NUIT SOUS LES ÉTOILES

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Parfois, Savannah avait l'impression que le vent murmurait son nom. Il l'appelait et lui conjurait à déployer ses sorts d'évasion. Un ciel aussi scintillant lui procurait d'inlassables frissons tambourinant. L'intensité de ses sensations n'avait jamais été aussi puissante que sous l'immensité bleue inondée par des astres luisants. Les deux mains coincées sous la tête, allongée sur le sol sableux, les yeux obnubilés par ce spectacle percutant, son esprit s'appropriait l'espace tel un terrain de jeux infini. Son imagination s'amplifiait et se remuait au rythme du silence désertique. À son sens, il n'existait meilleur endroit emploie à la détente. Ainsi, Savannah s'y sentait exceptionnellement bien. 

Malheureusement, contre toute attente, une sorte de bourdonnement persistait à diminuer cette magie. Une note faussant la mélodie gracieuse des montagnes dominantes des plaines du pays de Willow. Il lui était impossible de décrire ce sentiment. Il manquait terriblement quelque chose à cet environnement pour qu'il soit en  parfaite adéquation avec elle-même. Que ce soit dans les vallées Blinquantes ou les Chemins Croisée d'Oberte, n'importe où ses pieds ont foulé le sol de ses terres, l'absence de cet élément nuisait à l'harmonie de son âme. Non, la jeune femme n'avait jamais trouvé sa place sur ce monde pourtant si vaste à la découverte.

Il restait qu'un lit sous les étoiles en plein désert était de loin son étendue favorite. C'était ici que les notes sifflaient de manière moins dissonante. La vacillante de son cœur demeurait du moins plus accrue partout ou elle décidait d'aller. Elle avait essayé nombreuse formule pour calmer cette tempête qui dégarnissait son cœur de bonheur. Mais rien n'y faisait. Il manquait cette touche illusoire pour combler le vide installé dans son enveloppe.

  • Tu penses que c'est quoi le pire Émir ? Devenir sourd ou aveugle ? interrogea la jeune femme.

Pas de réponse.

  • À choisir moi en tout cas je deviendrais sourde comme ça je n'aurai plus a entendre certaine bêtise que les gens peuvent balancer confia-t-elle.

Une brise fit tinter les clochettes accrochées au licol.

  • Mon père m'a dit que lui deviendrait aveugle, car il ne supporterait pas de ne plus entendre ma voix. C'est poétique tu ne trouves pas ? Mon père a toujours les mots à tout. Il sait se les approprier pour relater les meilleures  histoires. D'ailleurs Émir, je crois qu'il est temps pour moi de te raconter la mienne.

L'étalon hennit dans la pénombre il semblait ravie des dires de sa cavalière.Il semblait que celui-ci comprenait les paroles de cette dernière. Ne se privant pas de contempler les lumières du ciel, celle-ci entama alors son récit, sur le dos de son cheval ou à pied déjà tant racontée par le passé.

  • Ce soir c'est un classique au Menu, mon cher Émir.

Elle s'éclaircit la voix et commença avec entrain:

Il était une fois dans les méandres de mère Nature, une terre dont les hommes du pays de Willow n'entendaient le mot que de la bouche du soleil. Il n'avait jamais eu la chance d'observer la dame jaune embrassait la terre pour aller caressait le ciel. 

Avant de se coucher, les hommes s'empressaient de demander à celle-ci: où poses-tu tes premiers rayons en te levant ? Et le soleil répondait calmement à travers ses ultimes filets de lumière : sur les terres où le foie s'amplifie à mon contact. Les hommes répliquaient: mais dis-nous où cela se trouve ? Malheureusement l'astre s'était déjà éteint. 

Chaque soir, les discussions s'animaient entre ce peuple avide de curiosité et leur amie le soleil. Jeune, enfants, vieillards, homme et femmes, tous sans exception accouraient pour connaitre la réponse. Seulement, jamais ils n'entendirent le nom de cet endroit qu'on pensait extraordinaire. Les années passèrent et les hommes se lassèrent de poser des questions identiques au soleil. Les hommes de la terre de Willow abandonnèrent, sauf un. 

Un jeune homme décida de persévérer. Depuis enfant, il n'avait raté un soir à la compagnie du soleil. Son désire fugace était plus fort que n'importe quoi. Sur Willow, il manquait quelque chose, un poids dont son âme ne pouvait se débarrasser. Il était persuadé que c'était sur cette terre qu'il rencontrerait la joie pure de l'existence. Il demanda: Soleil, Soleil maintenant que je suis le seul parmi les hommes à t'être resté fidèle, peux-tu me dire ton secret ? Je t'en prie, je ne gâcherai pas cette opportunité. Le Soleil l'interrogea en retour: qu'est-ce qui te fait croire que c'est cet endroit qui te permettra de connaitre réellement le bonheur ? Vous les hommes vous êtes à la poursuite de choses sans en avoir assimiler  la source. 

Confus par les dires du soleil, le jeune garçon se retira. Pourquoi cet endroit et pas un autre l'attiré autant ? Que recherchait-il au ? Pendant, plusieurs jours, le jeune homme médita profondément à ce propos. Il retourna son esprit dans tous les sens inimaginables, se conjuguant  à ne pas dormir tant qu'il n'aurait une réponse digne.

Il revint vers le soleil et lui murmura: je suis à la poursuite de ma place dans le monde. Et peut-être que cet endroit n'est pas le bon. Mais c'est ce que j'en ferai qui le rendra propice au bonheur. Je t'explique, la lumière est à la fois troublante et apaisante, cultivant la peur chez certains hommes. Ils préfèrent fermer les yeux pour ne pas la voir se lever ainsi éclairant les zones d'ombres. Seulement moi, je suis prêt à l'accepter et a tout abandonné, il me restera que mon être, il ne me restera plus que ça. 

Le soleil acquiesça et lui donna la carte et une clef qui le mènerait aux terres du soleil levant. Ainsi le jeune homme s'en alla du pays du Willow et on ne le revit plus jamais. 

Était-il arrivé à ses fins ? Avait-il pu admirer les premiers rayons de soleil ? Nul ne le savait. Mais depuis le soleil n'a plus prononcé un mot pour les hommes de Willow.

Savannah souleva sa tête pour regarder son fidèle compagnon à quatre sabots.

  • Émir mon cher, je te le promets, un matin nous nous réveillerons la tête plongée dans le soleil.

Le cheval n'eut le courage de la contredire si bien qu'il avait les yeux semi-ouverts prêts à s'endormir. Les contes de la jeune Savannah ne semblaient le déplaire guère. Reposant sa tête, celle-ci s'assoupit, la nuit comme couveuse, cette fois c'était les étoiles qui garnissaient sa tête.

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