Moralité, quand tu nous lâches...

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Jenny descendit doucement les marches qui la menèrent jusqu'au rez-de-chaussée. Les gloussements firent place à des gémissements et la vision qui l'attendait dans le salon la figea sur place. Le nain était de retour, les bras chargés de cadeaux. Il lui souriait alors qu'une brune aux formes généreuses et une rouquine plus filiforme s'embrassaient avec passion, tout en se frottant l'une contre l'autre, les mains baladeuses sur leurs corps apparemment déjà enflammés.

C'est seulement à cet instant qu'elle se rendit compte qu'elle était toujours nue. Les deux jeunes femmes se rendirent compte de sa présence et se tournèrent vers elle, le regard plein d'envie posé sur le corps de Jenny. Elle se sentit affreusement gênée et tenta vainement de cacher sa peau de ses bras et ses mains.

- Une de tes conquêtes? demanda Estelle au lutin.

- La vôtre, répondit celui-ci en s'avançant vers Jenny pour lui tendre les trois paquets. Des jouets encore plus efficaces que ceux-là.

Jenny les prit par réflexe, dévoilant à nouveau son corps aux deux harpies qui rejoignaient Paskwal devant elle. Elle baissa les yeux sur les paquets et remarqua qu'il s'agissait de sextoys. Elle les prit contre elle pour cacher ses formes qui semblaient attirer les deux jeunes femmes comme des aimants.

- Qu'est-ce que... commença la blonde, la voix tremblante.

- Chuuutttt... lui fit Amandine en posant un baiser brûlant sur sa joue.

Elle sentit une main chercher son entre-jambes, sans savoir à laquelle des deux elle appartenait. Elle tenta de reculer d'un pas, mais ne réussit qu'à lâcher les cartons qui tombèrent au sol, à ses pieds.

- Sortez de chez moi, balbutia-t-elle sans grande conviction, sachant très bien qu'aucun d'entre eux ne l'écouterait.

- Est-ce là vraiment ce que tu désires? demanda le lutin avec malice.

Jenny hésita un instant. Les deux femmes en profitèrent pour se coller à elle. C'était la rouquine. C'était elle qui cherchait sa vulve, et ce fut elle qui la trouva. Pendant qu'elle commençait à lui appliquer des caresses, Amandine plongeait son visage dans son cou pour la lécher, l'embrasser, en ondulant contre elle avec lubricité. Estelle glissa un doigt en elle, et Jenny se contracta sous l'assaut, lâchant un soupir si proche du plaisir que la jeune femme força le passage.

- Hum... Peureuse mais trempée, souffla Estelle vers le lutin qui lui répondit d'un sourire carnassier.

- Je la tiens dans mon envoûtement, les filles. Vous pouvez en faire tout ce que vous voulez.

Les deux jeunes femmes gloussèrent à nouveau, et Jenny comprit avec effroi qu'elle ne pourrait se défaire de cette situation. Paskwal ricana et planta son regard malsain dans celui de la blonde:

- Mon enchantement t'empêche de prendre tes jambes à ton cou. Mais l'excitation que tu ressens n'a rien à voir avec moi. Et il y a bien longtemps que j'ai libéré ces deux-là de ma magie. Elles n'en ont pas besoin. Je crois que vous êtes faites pour vous entendre, toutes les trois.

Le lutin partit dans un rire graveleux, alors que Jenny sentit le doigt d'Estelle s'agiter plus fermement en elle. Son corps se crispa et se tordit sous ses assauts, mais elle devait bien s'avouer qu'elle ressentait une vague de plaisir l'envahir, autant que de la haine pour ce lutin malin. Amandine se laissa choir au sol et entreprit d'embrasser la rondelle de la blonde, lui écartant les fesses des deux mains pour que sa langue goûte à cet endroit jamais visité.

Jenny lâcha un râle où le lutin put lire toute son excitation et sa colère mêlées dans une contorsion faciale des plus exquises à ses yeux. Elle commençait à s'abandonner au plaisir saphique que lui offrait les deux jeunes femmes que le lutin avait ramenées avec lui pour la faire parler. Elle se pencha vers lui, suppliante:

- Sortez de chez moi, je ne veux plus vous voir...

Paskwal sentit son cœur rater un battement. Encore plus facile que ce qu'il aurait cru! Il claqua des doigts et le vase tant convoité apparut dans ses mains potelées.

- Votre vœu est exaucé, lui souffla-t-il.

Et le lutin disparut. Mais Estelle et Amandine restèrent là, les yeux écarquillés vers l'endroit où se trouvait Paskwal une seconde plus tôt. Jenny restait figée, la bouche grande ouverte. Venait-elle vraiment de faire ce vœu-là à un lutin qui aurait pu exaucer n'importe lequel de ses vœux?

Son corps se relâcha d'un coup, de dépit. Comment avait-elle pu le renvoyer le lutin qui aurait fini de la combler? Elle aurait pu réaliser n'importe lequel de ses fantasmes, elle aurait pu se faire connaître comme la bienfaitrice d'un monde en perdition, elle aurait pu...

Les caresses reprirent de plus belle. Amandine enfonça son visage entre ses fesses et pourlécha son anus frémissant de l'envie de s'ouvrir. Le doigt d'Estelle la ramena à la réalité de la situation.

- On peut très bien s'amuser sans lui, lui souffla la rouquine.

La brune à genoux derrière elle répondit d'un gémissement et Jenny se surprit à sourire. Elle n'avait pas besoin de ce maudit lutin pour être ce qu'elle voulait. Cette soirée marquerait le début de sa nouvelle vie. Elle était la femme qui comblait socialement son mari. À partir de maintenant, elle le comblerait aussi intimement. Et ces deux perverses allaient l'aider à atteindre son but. Une fois qu'elle serait la salope que son mari rêvait d'avoir, elle l'aurait à ses pieds.

Doucement, elle commença à onduler son bassin. En réaction, Estelle lui mordilla le lobe d'oreille en ricanant, et Amandine tendit sa langue pour des caresses plus profondes. Sa main gauche passa dans les cheveux de la brune et sa bouche chercha celle de la rouquine qui la doigtait avec douceur. Elle s'abandonna à cet instant. Elle savait qu'après cela, plus rien ne serait pareil. Le plaisir guiderait sa vie. Après cela, malgré sa médiocrité dans bien des domaines, Jenny allait enfin pouvoir vivre. Entretenue par son mari, elle pourrait faire ce que bon lui semble, quand bon lui semblerait... et sûrement avec qui bon lui semblerait.

Elle se défit de l'étreinte de ses deux amantes du soir et les embrassa tour à tour:

- Mesdemoiselles, déshabillez-vous. J'ai de grands projets, pour nous trois.

Et dans l'ignorance la plus totale de ce quartier chic de la banlieue de Rennes, la jouissance prit place dans le foyer de Jenny et Stéphane. Les trois femmes firent l'amour jusqu'au petit matin. Tous les jouets furent testés et approuvés, tous les orifices eurent leur dose d'écartements et de caresses, toutes les bouches goûtèrent aux autres.

Et pendant ce temps, Paskwal était retourné dans son monde. Il avait réussi à semer les espions qui le suivaient depuis son arrivée et s'était emparé du sort qui l'attendait depuis plusieurs siècles. Enlever le Roi et le tuer avait presque été une formalité. C'était la Reine, qui était de sang royal. Il prit l'apparence du Roi et rejoignit la Reine dans son lit.

Au cours de cette nuit, Paskwal pouvait se vanter d'avoir semé l'immoralité dans bien des esprits. Jenny, Estelle et Amandine se promirent de ne plus se quitter et entamaient une vie de débauche, alors que la Reine elle-même n'en revenait pas de la fougue avec laquelle le Roi l'avait baisée. Dans son regard, Paskwal avait bien comprit qu'elle savait que son Roi n'était plus et que le vol du sort d'apparence avait atteint son but. Mais elle s'en foutait. Elle continuerait de régner comme avant en prenant un pied monstrueux dans le lit royal. C'était bien mieux qu'avant, finalement. De la même manière, Jenny se moquait bien de savoir ce qu'allait penser Stéphane de la nouvelle femme qui l'attendrait à son retour, le jour du réveillon de Noël. Elle allait lui faire se rappeler ce que c'est que vivre, et ensemble, ils jouiraient de chaque instant.

Parce qu'au fond, la morale n'a été mise en place que pour nous garder en troupeau bien obéissant. Finalement, Paskwal avait exaucé son vœu le plus cher: vivre libre.

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