« Six secondes soixante six, on va manquer de temps. Alors, le vert ou le rouge ? Plus que deux secondes.
– J'en sais rien, t'en penses quoi ?
– Il n'y a pas moyen de différencier les fils. C'est du 50/50. Qu'est-ce qu'il en dit le manuel ?
– Quel manuel ?
– Celui du déminage pardi.
– Attends, je regarde. Faut que j'enlève ma veste de protection, je l'ai gardé en dessous.
– Bouge pas, je te file un coup de main.
– Merci, voilà. Je regarde à la fin ?
– Si t'es pas sûre commence par le sommaire.
– Ouais pas con.
– Alors ?
– Attends, j’y suis, alors, gna, gna, gna,
– Dépêche, maintenant, il reste moins d’une seconde. L’affichage a changé et on voit défiler les centièmes, ça va beaucoup plus vite. Grouille, quatre vingt dix-sept.
– C’est bon, je l’ai. Le manuel il dit que si tu sais pas et qu’il est trop tard pour fuir, alors tu fais comme tu veux.
– Vraiment, fais voir.
– Mais, non. Je sais lire. Il serait temps que tu apprennes à faire confiance aux autres.
– Oui, c’est bon. Tu as raison. Remets ta veste, c’est dangereux ici.
– Non, John, enlève la tienne.
– Mais Marie ?
– Oui John, je t’aime. Depuis le premier regard, je t’ai aimé. Si je dois vivre mes derniers instants, je veux les vivre dans tes bras et sentir ton corps contre le mien, alors retire ta veste, John.
– Marie, puisqu’on vit peut-être nos derniers instants, moi aussi, il faut que je parle. Je dois t’avouer, dans mes moments de solitude, je pensais à tes seins, tes fesses, ta
– John ! Il faut faire quelque chose pour la bombe.
– Mais je suis là pour toi bébé.
– Pas moi, l’autre bombe. On en est déjà à soixante neuf.
– Il faut couper un fil.
– Mais lequel mon amour ?
– Je ne sais pas bébé, prends ma main et faisons-le ensemble.
– C’est si romantique, tu me fais fondre. Embrasse moi, grand fou et coupons ce fil.
– On n’est pas passé loin.
– Ah, oui ?
– Il nous restait sept centième. Marie ?
– Oui, John ?
– Moi, je n’ai pas mouillé ma petite culotte. »