Voici que l’angoisse

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Voici que l’angoisse se manifeste et fait son brandon écarlate dans les environs de l’âme. Avec ceci qui nous fait face nous n’avons nulle réponse à notre questionnement intime. Nous aurions souhaité un simple écho, un mince accusé de réception. Nous n’avons, en réalité, qu’un lourd silence de glaise, qu’une lointaine parole aux borborygmes éteints. Comme une lave qui ramperait dans l’illisible destin d’une terre vouée à sa propre perdition. Peut-être un soufre venu de l’enfer qui badigeonnerait tout dans une manière d’écrin de stupeur. Mais qui donc est là qui nous toise depuis son destin d’aveugle ? Car il n’y a pas d’yeux et la tête est un simple boulet de fonte hissé en haut d’une masse indistincte. Et le corps ! Y a-t-il un corps, au moins, ou bien est-ce nous qui projetons le nôtre et l’offrons en sacrifice à notre propre vision ? Ne serait-ce un miroir déformant, empli de suie, qui nous renverrait notre singulière esquisse inscrite sur les fonts baptismaux de la plus haute déréliction ? Alors on se demande que veut dire exister. On pense, encore une fois, à « La nausée », à Roquentin faisant l’expérience de la racine noire et noueuse qui rampe dans le Jardin Public de Bouville, avec sa douloureuse lourdeur d’existence, cette pâte visqueuse qui ruine le sol à seulement affirmer son irrémissible présence, sa volonté farouche de marquer notre conscience au coin de la peur, au poinçon du tragique.

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