Chapitre 3 : La bête

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 Lorsqu’il ouvrit les yeux, il aperçut le ciel étoilé. Il se redressa lentement et examina son corps : pas de brûlure, pas de blessure, seulement un étrange tatouage en forme de croissant de lune dans ses paumes. Il avait toujours son équipement, ses armes. Il regarda tout autour de lui. Le chasseur était perché sur une pente de la montagne. En contre-bas il aperçut un grand campement, illuminé par d’innombrable torches, animé par une foule. Nirmir se pencha et sentit quelque chose sous sa main. C’était un morceau de peau, sur lequel était dessiné une hutte, ainsi que le symbole du soleil. Il comprit que c’était là qu’il trouverait ce qu’il cherchait. Il chercha la cabane en question. Elle se situait en plein milieu du village, au pied de la falaise le surplombant. Le chasseur descendit lentement et arriva sur le bord du campement. Celui-ci était encerclé par une muraille de pieux de bois, et un étrange marais rempli de roseaux. Il rampait parmi eux quand soudain sa main s’appuya sur une chose étrange. C’était rond, mou, surplombé d’une petite excroissance. Il baissa le regard et réussit tant bien que mal à étouffer un hurlement. C’était le corps d’une femme. Il reconnut la mère de Sahan’ra. Elle avait la gorge tranchée, avait le corps couvert de blessure et, malgré l’eau, était encore couverte de la bestialité de ses barbares.
 La colère grandit dans le cœur de Nirmir. Il espérait que son amie était encore en vie, et qu’elle n’avait pas trop souffert. Il était prêt à tous les tuer pour ce crime. Il avança à couvert jusqu’à une ouverture dans la muraille, gardée par un guerrier armé d’une massue en os. Il était immense, et très musclé, couvert de dessins symbolisant la mort. En combat rapproché, le jeune homme savait qu’il avait aucune chance.  Soudain il comprit ce qu’il devait faire. Ne plus réfléchir comme un chasseur, mais comme une proie. Les prédateurs sont attirés par les gibiers. Il secoua les branches proches de lui. Le garde le remarqua et avança doucement vers lui. Quand il fut assez proche, le chasseur saisit l’un de ses dagues de pierre et la lança. Elle siffla et se planta dans son front. Sa victime tituba et tomba en avant. Le jeune homme se jeta en avant et rattrapa le cadavre avant de le tirer dans l’eau boueuse. Personne ne l’avait vu. Il cacha le corps dans le marécage. Il regarda ses mains, surpris par ses propres capacités. Il avait trouvé le poids de sa victime si léger. Le don de la sorcière faisait effet.  Sans attendre, il courut et entra dans le village pour se cacher derrière une tente. Il avança petit à petit, dans l’ombre, esquivant les ennemis. Le plus important n’était pas sa colère, c’était de sauver celle qu’il aimait. Il atteignit enfin la grande hutte du dessin. C’était surement celle des chefs. Pas de garde. Il ne s’attendait pas à une attaque. Nirmir guetta un moment où il pourrait rentrer sans se faire voir. Il perçut l’instant idéal. Le temps sembla se figer. Il courut et pénétra dans la hutte. Le bâtiment était coupé en aux moins trois pièces. Celle ou il était se composait juste de trois sièges de bois, sûrement pour les anciens de la tribu. Par chance, il n’y avait personne. Il avança vers la porte de droite. Ce n’était qu’un simple tissu. Juste devant elle, il entendit des bruits étranges. Il entra. Un homme était nu sur un lit de peau, donnant des coups de bassins. Il tourna la tête, se demandant ce qui se passait.  La colère et la haine du chasseur explosèrent. Il saisit une de ses lances et se jeta sur lui. Son arme se planta dans l’œil de sa cible. Il propulsa le corps parcourut de spasme contre le mur. Son visage se décomposa devant l’horreur de la scène. Une femme était allongée là, nue, les bras et jambes attachés et écartés, laissant l’accès libre à tout sa personne. C’était celle qu’il cherchait. Il éclata en sanglot et coupa les liens qui la retenaient. Sa peau était meurtrie, couverte de bleu et des traces impures de ses barbares. Il la prit dans ses bras en hurlant :

  • Sahan’ra !! Sahan’ra !! Réponds-moi s’il te plait !! Sahan’ra !!

 Elle ouvra difficilement les yeux.

  • Ni... Nirmir... tu... es v... venu... je ... savais... que tu...viendrais...

 Elle replongea dans l’inconscience. Le chasseur serra les dents de rage : « Je vais les tuer ! Tous autant qu’ils sont ! » se répétait-il mentalement. Il la vêtit avec l’une des peaux, la prit dans ses bras et sortit. Il tomba nez à nez avec un cinquantaine d’hommes armés jusqu’aux dents. Il déposa délicatement sa protégée contre le mur de la hutte et se retourna vers ses adversaires. L’un d’eux se jeta sur lui, équipé d’une lance. Le jeune homme attrapa l’arme, tira vers lui et frappa de toutes ses forces le visage de son assaillant. Dans un bruit d’os brisé, sa mâchoire se disloqua. L’opposant vola à plusieurs mètres et atterrit près de ses camarades.  L’atmosphère devint oppressante. Les barbares commencèrent à trembler de peur, comme s’ils étaient face à un super prédateur. Nirmir répétait :

  • Vous allez tous mourir. Vous allez tous mourir. Vous allez tous mourir ! Vous allez tous mourir !!!

 Ce dernier cri provoqua une onde de choc dans la zone. Le ciel se chargea de nuage. Le tonnerre gronda violement. Un éclair fendit la nuit.  Le jeune homme sentit son corps se transformer. Ses muscles grossirent. Ses membres s’allongèrent. Ses vêtements explosèrent. Ses doigts se munirent de griffes acérées. Son nez grandit, entrainant sa mâchoire avec. Ses dents se développèrent, surtout ses canines. Sa peau se couvrit de longs poils. Ses yeux se teinèrent de jaune. Ses pupilles s'allongèrent. Il poussa un hurlement bestial, semblable à celui d’un loup. Son regard débordait d'une soif de sang infinie. Il était devenu une bête sanguinaire, prête à tout pour protéger son unique trésor. La foudre le frappa. Son corps absorba l’énergie et l’enveloppa d’une aura électrique, parcourant sa fourrure brune.  Les barbares reculèrent devant le monstre qui était apparu devant eux. La bête, ne faisant à sa transformation, s’élança à une vitesse ahurissante. Ses adversaires n’eurent pas le temps de réagir. Un mouvement du bras, il décapita deux hommes. Sa gueule en saisit un autre et broya sa boite crânienne entre ses crocs. Tout cela se passa si vite que le sang avait à peine eut le temps de commencer à gicler quand les autres se rendirent compte de l’horreur. Pour la première fois, cette tribu de guerrier sans peur était terrifiée. La créature poussa un terrible rugissement. La foudre fendit le ciel dans un vacarme assourdissant et s'abbatit en plein milieu du groupe de sauvage, en tuant plusieurs sur le coup. Les autres aux alentours furent projeté sur les côtés. le tonnerre gronda. Le monstre sauta et atterit sur l'un des hommes encore sonné par l'impact. Il explosa dans une gerbe de sang et un bruit d'os et de chair broyé. Les griffes du loup siflèrent. Les ennemis alentours furent déchiquetés. Les lieux se teintaient de rouge.  Malgré le nombre de mort, les barbares affuaient vers la bataille, bien décidé à tuer l'intru. Nirmir hurla de rage. Les éclairs traversèrent les nuages par dizaine, créant le jour en pleine nuit.

 Quand le jeune homme ouvrit les yeux, il était au bord du lac, près de la grotte de la vieille folle. Il tenait fermement sa bien-aimée dans ses bras, enroulée dans une peau d’ours. Elle dormait paisiblement. Comment était-il arrivé ici ?

  • Tu es revenu ici inconsciemment.

C’était la sorcière.

  • Que s’est-il passé ? Je ne me rappelle plus...
  • La première fois peut donner cet effet-là. Me laisserais-tu l’examiner ? sous ta forme bestiale, tu refusais d’entendre raison.
  • Quoi ?... Euh oui, bien sûr.

Il la déposa sur le sol. La vieille folle apposa ses mains sur le front et le ventre de la jeune femme. Elle récita un chant dans une langue étrange, puis reprit :

  • Ça ira pour elle. Maintenant... es-tu prêt à payer le prix de sa liberté ?
  • Comment ?! Vous m’avez menti !! cria le chasseur en se levant.
  • Non. Je ne t’ai pas menti. A moi, tu ne dois rien. Mais le camp que tu as éliminé n’était que l’arbre qui cache la forêt. Ils vont te traquer. Sauras-tu la protéger toute ta vie ? Je t’interdis de rester près de ce village, je n’ai pas la puissance de les défendre contre ça. Quitte ces lieux maintenant.
  • Mais...
  • Pars ! Avant que je ne reprenne ce qui m’appartient. A partir d’aujourd’hui, tu vivras en regardant toujours derrière toi. Voila le prix que tu dois payer.

 La sorcière disparut dans la brume. Sahan’ra se réveilla :

  • Nirmir ?

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