XVIII. Petit Jean, portrait d’un homme du XXe siècle

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Il tient ses deux mains en creux, un sourire lui éclaire le visage.

Une autre photographie circulait. Sur ce cliché, Petit Jean portait une épaisse pelisse militaire, le sol était couvert de neige. Le béret, incliné sur sa tête, faisait probablement partie de son uniforme de soldat. Quand cette photo avait-elle pu être prise ? Il se disait que Petit Jean était alors en permission. C'était la dernière fois qu'on le verrait avant la fin de la guerre. Il fut fait prisonnier juste après.

Petit Jean est un surnom qui va l'accompagner sa vie durant. Au pays tout le monde l’appelle ainsi. Pour l’état civil, il en est autrement. Jean Massé né le 20 juillet 1917 se prénomme en fait Félicien. Il a été enregistré sous ce seul prénom à la naissance, ce que confirme son livret militaire. Pendant un temps on a pu croire que Marie ne voulait pas d’un tel prénom, et aurait préféré Jean, peut-être est-ce la vérité… Cependant il est fort probable, comme il était courant au début du XXème siècle, que le nom usuel soit différent de celui enregistré par l’administration. Un nom pouvait être donné à l’église (pour plaire à une mère ou grand-mère) et ensuite abandonné pour un autre préféré des parents. Que Félicien ait été appelé Petit Jean n’a donc rien d’extraordinaire.

On sait qu’il a été ballotté d’école en école, à Torcy chez Marie, à Vic de Chassenay chez sa grand-tante Jeanne, à Epoisses chez sa tante Gabrielle. A la fin de sa scolarité, il a trouvé un soutien en la personne de Paul, son grand oncle. Paul dirigeait une entreprise dans le bâtiment qu'il avait fondée. On dit que Paul a « donné » un métier à Petit Jean en l'embauchant. Petit Jean est devenu plâtrier.

En 1937, il a 20 ans, il est appelé à faire son service militaire, deux ans à l’époque. Mais la Seconde Guerre Mondiale éclate avant la fin de son service. Petit Jean est déjà sous les drapeaux, il part au front. Il est fait prisonnier, au Stalag 11B. Il restera en Allemagne jusqu’à la fin de la guerre. Il revient finalement au pays le 18 avril 1945, date à laquelle il a été libéré par les Alliés, son acte de démobilisation faisant foi.

À son retour, il se dit que l'oncle Paul a repris Petit Jean au sein de sa société. Si l’on s’attarde sur ce travail, ce n’est pas un hasard. Un jour de chantier comme les autres, Paul a envoyé Petit Jean à Bard-les-Époisses, chez M. et Mme Mias. Sur le chantier, il a croisé la route de celle qui allait devenir son épouse. L’orphelin venait de rencontrer Andrée.

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