Mon cher P.

 Vous savez fort bien manier les mots je dois l’avouer. Expert dans l’art et la manière de les agencer, je suis ébahie par tant de volubilité. Je vous sens plus à l’aise avec eux qu’entre les personnes réelles, est-ce que je me trompe ?

 Mais je me méfie car trop de mots tuent souvent leur essence, leur véritable sens, noyés et dilués dans de (fausses) pensées à moins que ce ne soit l’intention voulue. Voyez, je commence moi-même à divaguer en tous sens.

 Ah ! cette dernière danse entre vos bras a déposé un souvenir qui restera et marquera à jamais cette période de ma vie. Je parle comme si j’écrivais les mémoires d’une vieille dame, penchée sur son secrétaire et alignant les lignes en guise de testament à ces petits-enfants. Je me laisse EN-CO-RE aller à des digressions ! Incorrigible que je suis.

 Revenons à ce bal, vous m’avez fort impressionnée par votre calme, la maîtrise de vos émotions. Je me suis défendue de me noyer dans votre voix qui me susurrait tant de douceur puis je me suis gourmandée en écoutant ma raison et en me demandant si je n’étais qu’une de vos nombreuses conquêtes. Cela a eu le mérite de garder mes émotions et de tout faux pas.

 Quel drôle de mariage que voilà ! Vous êtes donc aussi libre que l’air ?

 Si je me mariais, je n’accepterais point que mon époux allât de droite et de gauche, je l’emprisonnerais dans mes bras pour le câliner afin qu’il en oublie même de se nourrir ! Mais je suis trop présomptueuse. Ce qui est certain c’est que la jalousie rongerait chacun de mes organes. Merci pour la confiance que vous me manifestez en me confiant un peu de vous.

PS 1 : Seriez-vous un petit peu jaloux mon cher P. ?

PS 2 : Ainsi vous rêvez de moi (je saute de joie en vous lisant)

                           Votre Anneh fort troublée