Car il s’agit moins de dessiner

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Car il s’agit moins de dessiner de belles figures que d’en interroger la venue en présence, que de se pencher sur le substrat qui les anime de l’intérieur. Oui, il faut forer l’intérieur, faire dire à « Vierge Noire » tout ce qu’elle peut nous dire de la condition humaine, certes de ses beautés, de ses joies, mais aussi de ses peines, de ses limites, des drames qui en tissent l’intime subjectile. C’est un peu comme si l’on peignait sur l’endroit d’une toile, sa face de lumière puis que, subitement, on la retournait pour montrer son envers, ses ombres fuligineuses, ses coutures, ses scories et ses déformations. Alors le sens ainsi entendu ne se limiterait uniquement à la seule face lisible mais appellerait, en une manière de contrepoint, l’autre, l’inconnue, la secrète, celle qui fomente à l’abri des regards les destins qui nous sont échus comme notre ressource la plus imminente.

Rien ne sert de se voiler la face. L’art en sa haute sphère ne saurait faire exception à la règle, lui dont l’une des missions les plus exaltantes est de nous révéler les multiples dimensions de la forme anthropologique et de nous en délivrer les mille facettes, les brillantes aussi bien que celles qui se replient dans leur cône d’obscurité. Dans cette belle œuvre travaillée au plus près du corps, au plus près de l’âme, Marcel Dupertuis nous convie à une « conversion du regard » : partir de la forme belle, puis par paliers successifs, en biffer les traits afin que notre curiosité piquée à vif se mette en chemin pour d’autres voies différentes de la fable ou du conte. Toujours sous les eaux cristallines de la fontaine dorment d’inquiétants génies qui ne sont, peut-être, que nos ombres portées, que les cercles concentriques du poème de Dante par lequel se laissent percevoir, en un seul empan du regard, aussi bien le Paradis que le Purgatoire ou bien l’Enfer. Nous observant dans le miroir, pensant y voir la trace brillante de notre séjour sur terre, éternels Narcisses pensant découvrir le beau en soi, peut-être n’apercevrions-nous, face à de telles œuvres, qu’une habile psyché déformante, la subtile anamorphose qui ferait de nous, aussi bien des Anges que des Démons. Ils semblent avoir partie liée. Mais de quel côté pencherait donc la balance ? De ceci nous devons faire notre permanente et profonde méditation !

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