Décadence

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Where is my mind ?

Encore cette musique. Déjà ? Est-ce un rêve ? Non. Une nouvelle aube se lève. Le radio-réveil fait son office. J'émerge lentement d'un sommeil sadique... J'ouvre les yeux. Fixe le plafond lézardé. Inspire l'air glacé. Sadique. Le sommeil est sadique. Pourquoi s'acharne-t-il à nous emporter si tard et à nous rejeter si tôt... ?? Le réveil est le tortionnaire des temps modernes. Encore un instant. Non. Je dois y aller. Samuel. Il faut y aller. Je dois le faire. C'est si... important. Mon travail. Je lève une jambe. Le froid n'attend pas. Sa morsure est immédiate. Le pire est à venir. Poser son pied sur le béton glacé. Putain de chauffage. En panne. Toto, lui, reste sous la couette, bien au chaud.

Plic.

La goutte de café tombe dans la tasse.

Ploc.

Même cette putain de cafetière s'y met. Tous des sadiques. Le café n'est pas prêt d'être prêt.

Plic.

L’onde se propage dans le café, se réfléchit, s’annule elle-même puis se surélève. Je vois les reflets onduler sur la surface fumante et noirâtre. Et je suis congelé. Manger en attendant. Je me traîne lentement jusqu'au frigo. Ouvre la porte. Me ramasse le pot de cornichons sur le pied. Le grand classique.

Zak.

Flatch.

L'orteil broyé. L'épiderme tranché. Le vinaigre qui se mélange au sang. La douleur, instantanément. Top journée. Il faut y aller. Toto me salue d’un groumf inquiet.

J’ai trop mal au pied. La douleur n’est qu’un influx nerveux. Un – putain – d’influx nerveux. Un pauvre courant électrique causé par à peine quelques microvolts. Je ferme difficilement à clé la porte du taudis qui me sert d'appartement. Un putain de taudis. Il fait encore nuit. Et plus de lumière. Je crois qu’il n’y en a jamais eu. Je descends les escaliers en prenant garde de ne pas me péter la gueule. Comme l'autre soir. Mais j'étais bourré. Comme elle. Au moins, elle n'a pas fait la difficile, comme ça. J'ai pu me l'envoyer sauvagement sans qu'elle trouve rien à redire sur la déco franchement absente de mon appartement. C'était l'essentiel. Et ça n’arrive pas souvent. Je descends. Comme chaque matin, j'ai l'impression que mon concierge va me tuer. Mais ce n'est qu'une impression. Enfin, je crois.

Evidemment, c'est la tempête.

Faut croire que c'est l'hiver qui veut ça. Toutes ces molécules de gaz qui me percutent de plein fouet. Et toutes ces autres, de matière sombre, qui me traversent sans même daigner faire attention à moi. Je ne suis rien d’autre qu’une passoire. De toutes façons même la matière ordinaire dont je suis fait est composée de 99.99 % - et même plus encore - de vide. Le néant. Rien. Pourtant, dans la nuit, les phares des voitures sont réellement éblouissants. A chaque instant un nombre effarant de photons me percutent. Certains frappent ma rétine et change l’isomérie moléculaire interne de mes récepteurs chimiques. Je vois. Le métro est en vue. Un peu de chaleur.

Là, les photons se comportent comme des ondes et non plus comme des corps. Tout n’est qu’une question de modèle. La chaleur n’est que le rayonnement d’une onde dans l’invisible. Paradoxalement, à mon contact, ce sont de nouveaux des particules qui me transmettent leur énergie cinétique.

J’ai chaud. Enfin.

Dans la rame, les gens m'observent. Je les observe. Là, devant moi. Un type. Habillé n'importe comment. Encore un qui a dû mettre trois plombes à se saper ce matin. Il a probablement squatté la salle de bain un bon moment. Tout ça pour quoi... Un pantalon porté sur les genoux, le caleçon remonté jusqu'au menton, trois foulards sur la tête, deux casquettes, une à l'endroit, l'autre sur le côté - très important -, un survet' bullrot, et une bonne dizaine de chaînes et autres bracelets. Il mate une jeune gamine de quinze ans, habillée comme une pute, seins moulés, string visible au-dessus d'un pantalon serré, montée sur des semelles compensées d'au moins dix centimètres, portant des lunettes « de soleil » orange fluo sans aucun doute super utiles en plein hiver. La rame ralentit. Elle lui passe au ras du corps, frotte sa croupe contre lui, puis descend. Lui doit attendre le prochain arrêt. Furieusement excité, il la traite tout bas de salope et autres injures révélatrices. Elle semble ravie. Sûr qu’elle a tout compris. Au lycée il racontera à tout le monde qu'hier il se l'est envoyée dans les chiottes du RER. Le métro freine. Les casquettes de ce pauvre type s’allongent, comme l’intégralité du wagon. C’est infinitésimal et relatif à la perte de vitesse. Cette-dernière est dissipée sous forme de chaleur par induction et convection au niveau des plaques de frein. Encore un rayonnement. Je descends.

Les locaux de K.A.R.L. C'est là que je travaille. Je suis mon propre chef, ici. Je fonce dans mon bureau. On travaille depuis des années sur ce projet. Mais j'ai mes propres raisons. Très différentes de celles de mes collègues. Gregory, par exemple, ne pense qu'à faire de la thune. De la grosse, grosse thune. Celui qui n'est pas au courant, dans tout l'immeuble, qu'il vient de s'acheter une nouvelle Porsche et un nouveau home-cinema doit être sourd et / ou aveugle. Et encore, je suis sûr que Greg aurait trouvé un truc pour le lui faire savoir. C'est vrai, changer son dolby-surround 5.1 complètement démodé pour un 7.1 high-tech, c'était l'occasion du siècle, surtout pour seulement dix mille balles. J'avoue. Yann, en tous cas, lui, approuve, d’un air convaincu. Il pense en faire autant. Dès ce soir. Il faut profiter de l’offre. Il faut s’empresser de consommer.

Je ne suis pas sorti de mon bureau de 3m² aujourd'hui. J'ai bien avancé. Ce sont les autres qui traînent. Des boulets. 22 heures. C'est bon. Ce ne sera pas pour aujourd'hui. Ni pour demain. Mais pour bientôt quand même. Enfin, j'espère.

Un film génial. Sacrifice, de Tsui-Hark. Un bon verre après ça. Ca fait du bien par où ça passe. Un bon triple whisky. De quoi carburer par ce froid, car il faut bien rentrer. Evidemment, je loupe le dernier métro. Mais je crois que j’aime ça. Sinon mon inconscient ferait tout pour pas se taper toutes ces bornes par un froid aussi intense.

Toto ronfle bruyamment. L’enfoiré. Moi, j'essaye. De dormir. En vain. Pas moyen de trouver le sommeil. Quand j'y suis presque, un connard se vautre en moto juste sous mes fenêtres. Un boucan pas croyable. Là, ça y est. Non, les poubelles. A 3h du mat'. Ah ? Enfin ? Non, un camion nettoie la rue à grande eau. Et à grand bruit.

Where is my mind ?

Encore cette musique. Et cette fille ? Partie depuis des heures. Je dormirai demain. Peut-être.

Dimanche.

Un nouveau jour se lève sur notre monde. Un avion viendra t-il s’encastrer dans l’Empire State Building ? Ce serait un putain de spectacle que je ne renierai pas. Mais bon. Allez dire à monsieur tout le monde que le 11 septembre 2001, c’était magnifique. Vous serez mal vu. Forcément. C’était si beau. Ce fracas de béton, de métal et de chair. Et puis ça leur apprendra. Voir de richissimes entrepreneurs se faire réduire en poussière, ça m’émeut pas plus que ça. Pour moi c’était des esclavagistes. Pas tous. Mais beaucoup. C’est ça, l’occident. Quoique l’orient est pas mal non plus, dans un autre style qui lui est propre. Mais je changerai tout ça. Merci, K.A.R.L. J’y pense tout le temps. Vivement.

J’aime bien me poser dans les parcs, me promener avec mon chien. Voir des gens passer. On voit de tout. Des gens biens. D’autres, moins biens. Je m’assois sur un banc. Il fait très froid. Une vieille dame nourrit les pigeons à côté de moi. Elle me sourit. Je lui souris. J’aime ces moments-là. Toto regarde les pigeons d’un œil vif. Une jeune et jolie jeune fille passe devant nous en faisant son jogging. Je vois ses muscles se contracter puis se relâcher sous la peau, en cadence. Elle a les joues toutes rouges. De sa bouche s’échappent de grands nuages de buée. C’est chaud. C’est beau. C’est la vie. Assis sous l’arbre, un guitariste aux cheveux bouclés. Je ne connais pas du tout ce qu’il joue, mais j’aime bien. Je me regarde dans la flaque située juste sous mes pieds. Qui suis-je ? Suis-je bon, ou mauvais ? Quelqu’un sait-il seulement ce que cela veut dire ? Je fais comme je sens. Je me sens bon, forcément. Qui ferait délibérément quelque chose qu’il sait mal ? Je veux croire que personne ne peut faire ça. Au fond, c’est un problème de conscience. Il faut se rendre compte des réalités et des enjeux de la vie. J’ai quand même de mauvaises pensées.

Je me suis barré. J’en ai eu marre de ces petits cons venus squatter le banc d’en face. Ils étaient cinq. Habillés à peu près comme tous les autres clones de celui rencontré dans le métro. Tous, ils étaient là, avec une flaque de bave entre leurs pieds à force de mollarder. Se mettre en valeur est décidément leur activité préférée. L’un disait s’être enfilé deux litres de whisky à lui tout seul, en une soirée. Un autre avait cassé la gueule à un type en sortant d’une boîte de nuit, « juste pour s’amuser ». Il s’était finalement retrouvé à un contre cinq. Mais il leur avait mis la branlée. Forcément. Ils avaient eu « plus mal » que lui « ces cons-là ». Ils se sont tous enfilés je sais pas combien de clopes. Evidemment, ils ont jeté leurs mégots fumants à même le sol. Sans doute que bouger son derche jusqu’à la poubelle, éloignée d’à peine quelques mètres, demandait un effort surhumain. Mais non. Je crois que polluer en toute impunité, c’est tellement plus excitant. Se la jouer «moi -tu vois- je fume et je m’affranchis des règles, donc de la poubelle -tu vois- alors je balance mes mégots n’importe où» doit être fondamentalement plus important. C’est vrai, quoi, foutre son mégot à la poubelle devant les potes, la honte. Bande de connards. Y’en avait un avec un énorme rottweiller comme le mien (mais en moins bien), avec une muselière cloutée et un collier de cuir et de métal assortis, qui était plus là pour soigner l’image de caïd de son maître que pour l’amour de ce-dernier pour son chien. Sûr qu’une fois à la maison, le pauvre chien Killy se retrouve seul, dehors dans le froid et sous la pluie, et n’a pas droit à la moindre preuve d’amour… Forcément, son maître sera plus occupé à repeindre son scooter en vert-jaune-rouge et à creuser le piston de son pauvre moteur de cinquante centimètres cube – attention, débridé, hein, le moteur - pour gagner trois misérables kilomètres heure. Tout ça en écoutant du Marylin Manson. Quelle cohérence. Petits cons. Moi, quand je bois, je suis malade. Des fois. Et quand je me bats, je perds. Des fois. Je ne fume pas. Suis-je meilleur qu’eux ? Je veux le croire. Il y a des choses plus importantes ici-bas.

Sur le chemin du retour, j’ai eu envie de chier. D’un coup, comme ça, et avec moi ça n’attend pas. J’ai dû me résoudre à utiliser une de leur espèce de capsule intergalactique payante, avec des digicodes, des portes blindées et tout et tout. Le néon diffuse une lumière bleutée, presque irréelle, et la ventilation brasse bruyamment de l’air glacial, pour en rajouter à l’effet station spatiale. Une voix douce, mais ferme, se fait entendre. « Si vous souhaitez uriner, tapez 1. Pour déféquer, tapez 2. Si vous ne savez pas, tapez # ». J’en rajoute à peine. Ma hantise, c’est de voir le système de nettoyage automatique se mettre en branle alors que je suis encore piégé à l’intérieur. Les balais-chiottes qui descendent, les brosses rotatives, le jet de javel pressurisée. La pure angoisse néogothique. Quelle merde. Ah oui, une belle merde, en effet. Fnouf, fnouf. Toto a l’air d’apprécier. Le prochain cosmonaute sera content de son séjour. La porte se referme en faisant le bruit du respirateur poussif de Dark Vador.

J’arrive en vue de mon immeuble. Je suis au coin de ma rue. Un type décroche difficilement avec de l’éther un gigantesque dessin collé à la vitrine de ce cher George. George Rech. C’est une boutique de vêtements masculins. Faut le voir, ce magasin, avec l’enseigne « George Rech » en lettres d’or gravées dans du marbre noir, la vitrine, les mannequins. Je supporte pas ça. En plus elles ont rien d’extraordinaires, ces fringues. Sauf le prix, là, par contre, j’avoue, c’est distingué. Trois milles euros le veston, ça calme. Bah, c’est du George Rech quand même. C’est moi qui ait conçu et collé cette affiche la nuit dernière. Avec une putain de bonne colle. Le dessin est encore bien visible, on voit un type en costard, cheveux gominés, en train de s’adresser aux passants avec un vieux sourire: «Salut, j’m’appelle George, et, chez moi, c’est reuch… ». En voyant ça, des passants esquissent un sourire. Le patron, ce cher George, lui, apprécie moyen. Enfin. Des affiches, j’en ai plein. Cette nuit c’est reparti. Ca va lui coûter cher en éther.

Je suis enfin devant mon immeuble délabré. J’entre. Le concierge me fait – encore - la gueule. J’ai payé le loyer, pourtant. Monter au 27ème étage à pied, quelle joie. Un bonheur de tous les instants. On croise des gens si aimables qu’ils n’osent même pas vous regarder. Ou alors ils vous snobent. Ngueu. Tiens, le petit frère de Chloé, jolie petite étudiante en droit – que je m’enverrai volontiers -, est sur le pallier. Il a l’air de s’emmerder, tout seul. Le pauvre. Je gesticule devant lui, fais des grimaces. Je dois être très drôle, vu qu’il se bidonne sacrément. Il m’imite. Je retombe en enfance. On rigole bien tous les deux. Fais pas comme lui c’est un con ! lance Chloé. Quelle gratitude, vraiment, merci. Pute.

J’ouvre péniblement mon appartement. Toto me salue en me faisant la traditionnelle tchoukstorm. Une espèce de corrida bien violente. Mais tellement affectueuse. Mais oui. Il est beau mon gros Toto. Et il a faim. Mais quel chien n’a pas toujours faim ? Je lui verse avec amour une grande ration de croquettes dans sa belle écuelle de métal défoncé par des années de bons et rudes services. Gling, glong. Le bruit caractéristique d’une gamelle métallique qui fait son office. L’inscription all gone peinte au fond de la gamelle a vite fait d’apparaître. Toto me regarde, genre « tu m’en resservirais pas une autre ? ». Je lui saute dessus. On joue. La bête est tellement musclée qu’elle a vite fait de me terrasser. Aussitôt il me lèche le visage avec sa langue bien puante. Que du bonheur. C’est sa façon de se faire pardonner la raclée qu’il vient de m’expédier. Bon allez. Manger. Moi aussi je crève la dalle, mon gros. J’ouvre le frigo. Pas de risque avec les cornichons ce coup-ci, y’en a plus. Du lait tourné. Un coup d’œil à l’étagère et j’attrape un paquet de muesli périmé depuis l’année dernière. On mélange tout ça. C’est pas grave ça renforce les intestins. Demain j’achèterai du pain. Peut-être. J’allume la télé. Il y a C’est mon choix. Ça, c’est de l’émission. On y voit des ménagères se crêper sauvagement le chignon sur des sujets aussi intéressants que la taille du slip de José Bové. Aujourd’hui, le thème c’est « dois-je laisser ma fille de seize ans et demi se teindre les cheveux » ? Grande angoisse existentielle. Une mère au foyer d’une cinquantaine d’années déclare que se teindre les cheveux façon punk, « c’est le début de la délinquance ». Euh, ouais. A bien y réfléchir, il faut avouer que c’est l’évidence même. Et c’est son choix. Il faut bien évidemment applaudir. Je zappe sur Ça se discute, là aussi c’est pas mal. Je lis Télérama, et ça se discute. Dans Tout le monde en parle, une pouffiasse de la StarAc’ fait la promo de sa co-auto-biographie romancée. A dix-neuf ans. Vite, le nom de l’éditeur, il me la faut. A quel âge s’est-elle faite trouée pour la première fois ? C’est si important. Thierry Ardisson lance une vanne pourrie. Le public se sent obligé de se lever, de rire et d’applaudir. Applaudir. Tiens, la StarAc’, justement. Ça faisait longtemps que j’étais pas tombé dessus… Et c’est encore plus affligeant que la dernière fois. Un « professeur » apprend aux « académiciens » la « solitude en tournée » en leur passant une vidéo sur un skipper qui fait le tour du monde… Proprement hallucinant. Comment peut-on oser comparer un véritable marin à de jeunes connards tout juste bon à se trémousser maladroitement sur scène au milieu de filles en string en hurlant simplement des yeah d’autosatisfaction ? Tiens, la pub. Une meuf se la joue matrix-style pour aller déboucher des chiottes avec de l’Ajax. Un couple s’envoie en l’air avec des yaourts à 0% visiblement super aphrodisiaques. Une pouffe de 20 ans super bonne déclare qu’elle a décidé de « voir sa peau renaître » en utilisant du « régénium XY au nutriléum aqua-redensifieur »… A l’efficacité censément prouvée… C’est sûr qu’à 20 ans les rides c’est du sérieux… Tiens, ce soir, on annonce L’Ile de la Fellation à 23h10… Je reste sidéré par un tel déferlement de niaiseries. La connerie humaine est définitivement sans limites. Il ne reste donc plus rien à sauver en ce monde. Il faut que j’appelle Jidé. On devrait se faire une soirée un de ces quatre. J’ai récupéré un pur film tout pourri à mater. Frères Ennemis, d’Albert Magnoli, avec Steven Seagal, Chuck Norris et Jean-Claude Van Damme. « Ils vont tout péter » annonce la sublime jaquette mettant en scène les visages de nos chères idoles au beau milieu d’une gigantesque explosion. Ça promet. Avec des bières ça fera l’affaire. On enchaînera sur un film « exclusif » et « interdit lors de sa sortie en salle » parce qu’il a « choqué l’Amérique ». Et en plus il est « interdit aux moins de 18 ans » Forcément. Ca doit être trop bien. Il s’agit du très poétique Boss of ScandalZ StrategyZ, émouvant film « d’auteur » inspiré de la vie de l’illustre rappeur noir-américain DJ Naughty G et de son petit frère LL Cool Jay. Avec aussi en guest-star l’étoile montante du rap américain, DJ G-Bob J. On va se marrer.

Where is my mind ?

L’onde mécanique sonore progresse jusqu’à mon oreille interne qui entre en vibration. Ça fait mal une fraction de seconde. L’instant d’après une autre vibration m’apaise. C’est comme ça que je conçois la musique. C’est n’est rien d’autre que du sadomasochisme. A une certaine échelle. La mélodie est magnifique. Toto groumfe à côté de moi. Je suis épuisé. Ai-je dormi plus de quatre heures depuis longtemps ? La chaleur de la couette se veut tentatrice. Il ne faut surtout pas sous-estimer le pouvoir d’un édredon. La Couette de la Tentation. Je resterai bien là, à pioncer. Le café va encore mettre trois plombes à se préparer. Faut avouer aussi que je suis con d’avoir une putain de cafetière. Une casserole, un réchaud, c’est aussi bien. Et plus vite fait. Froid aussi, le café, c’est bien. Quoique. Je me lève péniblement. Je suis tout ankylosé. Je m’étire. Ca craque de partout. A la douche. Froide, bien sûr. En sortant de la douche, je jette un coup d’œil à la télé. La navette spatiale Atlantis s’est désintégrée. Ils nous refont le coup de Columbia ces cons-là. Mais en mieux, cette fois. CNN diffuse en boucle les images tournées depuis l’espace par un satellite de la NASA. On voit l’engin majestueux pénétrer les couches denses de l’atmosphère. Il s’agit tout de même d’un avion spatial de plusieurs centaines de tonnes satellisé à des dizaines de milliers de kilomètres heures. Les bords d’attaque sont portés au rouge, les céramiques blindant le fuselage encaissent jusqu’à douze cents degrés. Un sublime halo de plasma orangé enveloppe l’orbiteur qui file à plus de vingt-cinq mille kilomètres heure. La pression, la température et la décélération auxquelles est soumise la machine la plus puissante du monde sont proportionnelles à sa démesure… Une micrométéorite percute alors le cockpit. Le vitrage blindé est émoussé et vole bientôt en éclats aussitôt consumés. La caméra embarquée montre le cockpit se fendiller puis imploser. On voit le plasma s’infiltrer dans l’habitacle dépressurisé. Les astronautes sont en train de brûler, léchés par du gaz porté à douze cents degrés. Ils gesticulent. Leurs hurlements implorants glacent les tympans. Ils sont calcinés dans l’instant. Ca a coupé. Habile retour à la caméra-satellite. La navette dévie de sa trajectoire normale, l’aile gauche n’est plus correctement orientée et commence à s’embraser. La machine blessée se met à basculer. Les céramiques sont contournées, la peinture est brusquement écaillée, l’habitacle se fait dévorer. En proie aux flammes de l’enfer, l’impressionnant mais fragile fuselage s’embrase et se disloque majestueusement. Un véritable crématorium volant. En quelques instants Atlantis est vaporisée et consumée. Les corps déjà calcinés des sept astronautes sont aspirés à l’extérieur et commencent alors une chute vertigineuse de soixante-dix kilomètres… Ils percuteront le sol, raides morts, morcelés, défigurés, à plusieurs centaine de kilomètres heures. Je me dis alors que c’est ainsi que je voudrai mourir. Vraiment. Depuis la Terre, Atlantis est comparable à une comète et sa majestueuse traînée. L’image finale du reportage montre le casque à moitié carbonisé du capitaine d’équipage, récupéré sur le sol du Texas. Non, l’homme n’est définitivement pas tout puissant. Mais il sait habilement donner sa perte en spectacle. CNN explose les records d’audience.

Gling, glong.

Toto me fait savoir qu’il a faim. Pour changer.

Sur le chemin du métro, un autre spécimen intéressant. Un type attend sa gonzesse en bas de chez elle, en laissant tourner le moteur de son énorme BMW. Faut croire qu’il a quelque chose à compenser. Il donne de grands coups d’accélérateur. L’essence pressurisée est injectée, vaporisée, puis se mélange avec l’air aspiré. Le mélange est comprimé par la remontée des pistons, les molécules condensées se percutent et convertissent leur énergie cinétique, la température est ainsi augmentée selon la loi pV=nRT. L’étincelle électrique fait tout exploser. Les pistons redescendent violemment. Le vilebrequin se met en branle. Les arbres de transmission ne demandent qu’à transmettre. Le gaz carbonique est expulsé avec des millions de particules. Quel magnifique transfert d’énergie potentielle entre le sang de la Terre et l’atmosphère. Après tout, ce connard a raison, l’économie d’énergie et l’écologie c’est pas la peine d’y penser. Il crèvera avant le grand chambardement. En tous cas son aileron est pas mal. Le pare-choc rabaissé à l’avant donne aussi de jolis airs de ramasse-merde. Les grilles bricolées sur les entrées d’air donnent un pur look râpe à fromage. La fourrure sur le volant rend aussi plutôt bien. Le détail qui tue, c’est le gigantesque autocollant Fast & Furious sur le pare-brise. Je me demande s’il y voit encore quelque chose. Mais le grand jour approche. Je le sens. Quel monde de merde.

Je tape. Je tape. Je martèle mon clavier. J’entre des données. Le plus vite possible. C’est ça mon travail. L’écran plat à plasma TFT est constitué de millions de cellules chimiques. En zoomant, je ne verrais qu’une infâme bouillie de couleurs primaires. Mais, de loin, mon fond d’écran est absolument magnifique. Un écorché vif peint par Francis Bacon. Comment est-ce possible ? L’infiniment grand n’est finalement vraiment pas comme l’infiniment petit. Gregory travaille dans le box d’à-côté. J’entends son poste de radio diffuser un pseudo-rap complètement pourri. C’est Terror Seb, le nouveau rappeur à la mode. Le refrain ? Quelque chose comme « fuck out, all of them »… Avec un nom d’«artiste» pareil, fallait pas non plus s’attendre à du Baudelaire. Terror Seb. J’hallucine. On voudrait parodier un nom pareil qu’on n’y arriverait pas. Quoique, Error Seb serait assez de circonstance. Ca enchaine sur du Sean Beauf, qui chante quelque chose de très originalement titré I’m still in love with you. Anyway, l’aboutissement de nos travaux, ce n’était pas pour aujourd’hui. Déçu, je quitte les locaux. Mais c’est pour bientôt. C’est ça qui est excitant. Ça peut arriver d’un coup. Brusquement. Il faut dire que c’est parce que nous ne savons pas franchement comment cela va fonctionner.

Je marche lentement, en direction du métro. Le pont. Le soleil se couche dans l’axe du fleuve. C’est beau, je m’assois sur une rambarde. Je fixe les cieux qui virent imperceptiblement de l’orange à l’ocre, puis au rouge violacé. C’est magnifique. J’attends les étoiles. Elles ne viendront pas. La nuit ne se couche jamais sur la mégalopole. Le ciel est violé dans son intimité par une perpétuelle lueur rougeâtre. Les lampadaires. Quel monde de merde. Je n’ai pas pu voir les étoiles. Celles qui n’existent peut-être déjà plus depuis quelques milliards d’années et qui, pourtant, tentent encore de nous inonder de leur énigmatique lumière.

Cette nuit encore je n’ai pas dormi. Je n’ai pas cessé de me tourner, de me retourner, et me de me retourner encore. Je crevais de chaud avec cette putain couette. Je crevais de froid sans. J’ai bien tenté de ne la mettre qu’à moitié, mais faut pas rêver. On se gèle une moitié et on crève de chaud de l’autre côté. Mais on continue d’essayer. Toto n’avait pas l’air gêné. Et le sommeil ne venait toujours pas. J’ai pensé à tous ces connards – dont Toto ne fait évidemment pas partie - qui s’endorment juste en fermant les yeux. Le pouvoir du sommeil. Je leur aurai bien volé cette faculté. La voisine d’à-côté, elle, se foutait pas mal de ces considérations. Son amant se l’envoyait brusquement contre le mur mitoyen de ma cuisine. Tout tremblait dans mon appartement. Faut dire que j’ai pas le moindre isolant. J’ai eu envie de les buter. Tous les deux. Tous. Putain d’insomnie. Le sommeil, ce n’est pourtant rien d’autre qu’une activité facilement mesurée en encéphalogramme, pas si différente de celle qu’on a lorsqu’on est éveillé. En fait, non, je simplifie, c’est super complexe. Des fois, j’ai le don de simplifier à outrance. Si seulement j’arrivais à trouver le sommeil. Le sommeil, on ne sait pas vraiment ce dont il s’agit mais c’est tellement bon.

Ce qui est bien dans mon travail, c’est l’objectivité. On ne pourra rien nous reprocher. Tout se fera logiquement. Et alors, nous saurons. Enfin. Demain, peut-être.

Je passe prendre du pain à la boulangerie. Ils font des pâtisseries aussi. Faut bien manger de temps en temps. La queue est interminable. Il y a devant moi trois grand-mères qui veulent commander un gâteau d’anniversaire. Evidemment elles ne sont pas d’accord sur l’inscription à faire sur le gâteau. Putain. Pouvaient pas y réfléchir avant ? J’attends. Encore une vieille peau. Elle, elle veut un pain bien cuit, mais pas trop. La boulangère lève les yeux au ciel, exaspérée. Ce n’est pas bon pour la clientèle. Moi, je soupire comme je veux. Aussi fort que je peux, même. La vieille peau ne se presse pas plus pour autant. Je jurerai même qu’elle le fait exprès, de ne pas trouver de pain qui lui convienne. Bonjour, je vais prendre un pain. Merci, au revoir.

Les américains déclarent la guerre à la Syrie. En une journée, la capitale est prise. La Corée du Nord, on n’en parle même pas. Les américains sont des pédés. Quel monde de merde, ils font tout ce qu’ils veulent. Ils ravagent les magnifiques territoires d’Alaska pour pomper le sang de la Terre. Ils se sont déjà appropriés le pétrole du Moyen-Orient. C’est diabolique. Ils pompent les pays étrangers, comme ça dans cinquante ans quand ces puits seront à secs, eux jouiront de leurs immenses réserves. Mais ils sont tellement nuls qu’ils brûleront tout à la vitesse grand V. Leur civilisation est basée sur le gaspillage. Quel monde de merde. Tout ça doit changer. Tout ça va changer.

Dimanche midi. Je dors trop bien. Enfin. Mais plus pour longtemps. Des connards de manifestants passent sous mes fenêtres, faisant un bruit pas possible. Ils veulent le remboursement de crèmes anti-moustiques et de soins anti-âge. Ils crient contre le libéralisme qui stoppe le remboursement des médicaments et qui détruit la Sécurité sociale. Mouais. Bande de connards. En plus, vous m’avez réveillé. La tête dans le cul, je me dirige vers le frigo, j’ouvre le freezer. Des glaçons. Je les balance dans un grand seau que je remplis d’eau froide. Et voilà qu’il pleut et qu’il grêle sur la manifestation. Tiens, de l’urine. Paraît que je suis un sale connard de droite. Peut-être bien. Peut-être pas. C’était bien, la nationalisation des entreprises. Mais tout ça va changer. Je crois.

Après le boulot, je sors prendre un café. Non, un cappuccino, plutôt. C’est onctueux, sucré, doux et chaud. Un jeune couple vient d’arriver. Ils commandent deux Fantas citron bien frappés. Ils sont mignons tous les deux. Mais ils ne se parlent pas. Ils sont l’un en face de l’autre, mais en fait ils sont si loin d’eux-mêmes. Chacun de leur côté, ils ont sorti leurs supers téléphones portables MTX-894X GPS avec appareil photo numérique rotatif 180° - comme ça c’est super même plus la peine de tourner le poignet - à super écran couleur TFT. Ils envoient des SMS. Putain de SMS. Super Merde Sociale. Ils se pourrissent la vie. Au lieu de se regarder dans les yeux, de se parler, de s’embrasser, ils préfèrent textoter, chacun de leur côté. Ils me font vraiment pitié. Je n’en peux plus de ce monde décadent. Ça m’obsède. Ça me hante.

Dans le métro, je bouquine. Les Ennemis de mon Sang. Une nouvelle intéressante, très bien écrite. Enfin, je trouve. Je suis pas non plus un grand critique de littérature. Même si, bon, les critiques, je peux pas les piffrer. Je les soupçonne lourdement de raconter n’importe quoi. Enfin. Je me trompe peut-être. En tous cas, ça parle d’un jeune ado qui hait ce monde. Un peu comme moi. Sauf que je ne suis plus un ado… Lui décide brusquement de buter tous ceux qui l’entourent. On le croit fou. Il est juste lucide, dégoûté de ce monde de merde. Evidemment, ce n’est pas viable, comme situation. Alors, il fallait s’y attendre, il se suicide. Le dernier chapitre s’appelle Le Sanglot des Mondes. Assez évocateur, comme titre. Je ne ferai pas la même connerie. Enfin, j’espère.

En allant m’entraîner, je passe devant le super-mega-hyper-marché. Je refuse d’y mettre les pieds. Je vois des dizaines de camions en train de décharger. Je reste là, consterné, devant cet incessant ballet de produits prêts-à-consommer. Prêts-à-jeter, surtout. Donc prêts-à-polluer. Les paquets de céréales vendus avec un jouet pourri en plastique - genre paille fluorescente - défilent. C’est ensuite au tour des barres chocolatées, emballées une à une dans des plastiques, eux-mêmes emballés dans des cartons, rattachés à d’autres cartons - pour l’offre promotionnelle -, le tout transporté dans d’autres putain de cartons. Vient ensuite le tour des « P’tits Louis », putains de fromages maudits au « lait demi-écrémé à teneur garanti en calcium » emballés par mini-doses scandaleuses d’à peine 12 mL dans des coques en plastiques à « ouverture facile », encastrées dans des barquettes de carton, elles-mêmes fourrées dans des plastiques. Et ces millions d’emballages de P’tits Louis sont bien évidemment transportés dans de grands cartons. C’est la foire aux paquets. A croire que c’est à celui qui refourguera le plus d’emballage possible avec le minimum de produit. Je suis outré par un tel gaspillage. Quelle bande de connards. Pourraient pas plutôt fabriquer des « Gros Louis » de plusieurs litres ? Et éradiquer toute forme d’emballage ? Non. C’est consternant. L’expérience prouve qu’entre deux barquettes de yaourts identiques, le consommateur achètera systématiquement celle entourée d’un carton – aussi mince soit-il – plutôt que la « simple » barquette de yaourt sans carton, même si elle vaut 20% moins cher. Les mêmes yaourts. Le carton rassure. L’emballage rassure. Avec ses couleurs criardes, son ouverture si difficile qu’on se demande si elle est vraiment « facile », ses jeux et ses mascottes débiles (la palme d’or revient à l’improbable couple Rik & Rok – un lion et une perruche très cons mais potes comme cochons - qui font du hockey sur glace derrière les paquets de céréales, entre les « informations nutritions » mille fois ressassées et la composition enrichie en polyphosphates monosodiques déshydrogénés) et ses « points fidélité » supers difficiles à détacher qu’il faut renvoyer pour gagner un misérable porte-clés. Je suis consterné.

Le high-kick touche en plein dans le mille. Je n’ai rien vu venir. Ouch. Ma nuque se tord avec un bruit caractéristique de cartilages froissés. C’est chaud. J’ai l’impression que ma moelle épinière fond. Ça brûle. Je hurle de douleur et m’effondre. Les images qui arrivent à mon cerveau sont rares, floues. Je chute lentement. Tout est saccadé. Je percute le sol, ma sueur vole en fines gouttelettes devant mes yeux, au ralenti. C’est magnifique. Ma mâchoire désolidarisée s’ouvre, béante, laissant s’échapper un long filet de bave gluante. J’ai mal. Jidé me tend la main. Je la prends et me sens tracté puissamment. Ma vue se brouille. C’est le voile noir. Je titube. Une bonne vasodilatation y’a que ça de vrai. Ça vous écrase les orbites, vous perdez la vue et l’équilibre, l’espace de quelques secondes de folie… Jidé est désolé de m’avoir fait si mal. C’est pas grave. Je fais craquer ma nuque. Mes doigts. Mon dos. Mes hanches. Mes genoux. Mes chevilles. Mon nez. Eh oui. C’est reparti. Je lance mes jambes sur le tatami. Je sens la sueur suinter via mes glandes sudoripares, je la sens dégouliner depuis mes cheveux jusqu’à mes yeux, mes joues, ma bouche. C’est salé. C’est bon. J’aime aussi le goût du sang dans ma bouche. La sueur s’évapore pour tenter de me rafraîchir. L’air chaud monte au-dessus de mon corps, créant de mini cellules de convection, l’air frais se plaque sur ma peau. Et pourtant je crève de chaud. Et j’ai mal. Je feinte un coup de poing, et lance ma jambe. Mes muscles endoloris sont brusquement soumis à une différence de potentiel électrique et se contractent violemment. Je grimace, ça brûle. C’est la crampe. J’espère que le choc la débloquera. Le coup est parti. Je sens ma jambe s’envoler. Je ne suis plus maître de ma partie. Jidé pare avec ses bras. Le contact de mon tibia avec son radius est d’une violence inouïe. Tac. Ma jambe perd toute sa vitesse, rebondit. L’énergie cinétique est convertie en énergie sophrologique. Euh, non, en chaleur. La crampe lâche prise, mes muscles et ma peau se retrouvent parcourus par l’onde de choc. Mes articulations souffrent en craquant. L’hématome est instantané. C’est le saignement. J’ai très mal. J’aime ces moments-là. C’est ainsi qu’on se sent vivre. Bientôt mon organisme relâchera dans mon sang des endorphines. Alors ce sera l’euphorie tant attendue. Je pourrais tout donner, frapper comme un fou, me péter une jambe contre un pilier de béton. Je l’ai déjà fait. C’était magique. Je lance un high-kick. En pleine tête. Jidé décolle, plane un instant, mais on ne trompe pas la gravité si facilement. Soumis à l’accélération terrestre, il percute le sol à la vitesse qui l’avait fait décoller, inanimé, les yeux révulsés. Il bave. K.O. Sans doute, le meilleur sommeil du monde. La dernière fois c’était moi. Je m’étais réveillé à l’hosto. C’était génial. Avec Jidé on appelle ça le « Bad Club » pour déconner. Je me retourne, vers les appareils à muscu. Je vois des types bodybuildés en train de faire un concours de développés-couchés. Ça, c’est de la compétition. Un mec au corps épilé et luisant de sueur se relève, me fait un clin d’œil. Pauvre type. Ça te dirait de prendre la place de Jidé ? Je reprends mon souffle, je suis épuisé. Je dormirai bien ce soir. Jidé ira mieux demain. Il se réveillera avec la nuque en feu et la mâchoire en pièces.

Et il remerciera le « Bad Club ».

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