Evoquer ce seul mot
Evoquer ce seul mot, "érotique", et déjà nos sens sont en alerte, et déjà nous frémissons pareillement au jeune chiot retrouvant, au bout de sa truffe humide, les mamelles ruisselantes de lait de Celle qui lui donna vie, lui conféra existence parmi la grande meute canine. Car, à défaut d'érotisme, n'en déplaise aux cagots et aux obséquieux, ni le cabot, ni l'Ecriveur-impénitent ne seraient là à dresser, devant vous, l'étendard de l'orgueil à nul autre pareil : être et savoir que l'on est. Mais, il est de bon ton de trouver érotisme partout, même là où celui-ci ne saurait paraître : dans la petite minauderie télévisuelle; dans la marque parfumée pour intérieur bourgeois; dans la chambre d'hôtel luxueuse avec vue sur palmiers.
Ici, l'on reconnaîtra qu'il ne s'agit que d'un érotisme de pacotille, lequel confond l'enveloppe avec la petite friandise qui s'y dissimule. Jamais chambre ne pourrait appareiller vers les somptueux rivages de la volupté, si cette dernière, la chambre, ne dissimulait deux âmes enlacées pareillement aux promesses et étourdissements du "Lai du chèvrefeuille". Car, à défaut de baguette de noisetier, son amour, il faut bien le graver quelque part, afin que l'Aimé, l'Aimée, l'apercevant, puissent aussitôt, mis en alerte, convoquer la grande cohorte des sentiments. Car, si l'érotisme présente quelque vertu, c'est bien d'assembler deux êtres dont le destin doit aboutir à une symbiose, à une fusion des affinités dans un même creuset.
Annotations
Versions