Ça t’est déjà arrivé de découvrir, comme ça d'un jour à l'autre, pourquoi tu es en vie ? Pourquoi tu te lèves le matin, pour apprendre ou pour bosser ? Pour la plupart des gens c'est l'amour, les amis, une cause qui tiens à cœur, la foi ou des ambitions personnelle et bien sur la famille. Pour moi, c’est uniquement la famille, mais c'est plus précis que ça, je le sais, maintenant.

J'étais à un déjeuner avec des membres de ma famille que j'adore mais que je ne vois malheureusement pas très souvent, c'est dommage mais c'est comme ça, et cela rend chaque moment encore plus inoubliable. Bref, l'ambiance était la et tout le monde était de bonne humeur pendant le repas. Après avoir mangé, comme nous sommes en extérieur, je m'installe tranquillement sur une des chaises longues, à l'ombre d'un chêne. J'écoute toujours d'une oreille les conversations des plus grands, quand une chose accapare mon attention : ma petite cousine, elle doit avoir cinq ou six ans. Elle vient vers moi et s'installe comme si de rien n'était sur mon ventre, face à moi. En me regardant dans les yeux elle m'affiche un grand sourire, puis elle joue avec les plis de ma chemise. Attendri, je lui souris en retour et lui demande en lui touchant le bout du nez,

« Qu'es que tu fais là, toi ? ».

Elle ignore ma question et attrape mon poignet en disant, « C'est quoi ça ? », désignant mon bracelet en argent.

« Ça ? C'est mon bracelet, ma grande », dit-je.

« Je peux te l’emprunter ? », me demande-t-elle avec une petite voix mielleuse.

Je détache alors la petite chaîne et lui passe autour du bras, naturellement il est trop grand pour elle donc elle le remonte presque jusqu'à son épaule.

Toute contente, elle me fait un bisou et me dit, « merci panda, je te le rends après » (oui, je suis un panda en réalité). Puis elle me lance un regard doublé d'un sourire, et je crois de ma vie n'avoir jamais vu une expression aussi jolie, une expression remplie d'amour, de joie et d’insouciance, de tendresse enfantine, je me suis senti léger, et c'est là que je me suis dit : « c'est pour ça que je vie, et c'est pour ça que je veux vivre tous les jours ».

Depuis je me bat du mieux que je peux pour un monde meilleur, pas pour moi, non, mais pour ses cousins et cousines qui me regarde en souriant, je n'ai pas le droit d'échouer en pensant à eux, je n'ai pas le droit d'abandonner tous mes combats, je me battrais pour revoir un jour leurs regards d'enfants. Ce monde est à eux, et pour cela je ne dois pas baisser les bras, ne serait-ce que pour leur laisser un monde plus libre, et plus beau à regarder. Pour ça, j'affronterai tous les regards, tous les jugements, toute la haine et la colère du monde, l’intolérance et la bêtise, avec toujours le sourire aux lèvres, en ayant en pensée ce moment dans la chaise longue, à l'ombre du chêne.