pu faire n’a jamais été assez à tes yeux. Pour s’en sortir, encore faut-il déjà avoir conscience du problème. Cela n'a malheureusement jamais été ton cas.

Je suis une personne altruiste, qui pense toujours aux autres avant de penser à soi. Comment est-il possible que nous soyons si différents toi et moi ?

  Je suis du genre à toujours tendre la main. Au final, je suis surtout du genre à tendre le bâton pour me faire battre et je crois n’avoir jamais autant donné de bouts de bois à quiconque à part toi.

  Je suis une personne aidante, aimante et attentionnée, même si tu me vois comme quelqu'un d'égoïste qui ne pense qu'à elle. Peut-être devrais-tu regarder autre chose que ton nombril ? T'intéresser à autre chose qu'à ta petite personne ? Abandonner l'égocentrisme pour un peu plus d'altruisme ? Alors tu verrais comme j'ai souffert et comme je souffre de ton regard sur moi. Tu verrais comme j'ai souffert et comme je souffre de ton manque d'attention. Tu verrais comme j'ai souffert et comme je souffre de ces mots prononcés au détour d'une dispute, d'un règlement de comptes, d'une tentative désespérée de ma part de te ramener à la raison, de te faire comprendre que j'existe, que je mérite plus que ton mépris, plus que de n'être là que lorsque tu as besoin de moi.

  Tu as réussi à semer le doute en moi. Longtemps j’ai cru être fautive. N’étais-je donc pas assez bien pour toi ? Longtemps j’ai cru te décevoir. Ne m’avais-tu pas imaginée comme ça ? Longtemps j’ai cru être trop faible. Pourquoi n’avais-je pas pu t’aider toi alors que je voue ma vie à aider les autres ? Longtemps j’ai cru que tout était ma faute. Avais-je essayé suffisamment fort ? Tenté suffisamment de choses ?

  J'ai perdu beaucoup de plumes dans la bataille. J'ai perdu ma confiance en moi, ma confiance en les autres. J'ai perdu un temps fou, une énergie terrible à tenter de tout recoudre, à tenter de tout réparer.

  Il n’y a plus rien à faire. Jamais je ne pourrai revenir en arrière, jamais tu ne pourras te rattraper. Dans ce rôle si important, tu as échoué et tu m’en vois désolée.

  Pourquoi n'as-tu jamais fait comme moi ? Pourquoi ne t'es-tu jamais remis en question ? Je sais à quel point c'est difficile, mais je sais aussi à quel point c'est nécessaire.

  C’est sur un air d’Oltremare que je couche ces mots à la vitesse de l’éclair. Un air de piano tout doux qui reflète pourtant ma peine, mon chagrin, ma colère, mon désespoir, ma lassitude. Je ne sais même pas si je me relirais, tant tout arrive si spontanément. C’est bien la première fois que je ne pèse pas mes mots, ne réfléchis pas à chacune de mes phrases quand il s’agit de parler de toi.

  La vérité est là, limpide et douloureuse : tu m’as fait du mal et tu m’en fais encore aujourd’hui. Parce que tu as brisé quelque chose en moi, quelque chose que je n’arrive pas à réparer. Quelque chose qui me fait souffrir encore chaque jour. Je pense que jamais je ne cesserai de me poser des questions à ton sujet. Après tout, peut-on vraiment haïr notre propre père ?


C’est « je t’aime » que l’on devrait dire à son père.

Au lieu de quoi je te dis : Pardon papa mais je te déteste, je te hais.

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