III. Robert raconte

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Revenons à notre ancêtre. Augustin meurt en 1926. Il se raconte qu’il serait mort de chagrin, suite au décès de sa fille aînée, la susdite Isabelle.

Légende familiale ? Autant en avoir le cœur net. La route jusqu’en Bourgogne était longue pour certains invités. Beaucoup de cousins arrivèrent sur place la veille de la réunion de famille. Les premiers arrivés décidèrent d’en profiter pour compléter le peu d’informations en leur possession.

Première étape, aller saluer Robert, le fils aîné de Gabrielle (l'une des trois sœurs Massé), qui vivait à Epoisses, tout près de Torcy.

Robert raconte : « Ma mère avait en fait une sœur aînée, que je n'ai jamais connue. Ma grand-mère l'a chassée, car elle a eu un fils sans être mariée. À l'époque, c'était très grave. Je crois bien qu'elle en est morte. »

Robert raconte. Isabelle aurait été chassée de la maison par sa propre mère, Marie Domino, et elle en serait morte !

Robert raconte. Quand sa mère, Gabrielle, est née, Augustin et Marie avaient déjà une grande fille du nom d’Isabelle. Gabrielle n’était donc pas l’aînée. Bien sûr, Robert n’a jamais connu Isabelle. D’ailleurs dans la famille, on n'en parle jamais. Pourquoi tant de mystère ? Pour un enfant né hors mariage ? Son bébé serait la cause de ce secret ?

Marie Domino aurait chassé sa fille de la maison familiale car elle avait « fauté ». On ne plaisantait pas avec les filles-mères en ce temps-là. La malheureuse Isabelle n’aurait pas survécu longtemps à ce bannissement, loin des siens et loin de son fils. Un fils que Marie aurait gardé près d’elle. Elle n’avait eu que des filles : Isabelle, Gabrielle, Marcelle et Janine. À la naissance du petit garçon, à peine deux ans après Janine, Marie aurait mis dehors Isabelle et aurait élevé le bébé comme son fils.

En réalité, Robert ne savait pas grand-chose de cette histoire. Isabelle, il ne l’avait pas connue. Il en avait entendu parler comme l’on parle d’une légende, d’un souvenir, d’un fantôme. Isabelle est morte en 1920. Robert est arrivé au monde 4 ans plus tard. S’il savait quelque chose, ce n’était qu’au travers de phrases entendues dans le bruit des conversations des femmes, de paroles volées derrière les portes ou à travers les cloisons des maisons.

Incontestablement l’Isabelle faisait figure de tabou familial. Un secret verrouillé dans le placard, à double tour. Enfermé, jusqu’à ce jour de cousinade de juin 2014 où bientôt allaient se retrouver les Massé d’Isabelle avec les autres Massé qui n’étaient plus des Massé, le nom s’étant dilué dans cette génération de filles.

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