Chapitre 2

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 Toujours est-il qu’en moins de temps qu’il n’en faut à un garagiste pour rajouter un zéro à la facture de ta bagnole, un gusse est venu s’asseoir à côté de Faustine. Blouse en cuir et sourire satisfait, il largue un bifton sur le comptoir qu’un loufiat échange immédiatement contre deux pintes. Il arbore une mine confiante derrière son bec-de-lièvre. La môme est pas impressionnée pour un sou. Tout en lui montrant l’émail éclatant de ses deux rangées de quenottes, elle s’empare des deux verres et tourne les talons, plantant là le Travolta de supérette qui en reste comme deux ronds de flanc. Il se console comme il peut en fixant avec mélancolie le valseur qui s’éloigne de ses horizons proches.

-  Tiens, offert par la maison péquenot, elle me lance en désignant le malheureux.

 Épatante non ? Un peu de pitié me mord tout de même au cœur en interceptant le regard désemparé de l’éconduit. Il reste plus immobile qu’une cloche à fromages dans un congrès d’intolérants au lactose. Y’a pas, le type est tatin dans son honneur ; et tire une caboche longue comme une pelle à tarte. Je lui aurais bien offert des Kleenex mais dans ma poche je n’ai que des mouchoirs. Mais trêve de ! Les pleurnicheries c’est pour plus tard. Il y a plus urgent. Si Faustine m’a fait pointer ma fraise en quatrième vitesse, c’est qu’elle a dégauchi un coup de cette taille-là – soit une distance comprise environ entre la largeur de ton gros orteil droit et un Paris – New York en deltaplane.

-  Merci pour la bière, je trinque. Bon Lolita, qu’est-ce que t’as dégotté ? Viens pas me berlurer comme quoi tu m’as fait venir juste parce que tu voulais pas baquer ton diabolo-grenadine en solitaire.

-  M’appelle pas Lolita, j’ai plus douze berges ! s’insurge Faustine.

-  Je m’y ferai jamais, dis-je en m’étonnant qu’elle dise vrai et en renaudant sur le temps qui passe, comme quoi il est assassin et emporte avec lui les rires des enfants. Alors ?

-  Approche tes paraboles vers ici, des fois qu’il y ait des indiscrets qui respirent notre air de trop près.

Je m’exécute, non sans curiosité.

-  Voilà, préambule-t-elle. T’as entendu parler de Patrick Soulet, le magnat industriel des boîtes de conserve ? Le grand con avec sa moustache qu’apparaît dans ses propres pubs à la téloche, avec les merguez qui dansent autour.

-  Je le remets impec. Et donc ? circonspé-je

-  Ben visage-toi qu’il organise dans deux semaines un concours de bouffe dans sa propre casbah ! Lui qu’a tellement d’oursins dans le larfeuille qu’il en nourrirait Marseille une année durant, eh bien ce gripsou va refiler vingt mille balles au grand vainqueur.

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