SEVEN

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Hey !! Je suis désolée du retard dans la publication de ce chapitre: j'ai eu un blanc d'inspiration et j'ai longtemps hésité de poster cette partie. Mais l'inspiration m'est revenue et la trame scénaristique s'est vue renforcée par ce chapitre : l'écriture de la suite découle d'elle-même !!

Enfin voilà, bonne lecture !! Bisous :3

 « Arrête !!! Tu me fais mal, là !!! »

C’est pas un peu le but d’un combat à la base ?

« Si tu voulais pas que je frappe, fallait pas accepter de combattre !

_ J’avais le droit de refuser ? Je savais pas.

_ Raah… oui, t’avais le droit Johanna, alors si tu veux pas te battre, laisse-moi ! Je vais m’entraîner avec Bobby !

_ D’accord. Essaie de te calmer sur lui alors ! »

Me calmer ?! Pourquoi ?! Je suis pas calme ?! Moi ?! Pas vraiment, non, c’est vrai ! J’y peux rien aussi si je suis énervée ! Je sais même pas pourquoi, donc… voilà ?!

Bon, pour l’instant allons frapper Bobby ! Ça me soulagera peut-être ! Ce mannequin a tellement souffert sous mes coups ! Heureusement pour lui qu’il est en… en quoi d’ailleurs ? En cuir ? En mousse ? Bonne question. En tous cas, il prend bien les coups ! Sans jamais les rendre !

Après plus de deux heures à frapper pour me vider l’esprit, je délaisse mes gants pour m’étirer et aller prendre une douche. Ça me fais rien : je suis toujours pas calme ! Je sors des vestiaires, les cheveux mouillés, le sac sur l’épaule. Johanna s’interpose entre la sortie et moi :

« Ça y est, calmée ? Tu peux m’expliquer ce qui va pas, maintenant ?

_ J’ai rien à t’expliquer. À demain. Même heure, pour l’entrainement. »

Je sors et me dirige chez moi à pieds : je vais frapper quelqu’un si je prends les transports en commun.

Sur le chemin, je croise quelques élèves de mon lycée. Minables. Ils sont tous entourés d’amis, riant comme des enfants. Les seuls dont les yeux croisent les miens, se détournent vivement de ma direction. Avec mon visage placardé partout dans l’établissement, ils me connaissent tous, moi et ma mauvaise réputation. Si bien que personne n’ose me regarder en face… Minable.

« Eh, mademoiselle ! »

Je me fais héler en pleine rue comme un serveur au restaurant : je suis pas au boulot putain, laissez-moi tranquille !

Je me retourne et pose mon regard sur un gamin de quoi ? 12 ans ?

« C’est tombé de votre sac. »

Il me tend une main vide. Et agrippe mon bras. Je reste clouée sur place de surprise et d’incompréhension. Il ne me relâche que lorsque des bras viennent m’emprisonner par l’arrière. Mon cœur s’accélère. Merde…

« Salut, toi. Ça f’sait un bail, non ? »

Cette voix… Je tourne la tête du mieux que je peux et le voit. Ce mec… Il me surpasse de toute sa hauteur, le sourire aux lèvres. Il a toujours ce même sourire dégueulasse… Seven… 5 ans à pas voir sa gueule, c’était bien.

« Ouais, et c’était mieux comme ça.

_ Toujours c’tact, dit-il en pouffant de rire.

_ Oui, et ça va pas changer.

_ Tant mieux ! T’es parfaite comme ça !

_ Tu me veux quoi ? »

Je vais le tuer. Je vais le tuer. Je vais le tuer ! Faut vraiment que je me retienne. Il me répond avec un sourire malsain :

« On peut en discuter chez moi, ce s’ra plus simple.

_ Non. Explique-moi maintenant.

_ J’ t’ai pas demandé ton avis. »

Il relâche son étreinte, attrape mon sac tombé au sol et le passe sur son épaule. Il tient ma main, puis me montre le chemin du doigt. Je suis son indication : je préfère le défoncer dans un endroit plus calme.

 Nous marchons près de dix minutes, nous dirigeant doucement hors du centre-ville pour rejoindre le quartier huppé. Ce gros salopard loge ici depuis des années.

« Tu connais le chemin, à ce que je vois. Les habitudes n’s’oublient pas si facilement !

_ Ta gueule.

_ Oh, j’ai dit que’que chose de mal ?

_ …

_ Je sais qu’t’adores c’t’endroit, alors quoi de mieux pour parler ? »

J’adore cet endroit… bien sûr !!! C’est ici qu’elle habitait alors, non, je n’aime pas forcément revenir dans ce quartier. Même si, j’y ai quelques bons souvenirs…

« Tu veux faire partie de mon gang ?

_ Vous êtes déjà nombreux ?

_ Que toi et moi pour l’instant.

_ Oh là, doucement, j’ai pas dit que j’acceptais !

_ Ça te tente si peu ?

_ …non.

_ Alors tu acceptes ?

_ …oui ! »


 Le bon vieux temps… Ça remonte déjà à loin… Dire qu’on était que deux au début… On formait le Duo Infernal… Les deux piliers du gang à venir…

Nous pénétrons dans un bâtiment luxueux. Tout brille à l’intérieur. Du sol au plafond. Tout est fait pour en jeter. Les nombreuses lumières et couleurs… Parfait. Selon eux. J’exècre ce luxe, ça me met hors de moi : dépenser tant d’argent pour se vanter.

Nous traversons le hall dallé et nous arrêtons devant les ascenseurs. Un homme nous prend en charge.

« Madame. Monsieur.

_ 7ème étage. »

Il se penche vers moi et me chuchote :

« Ton chiffre préféré, mon cœur. »

Il s’éloigne de mon visage et m’adresse ce même sourire horrible. Je reste de marbre. Je vais le buter.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent. Nous descendons. Nous marchons à travers le couloir aussi luxueux que le hall d’entrée et nous arrêtons devant l’appartement n°777. Je le hais. Je le hais. Je le hais ! Ce sept est fait pour me hanter, et il en joue !

Il m’ouvre la porte et me force à entrer. Luxe, lumières, couleurs… c’est écœurant. Il dépose mon sac dans le vestibule et se déchausse.

« Parfait c’t’endroit, non ?

_ Non.

_ Je sais qu’t’adores.

_ Non. »

Je reste debout dans la pièce tandis qu’il retire son manteau. Il insiste pour que je fasse de même. J’obéis : il va me falloir une certaine liberté de mouvement si je veux le frapper.

« Et maintenant ?

_ …tu te doutes de la suite. Approche-toi. »

***


Je reste la journée perdu dans mes pensées. Je n’adresse la parole à personne. Je ne veux pas parler. Je me suis tellement senti faible hier. Je me hais. Je déteste être faible. Je dois me renforcer. J’irai à l’entrainement après les cours, ça pourra peut-être m’aider.

La matinée passe rapidement : j’écoute et écris les choses inintéressantes que les professeurs nous dictent. Je n’ai rien de mieux à faire. Vient la pause de midi. Une horreur : Augustin décide de mettre au courant nos amis sur ce qui s’est passé la veille, espérant sûrement des explications de ma part. Je ne réponds à aucune de leurs questions. L’après-midi se déroule comme la matinée. Puis c’est la fin des cours.

18h. Je quitte le lycée et passe chez moi chercher mes affaires pour l’entrainement de ce soir. Alors que je sors de mon appartement, le téléphone sonne. Je referme la porte et m’approche du combiné : un numéro de portable ? Je ne préfère pas décrocher : je ne connais pas. Puis, une pensée me vient en tête : et si c’était elle ? Autant décrocher pour être fixé.

« Allô ? »

***


 Je m’approche de lui. Il m’ouvre ses bras. J’avance un peu plus et soudainement lui assène un coup de genou dans ses parties. Il se plie en deux au sol. Je m’écarte vivement de lui, tandis qu’il se relève en quelques secondes. Toujours aussi rapide. Il coure vers moi, les poings levés.

Je pare son direct du gauche et encaisse un coup de genou au flanc. Je surmonte la douleur et lui envoie un uppercut en plein visage. Il s’écarte de quelques pas, la bouche en sang : il s’est mordu la langue. Il repart à la charge en me faisant une balayette que je ne peux éviter.

Je me retrouve allongée par terre. Il pose violemment son pied sur mon ventre pour me tenir au sol et s’approche de moi pour me frapper au visage. Je me débats. Je plante mes dents dans son avant-bras, à ma gauche. Il hurle de douleur et relâche la pression sur mon ventre.

J’en profite pour fuir. Je me dirige à toute vitesse vers la sortie, mais il me rattrape. Il me pousse brutalement à travers une porte ouverte : j’atterri sur le sol de la cuisine. Je me relève rapidement et lui fais face.

Il attrape un couteau sur le plan de travail à ses côtés. Je regarde autour de moi, à la recherche d’un objet pour contrer son arme. Je m’affole : il n’y a rien. Je retrouve mon calme et serre les poings.

Je t’attends, connard. Il me regarde un immense sourire malsain sur les lèvres.

« J’voulais pas qu’ça s’termine comme ça, mais bon… Tu m’laisse pas le choix.

_ Approche, salaud ! »

Il hurle et se précipite sur moi. J’attends. Je vois sa lame arriver.

30 centimètres. 20. 10. 5. Maintenant. Je mets toute mon énergie dans mon poing droit. Je le touche brutalement à la tête. Il me regarde quelques instants, sonné, puis s’effondre au sol. Je souris faiblement.

Une douleur au flanc gauche me fait grimacer. Je vois mon sang couler le long du manche du couteau ; tomber lentement au sol ; créer doucement une flaque à mes pieds. Il m’a pas ratée ce salopard.

J’enlève difficilement la lame enfoncée dans mon corps et appuie sur ma blessure, tandis que mon sang continue de s’écouler. Faut que je me fasse soigner, sinon je vais me vider.

Je me dirige difficilement vers le vestibule, et cherche mon manteau. Il y a un hôpital pas très loin, je vais y aller vite fait. Je me chausse rapidement et sors de l’appartement. Je n’attends pas l’ascenseur et prends les escaliers. Je dévale les marches, mon corps endolori. Ça fait tellement mal cette connerie !

Je traverse le hall, sous le regard médusé de certains résidents : je suis en train de salir leur sol brillant avec mon sang.

J’arrive dans la rue. La tête commence à me tourner… Il faut que je me dépêche.

Je ne suis pas encore à la moitié du chemin, titubant sur le trottoir, que mes jambes s’effondrent sous moi. Je reste au sol quelques instants pour reprendre mon souffle et me relève.

Une dizaine de mètres plus loin, je tombe de nouveau. Je répète l’opération autant de fois que mes jambes me le permettent. A bout de souffle, je me résigne à contre cœur, m’éloignant de ma fierté et de mon idéal de femme forte : mon état s’empire. J’attrape mon portable dans ma poche. Mon regard est flou. Je compose ce numéro enfoui dans ma mémoire.

« Allô ?

_ J’ai…besoin…de…ton…aide…

_ Rachel ? Qu’est-ce qui se passe ? Où es-tu ? Tu…

_ Panique…pas…

_ …Oui. Pardon.

_ Je…suis…dans…l’artère…principale… Près…du…quartier…riche… Faut…que…j’aille…à…l’…hôpital… Je…peux…pas…marcher. »

Je prononce ces mots à contre cœur. Je me dégoute moi-même par mon état pitoyable. Tellement pitoyable, que je dois appeler à l’aide… Il continue :

« J’arrive tout de suite. Raccroche pas d’accord, restes avec moi ! Parle-moi, s’il-te-plaît !

_ O-oui… »

***


Qu’est-ce qu’elle s’est fait ? Ça fait une minute qu’elle a arrêté de parler. Je n’entends plus que son souffle. Et celui-ci est irrégulier… Je prie pour qu’elle tienne le coup, je suis bientôt là. Je coure à toute vitesse dans les rues. Je coure le téléphone collé sur l’oreille, lui hurlant de rester avec moi, de rester consciente. Je coure sans souffle, mon corps est en panique totale. Il faut que je la retrouve, et vite !

Je la vois enfin, au sol, une flaque de sang autour d’elle… oh non… Je coure encore plus vite pour la rejoindre. Elle a les yeux à demi ouverts.

« Sa-salut…

_ Je t’emmène à l’hôpital. Tiens le coup, s’il-te-plaît ! »

Je la soulève, puisant la force au plus profond de moi. C’est une chance pour moi qu’elle ne soit pas très lourde ! Je marche le plus rapidement que je peux vers le centre hospitalier le plus proche. Je lui parle durant tout le trajet, la priant de rester éveillée. Elle lutte contre le sommeil si tentant pendant les cinq minutes qu’il me faut pour atteindre les urgences.

J’entre en trombe dans l’établissement, hurlant à l’aide. Il lui faut un médecin immédiatement.

Les infirmiers me regardent, les yeux grand ouverts, puis deux d’entre eux s’approchent rapidement de nous et la prenne en charge. Il l’allonge sur un brancard et l’emmène au plus vite à travers les couloirs. Je les suis.

On lui apporte un masque à oxygène ; on appuie sur sa blessure pour stopper l’hémorragie ; on me pose des questions : son nom, son âge, son groupe sanguin… Je ne peux pas leur répondre ! Je ne sais pas ! Je panique encore plus.

« A…A+… »

Elle chuchote cela, en ouvrant les yeux. Elle me regarde et essaie de me sourire. La douleur la rattrape et lui fait de nouveau fermer les yeux. J’agrippe sa main, tentant de l’accompagner…et de me rassurer.

Puis arrive ce qui devait arriver : nous atteignons l’aile opératoire du bâtiment. Je dois la laisser partir. Je dois lâcher sa main. Je ne veux pas. Les infirmiers me retiennent tandis que je me débats pour rester à ses côtés. Ils gagnent. Je la vois s’éloigner derrière une porte. Je veux me relever mais je m’effondre au sol.

J’ai un peu trop forcé, je crois. Tant pis : j’ai réussi à l’amener en vie, c’est le principal. Je n’ai plus qu’à prier pour qu’elle en ressorte vivante.

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