Premier rêve

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 Je vis seule. Seule dans une grande demeure reculée, seule face aux longues nuits glacées de l’hiver. Je me soumets alors à une errance incertaine, regardant par les fenêtres, les montagnes sombres et enneigées. Il n’y a rien d’autre que ces masses noires, qui semblent fondre sur moi pour m’engloutir toute entière.

 Je continue mon chemin, accompagnée par la mélodie que joue la tempête qui sévit là dehors. Les flocons dansent une valse endiablée, et le vent hurle pour rentrer. Mais il reste un silence parmi ce couple hivernal, le silence que perçoivent les oreilles attentives, le silence de cette vaste demeure sombre et vide, ainsi que le bruit de mes pieds nus sur le sol froid.

 Je porte une robe blanche, légère, que j’aperçois à la dérobée dans le reflet des grandes fenêtres sur le côté. Je me regarde alors dans la vitre, mon image qui se perd à travers le tourbillon de la neige. Mes yeux éperdus dans le lointain, feintant de ne pas me voir. Je continue mon errance solitaire, petit spectre esseulé.

 Bizarrement, je n’ouvre pas les portes, je connais déjà cet endroit. Il m’est familier. Je ressens une grande nostalgie, pourtant je ne parviens pas à me souvenir.

 J’ai froid.

 Je sais où je dois me rendre.

 Soudainement, comme si je m’éveillais de cette errance passive, je me mets à courir. Tourner à gauche, monter l’escalier et prendre le couloir tout droit. La mélodie de l’hiver est recouverte par le son de ma respiration effrénée, je dois me dépêcher, mais j’ignore pourquoi.

 Ma course prend fin en arrivant devant une porte semblable aux autres. La main attirée vers la poignée, je l'encercle de ma paume pour la faire tourner. Dans un grincement étrangement familier, la porte s’ouvre, m’invitant à entrer. Mes yeux découvrent alors une pièce oubliée, poussiéreuse. Au bout de cette petite chambre, il y a une grande fenêtre donnant sur un balcon en pierres grises.

 Je m’avance doucement vers celui-ci, ouvre la fenêtre. Mon corps entier ressent alors le mordant du froid. Mon pied se pose hésitant, sur la pierre glacée. Ma respiration se transforme en buée. Je pose mes mains sur le rebord du balcon et regarde vers la petite fontaine dans la cour blanchit par l’hiver.

 Je prends place sur le balcon, mes jambes pendues dans le vide. Je sens les flocons les caresser par dizaines. Comme ce spectacle est magnifique mais je ne parviens pas à me souvenir, pourtant je connais cet endroit.

 J’ai froid.

 La neige tourbillonne devant mes yeux, mes mains sont posées sur le rebord froid et douloureux. D’un simple geste, sans efforts, je m’en vais prendre part à la valse de la neige et du vent.

 J’ai froid.

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