chapitre 3 : les trois mousquetaires

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Lorsque Marcus finit par rependre connaissance, il est allongé sur le sol froid de sa chambre d’hôtel. Il grimace, les oreilles sifflantes en raison d’un brouhaha tout proche. Il lui faut quelques instants pour comprendre qu’il s’agit de Naxis et de son agresseur, ces derniers discutent à l’écart. Ils semblent être au milieu d’une dispute, agitant les bras dans tous les sens. Mais le point important, c’est qu’ils semblent se connaitre. Ils se reprochent mutuellement le manque de professionnalisme de l’autre.

Tout en prenant appui contre le lit, Marcus se relève doucement, voyant toujours des étoiles devant ses yeux. Il n’a pas besoin d’être très malin pour comprendre qu’il est tombé dans un piège ridicule.

Le jeune homme ne sait pas combien de temps il est resté inconscient. Sa tête résonne lourdement, lui arrachant une grimace de douleur.

Malgré la situation, Marcus ne peut s’empêcher de sourire. Son agresseur risque de moins faire le malin, lorsqu’il comprendra qu’il s’en est pris à la mauvaise personne. Marcus ne dispose pas des millions de dollars que le vrai acteur possède. Son compte en banque ne doit pas dépasser trois cents euros. Il a toujours été un panier percé.

En le voyant reprendre contenance, son agresseur avance vers lui, le menaçant de son arme. Par pur reflexe, Marcus lève les bras en l’air. Ne voulant pas lui donner la moindre raison de le frapper à nouveau.

- Salut blanche neige. Ça fait plaisir de te voir debout. Je commençais à avoir peur de t’avoir frappé trop fort.

- Je suis plus résistant que j’en ai l’air ne peut s’empêcher de rétorquer Marcus.

Pour toute récompense, il reçoit un coup de poing dans le ventre. La fausse star s’arcboute, grimaçant de douleur et manquant de peu de rendre son repas. Il se retrouve à nouveau au sol en moins d’une minute. Pourquoi avait-il besoin de la ramener ? C’était plus fort que lui. Lui et sa grande gueule ! Ben semble amusé par la situation, le regardant avec un large sourire narquois. Sûr de sa supériorité.

- Bon ! Maintenant que les choses sont claires, tu vas peut être arrêté de te la ramener.

- Je crois que c’est un bon conseil hoquète Marcus, grimaçant de douleur.

- C’est simple, tu vas nous ouvrir ton coffre et nous passer tes cartes de crédit. Tu as cru que tu pouvais t’envoyer ma nana ! T’es vraiment le roi des cons !

- Peut-être. Mais ce soir, c’est vous qui n’avez vraiment pas de chance.

Son agresseur, du nom de Ben, le relève brutalement en le tirant par le col de sa chemise et l’oblige sans ménagement à s’assoir sur le lit.

- C’est quoi ton délire ? Tu as fumé quoi, mec ?

- Je suis confus mais vous vous trompez totalement sur mon compte grimace Marcus, d’une voix tremblante.

Il a beau avoir une grande gueule, ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas peur des rétributions.

Ben jette un rapide coup d’œil vers Naxis, se demandant si elle comprend quelque chose à tout ce micmac. La jeune femme est aussi perdue que lui.

Tout en conservant une main en l’air pour bien montrer qu’il n’est pas menaçant. Marcus se sert de l’autre, pour sortir le portefeuille de sa poche. Il le tend d’une main tremblante à Ben. Ce dernier le lui arrache des mains, avant de l’ouvrir et d’écarquiller les yeux de surprise. Avant de le jeter vers Naxis pour qu’elle lui donne son avis.

- C’est quoi ce bordel ? demande Ben.

- C'est une terrible confusion! C’était censé être sans risque. Comme je ressemble à l’acteur, avec des amis on a voulu en profiter un peu. Mais c’est tout. Je me rends bien compte maintenant, à quel point c’est con tout ça. Mais vous n’avez pas choppé le bon mec. Je ne suis pas Sean Williams, je m’appelle Marcus, ok ! Je n’ai pas de coffre secret ou d’argent caché. Je suis pratiquement fauché moi-même. Je suis français ajoute Marcus en utilisant la langue de Molière.

Ben fulmine de rage et menace encore plus fortement le jeune homme avec son arme. Marcus sait qu’il doit vite trouver une parade. Vu l’état de nervosité de son agresseur, un coup de feu pourrait partir tout seul.

- Tu me prends vraiment pour un con ou quoi ! Tu as pu te faire faire une fausse carte n’importe où.

- Putain mais non. Je vous raconte la vérité. Si j’étais Sean Williams, vous croyez vraiment que je descendrai dans un hôtel aussi pourri sans garde du corps.

Marcus sent qu’il a réussi à glisser la graine du doute dans l’esprit de Ben. Rien n’est encore gagné mais c’est déjà une victoire en soi.

Le jeune français entend soudain des voix en provenance du couloir. Il écarquille les yeux, reconnaissant celles de ses deux comparses. Il sait que c’est le moment où jamais pour agir. Il doit tout faire pour les rejoindre avant qu’ils n’atteignent leurs chambres. Après, ce sera trop tard et il sera complètement à la merci du psychopathe armé.

Mue d’un courage qu’il ignorait posséder, Marcus repousse le bras armé le plus rapidement possible, y mettant toute sa force. Ne s’attendant pas à cette attaque, Ben n’a pas le temps de réagir et voit son bras être rabattu sur le côté gauche de la pièce. Il appuie tout de même sur la détente, par pur reflexe. Un coup de feu bruyant rugit et la balle finit sa course dans l’épaule gauche de Naxis. Cette dernière s’écroule au sol, avant de pousser un long cri, se tortillant dans tous les sens sous la douleur.

Ben et Marcus restent paralysés sur place, ne s’attendant pas à un tel retournement. C’est la première fois que le jeune français entend un véritable coup de feu. Le bruit est beaucoup plus détonnant que ce que l’on peut entendre dans les films. La détonation a été si puissante et si proche de lui, qu’il a l’impression d’être sourd, n’entendant plus qu’un bruit de fond.

Ben se précipite au chevet de Naxis. Cette dernière n’est pas mortellement blessée mais elle est sous le choc. Elle gesticule au sol et n’arrête pas d’insulter son petit ami pour son incompétence.

Marcus sait que c’est le moment où jamais, il n’aura pas le droit à une deuxième chance. Attrapant son portefeuille au passage, il se rue vers la porte, l’ouvrant à la volée avant de s’extirper dans le couloir. Gabriel et Samuel, accompagnés de deux belles jeunes brunes, se trouvent à moins de cinq mètres de distance. Ils ont essayés de se cacher, sans grand résultat, après avoir entendu le coup de feu. Marcus se dirige vers eux en hurlant :

- Barrez-vous !

Marcus court comme un dératé, n’ayant jamais cavalé aussi vite de sa vie. Il ne perd pas de temps à leur expliquer la situation, chaque seconde compte. Il attrape ses deux acolytes et les oblige à le suivre, abandonnant leurs promises. Ses associés ne se font pas prier, sachant que si Marcus agit de cette manière, c’est qu’il y’a urgence. Ses complices lui emboitent le pas sans poser de questions. Ils atteignent l’ascenseur et Marcus se rue sur le bouton d’appel. Il n’arrête pas d’appuyer dessus, priant pour qu’il arrive rapidement. Dans les films, l’ascenseur arrive toujours au bon moment. Est-ce qu’ils vont bénéficier de la même chance ?

Ils entendent des bruits de course derrière eux. il s’agit de Ben qui vient de sortir précipitamment de la chambre. Il leur hurle de s’arrêter et tire plusieurs coups de feu dans leur direction. Pour lui, il n’est pas question qu’ils s’en sortent. Ils doivent payer pour avoir blessé Naxis. Ben veut les faire souffrir.

Les trois amis n’attendent pas leur reste, abandonnant l’idée de se réfugier dans l’ascenseur. Ils se ruent dans le couloir sur le côté, voulant mettre le plus de distance possible entre eux et ce fou à la gâchette. Heureusement que chaque étage de l’hôtel comporte une trentaine de chambre avec plusieurs couloirs. Un vrai labyrinthe qui est à l’avantage des jeunes français.

- Ma chambre est juste à côté ! s’époumone à dire Samuel.

Les coups de feu continuent à pleuvoir, tout près d’eux… trop près à leurs goûts. Heureusement, leur agresseur est un piètre tireur et aucun projectile ne les atteint.

- Putain, mais il veut quoi ce malade ? demande Gabriel, entre deux respirations

- Continues de courir lui répond Marcus.

Samuel prend la tête du trio et sort la carte d’accès de sa chambre, priant pour que l’endroit les protège de ce fou furieux.

Ils sont à moins de trois mètres lorsqu’ils voient débouler à l’autre bout du couloir trois vigiles de sécurité, alertés par les coups de feu. Ces derniers, armés de matraque, se dirigent vers eux dans le but de les intercepter, les pensants responsables de tout ce bazar. Les trois jeunes ralentissent de tous leurs fers devant la chambre de leur compère, manquant de peur de se rentrer dedans. Ils s’engouffrent rapidement à l’intérieur de la pièce, se sentant enfin en sécurité. Tout en sachant que cela sera de courte durée. Samuel a le temps de glisser la pancarte « ne pas déranger » sur la poignée. Ils verrouillent la porte avant de se laisser tomber au sol, épuisés et haletants.

Rapidement, des coups frappés sur la porte, la font sursauter, mais elle tient bon. Les agents de sécurité leur ordonnent d’ouvrir la porte d’une voix menaçante. Avant que les hurlements de Ben ne se joignent à la partie. Des bruits d’affrontement se font entendre.

Les jeunes comprennent qu’ils ont quelques minutes de répit, pendant que les agents tentent de contenir le forcené armé. Ils espèrent juste qu’il n’y aura pas de morts. La situation est suffisamment catastrophique comme ça. Pas besoin d’en rajouter.

Marcus est le premier à se relever et à regarder partout, à la recherche d’une sortie de secours ou d’une porte qui donne sur une autre chambre. Mais aucune échappatoire n’est en vue. Ils sont pris au piège, à la merci de leurs agresseurs.

- Mais putain, c’est quoi ce bordel ? Qu’est ce qui s’est passé ? C’est qui ce mec ? demande Gabriel, en état de choc.

- C’était un guet-apens soupire Marcus, en levant les mains en l’air, en signe d’impuissance. Ils pensaient que j’étais le vrai Sean Williams. Ils voulaient de l’argent.

- On doit se rendre et leur expliquer la situation argumente Samuel, entre deux halètements.

- On va aller direct en prison. On a usurpé l’identité de quelqu’un. Tu crois qu’ils vont penser quoi ? On risque dix ans de prison les gars lui rétorque Marcus.

Samuel et Gabriel blêmissent d’effroi en imaginant un séjour en prison aux états unis. Ils n’ont aucune envie de rajouter cette expérience à leurs souvenirs.

Marcus jette un coup d’œil par la fenêtre et fronce les sourcils en regardant vers le bas. Il recule, réfléchissant et faisant des calculs dans sa tête. Il se tourne ensuite vers ses acolytes et leur dit :

- J’ai peut-être un plan mais ça ne va pas vous plaire.

- Vas-y, balances ! s’exclame Gabriel, prêt à tout.

Marcus leur montre la fenêtre et la piscine qui se trouve en dessous. Gabriel et Samuel échangent un long regard, se demandant s’ils ont vraiment compris où veut en venir leur ami. Leurs visages prennent une teinte blême, comprenant le sérieux de la situation et les risques qu’ils encourent.

- Tu veux qu’on saute ? Mais t’es un vrai malade ! s’exclame Samuel.

Marcus lève la main pour les calmer et leur expliquer son plan. Il sait qu’ils n’ont pas une minute à perdre. Si les agents les attrapent, tout sera fini pour eux. Adieu la vie parisienne et la liberté.

- J’ai vu ça dans des vidéos sur You tube. Des gens sautent du balcon de leur chambre, direct dans la piscine. C’est comme un grand plongeoir.

- On est au quatrième étage mec, on va se péter tous les os… si on a de la chance.

- Tu as mieux à proposer ? Je suis ouvert à toute suggestion.

- Tu crois vraiment qu’on a une chance ? demande Gabriel, en ouvrant la baie vitrée et en regardant en dessous de lui.

Une large piscine est bien présente… quatre étages plus bas. Rien que la hauteur lui donne le vertige. Il ne s’en sent pas capable. C’est au-dessus de ses forces. Le moindre faux pas et c’est la mort assurée. Et avec la chance qu’il a, il va toucher le gros lot. La piscine est déserte à cette heure de la nuit. Gabriel se tourne vers Marcus, qui d’un signe de la tête lui explique que c’est leur unique solution. Sauter ou finir en prison. Les choix sont assez limités.

Gabriel se tourne ensuite vers Samuel et hoche la tête d’un air sombre. « L’Aramis » du groupe pousse un long soupir en déglutinant avec peine, avant de dire :

- Vous êtes malade les mecs !

Les trois jeunes s’immobilisent sur place lorsque le brouhaha à l’extérieur s’estompe tout d’un coup. Ils se regardent, se demandant comment les choses ont pu tourner hors de la chambre. Est-ce que le forcené a finalement été appréhendé ? Est-ce que les agents de sécurité vont les laisser tranquille, préférant s’occuper de Ben ?

Ils n’ont pas longtemps à attendre pour obtenir une réponse à leurs questions. Le silence ne dure que quelques secondes, les coups frappés à la porte reprennent avec plus d’intensité.

Marcus ne perd pas de temps, c’était le signal qu’il attendait. Il escalade la rambarde de sécurité et fait signe à ses compagnons d’en faire autant. Bon gré, mal gré, Samuel et Gabriel s’empressent de le rejoindre, prêt à finir écrasés comme des crêpes.

Les trois amis d’enfance se retrouvent de l’autre côté de la rambarde de sécurité, la tenant d’une main tremblante. Aucun d’entre eux n’aurait imaginé que les évènements prendraient une telle tournure. Tout ce qu’ils voulaient, c’était juste profiter d’une soirée de folie. ils ne voulaient faire de mal à personne. Et encore moins se retrouver dans une telle situation.

Ils regardent en dessous d’eux, poussant un sifflement sous le coup du stress.

- Ca fait haut quand même siffle Marcus, qui regrette la sécurité du sol de la chambre d’hôtel.

- Qui c’est déjà qui a eu ce plan foireux ! nargue Samuel, aucunement rassuré

- Je suis désolé de vous avoir embarqué avec moi dit Gabriel.

- Bah, on n’allait pas te laisser t’amuser tout seul le rassure Marcus

- Ça aurait été dommage de rater ça, hein ! rie Gabriel.

- Comment vous faites pour plaisanter dans un moment comme ça les gars soupire Samuel.

Marcus échange un regard avec Gabriel, lui faisant comprendre que c’est le moment. Ils se chauffent les muscles avec des mouvements des bras, prêts à passer à l’action.

- On y va à trois dit Marcus.

- C’est de la folie les gars ! Je vous l’ai déjà dit au moins ! se lamente Samuel.

- Je n’ai pas envie de me rétamer. Je ne veux pas me rétamer prie Gabriel.

- Très encourageant raille Samuel.

- Un pour tous et tous pour un ! s’exclame Marcus, avant d’attraper le bras de chacun de ses « frères » et de sauter dans le vide. Tous en même temps.

Ils poussent un long cri tout en dégringolant du quatrième étage. La chute semble durer une éternité.

Marcus a les yeux et la bouche grand ouverts. Il a le temps de revoir une partie de sa vie défilée devant ses yeux. Il prie pour avoir bien gérer son coup et ne pas s’écraser au sol. Il promet de mener une vie exemplaire s’il survit à cette chute vertigineuse. Lui qui a toujours voulu faire un saut en parachute. Avec ce saut, il n’en est plus très sûr. Il a l’impression que son cœur va lâcher durant toute la descente. Il ferme les yeux, grimaçant et imaginant le pire à venir.

Les trois jeunes font un gros splash en atterrissant dans l’eau salutaire de la piscine. Ils répandent des vagues d’eau aux quatre coins de la piscine. Malgré leur état d’épuisement, ils s’empressent de s’extirper hors de la piscine. Quelqu’un a surement entendu ce vacarme, ce n’est qu’une histoire de minutes. Ils sont trempés jusqu’aux os, frigorifiés, mais trouvent la force de s’entraider entre eux. Ils n’en reviennent pas de s’en être sortis sans la moindre fracture. C’est un miracle qu’ils ne sont pas prêts d’oublier. Ils n’approcheront plus du moindre plongeoir de toute leur vie. Ils auraient bien aimé que quelqu’un les filme, cela leur aurait fait un souvenir. Mais en aucun cas, ils ne le referont.

Pourtant, ils n’ont pas le temps de se réjouir. Les trois amis savent qu’ils n’ont pas de temps à perdre. Des vigiles pourraient rapidement venir leur demander de rendre des comptes.

Trois heures plus tard, avion AIR France en direction de paris. L’avion vient à peine de décoller, mais pourtant à la rangée centrale 36, trois personnes sont profondément endormis, collés les unes contre les autres. Marcus, Gabriel et Samuel ont réussi à s’extirper de l’hôtel et à prendre le premier avion pour Paris. Ils sont extenués après tant de péripéties et ne tiennent plus debout. Personne ne fait attention à eux. Tout le monde est concentré sur la nourriture distribuée ou les films proposés par la compagnie aérienne.

Les trois français se rappelleront pendant très longtemps de cette aventure et ne sont pas prêts de vouloir en revivre une autre de sitôt.

FIN

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