Re-naissance

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Depuis cette nuit mon trouble est constant. Les discussions autour de moi me parviennent dans un brouillard, en bruit de fond, sans susciter mon intérêt. Pour l’instant cela a l’air de passer inaperçu. Il faut dire que les préparatifs des noces à venir demeurent le fruit de toutes les attentions.

Jamais je n’aurai cru cela possible et pourtant c’est arrivé ; je crois avoir trouvé l’amour. Je ne l’ai pas encore revu. Mais la crainte de devoir croiser son regard fait naître en moi, un curieux sentiment de culpabilité, d’impatience et d’excitation.

Dire qu’il aura fallu attendre trente-trois ans pour que je me rende compte que je suis passé à côté de ma vie amoureuse !

Et tout ça pourquoi ? Pour qui ?

Peut-être l’ais-je toujours su, sans avoir jamais osé me l’avouer. En y regardant de plus près et pour peu que l’on demeure un tantinet « ouvert », large d’esprit, certains signes auraient pu présager de ce qui m’arrive aujourd’hui.

Je ne cherche à accabler personne et surtout pas mes parents. Petit dernier d’une fratrie exclusivement masculine, mes préférences ludiques, artistiques ou sportives ont toujours été tournées en dérision. Et pour cause !

Vous avouerez que faire le choix de la pratique rugbystique quand on est plutôt mince, pas très grand, voir chétif selon certains, était un pari osé, auquel je n’ai jamais cru malgré les convictions et les attentes paternelles.

Mais bon, comme aime le faire remarquer mon père ainsi que mes frères ainés :

- On est des mecs, ou pas !?

Bien sûr, me conformant à cette éthique familiale je n’ai pas eu d’autres alternatives que de garder au fond de moi comme un manque, tant j’essayais de ressembler à mes frangins. Je me suis obstiné à entretenir des relations pour la façade, la galerie et entretenir ainsi l’illusion d’une vie pleinement épanouie. Mes trop nombreuses conquêtes féminines me rassuraient. Ces diverses et distrayantes expériences n’ont certes, pas manqué d’intérêts, jusqu’à hier.

Mais ce matin tout est différent ; mes certitudes ont volé en éclats. Comme je l’ai souvent été dans ma vie, je ne suis plus sûr de rien. Mais là, il va falloir que je me bouge et s’il doit y avoir qu’une question à se poser, c’est bien celle-là : est-ce que je l’aime ?

A une semaine du mariage, je suis submergé par une déferlante de sentiments contradictoires et pour la première fois j’ai la sensation d’exister, d’être enfin en accord avec moi-même. Une véritable « re-naissance ». Il est temps d’être honnête avec moi-même ; toute cette journée je n’ai pensé qu’à lui. Et si la vie l’a placé sur mon chemin à ce moment précis, ce n’est pas pour rien !

Je mérite enfin de connaître le vrai bonheur, le véritable amour et je suis résolu à ne pas le laisser s’échapper.

C’est la raison pour laquelle je ne peux lui expliquer la vue de ce corps musclé, tanné par un surplus de soleil trouvé dans des contrées exotiques, qui me semblait offert dans notre canapé-lit, déplié pour l’occasion dans le salon. Je ne peux pas lui dire qu’en passant près de lui pour rejoindre la salle de bains son bras viril s’est emparé de ma main sans aucune espèce de résistance de ma part. Que ses longs baisers langoureux avaient bien un discret goût d’interdit mais que leurs parfums tropicaux ont eu raison de mes dernières réticences.

Je dois lui confesser que ce que je préfère chez elle, c’est son frère.

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