Coquelicots

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Coquelicot.


 Le mot est chantant comme l'est la langue française. Le son est doux, et pourtant très rythmé, grâce à des consonnes qui claquent ponctuant des voyelles aux sonorités variées, créant une musique particulière, qui évoque quelque chose de futile et d'enfantin, qui sonne comme quelque chose d'inoffensif et de mignon. Quelque chose de joyeux se dégage du mot comme de la fleur, quelque chose de chatoyant, de musical, quelque chose de pourtant désuet, qui évoque l'insouciance des étés perdus.


 Il paraît que ce serait le premier mot qui sortit de ma bouche étant petit. Je suis fou amoureux du coquelicot, ceci expliquant probablement cela, et il m'arrive encore parfois de m'arrêter en plein milieu de la route, pour faire demi-tour afin d'aller admirer un coquelicot particulièrement beau ornant le bas côté. Comme des tâches de rousseur qui constellent le visage d'une jeune fille dès lors qu'il est exposé au soleil, les coquelicots maquillent la face d'or des champs de blé et de colza sous les premiers soleils du printemps. C'est l'une des rares fleurs que l'on ne peux pas cueillir. Le coquelicot fane et sa couleur s'éteint quelques minutes seulement après l'avoir enlevé à sa terre. C'est une fleur qu'on ne peux qu'admirer là où elle pousse, et si fragile qu'on peut la détruire rien qu'en l'effleurant. Si l'on est assez délicat, on peut caresser ses pétales de satin, douces comme la peau d'une jeune fille, mais si l'on est une brute, elle tombera en morceau dans notre main à la première caresse. C'est une fleur pleine de sensualité. Ne s'épanouissant que sous le soleil brûlant des printemps enflammés et des étés torrides, à la fois douce et sauvage, éphémère comme les amours adolescents, d'un rouge vif, intense comme la passion, a l'odeur suave de la peau brûlée par le soleil, symbole des étés lents et lascifs de l'enfance qui s'éveille à la beauté et à la sensualité, perle des champs de blés dans lesquels on prends un bain de soleil, la tête posée sur le ventre de son amour de vacance. Elle fanera à l'instant même où cette fille retournera dans son ailleurs, pour ne plus jamais en revenir.

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